▪ C’est à grande vitesse que nous nous sommes ridiculisés ces derniers jours. Mercredi dernier, nous conjecturions que la production pétrolière libyenne avait baissé de 75% par rapport à la normale.
Jeudi, nous apprenions que ce chiffre avait déjà baissé à 25% de la capacité. Les estimations de production proviennent du P.D-G du géant pétrolier italien Eni, le plus important producteur étranger en Libye.
Une chute à 25% de la capacité… et le « chien fou du Moyen-Orient » n’a même pas encore mis à exécution sa menace de faire sauter les pipe-lines du pays vers la Méditerranée. Et ainsi, le West Texas Intermediate a dépassé la barre des cent dollars.
Un « responsable saoudien » s’exprimant sous le couvert de l’anonymat à Bloombergse veut rassurant : « il n’y a pas d’inquiétude à avoir. L’Arabie Saoudite et l’OPEP ne permettront pas qu’une pénurie s’installe » parce qu’ils peuvent « compenser toute perte de production du pétrole libyen dès que les entreprises nous le demanderont ».
Apparemment, nous sommes supposés oublier la révélation de WikiLeaks datant d’il y a un peu plus de deux semaines selon laquelle les réserves de l’Arabie Saoudite pourraient être 40% inférieures à ce qui est annoncé. De même, nous sommes supposés oublier que les « surplus de capacité » tant vantés par les Saoudiens n’ont jamais semblé entrer en ligne de compte lorsque le pétrole a explosé à la hausse, passant de 25 $ à 147 $ entre 2003 et 2008.
▪ En outre, les quelque 6 000 princes Saoudiens ont des sujets de préoccupations bien plus importants en ce moment.
Après un séjour de trois mois à l’étranger pour des « soins médicaux » non précisés, le roi Abdallah d’Arabie Saoudite, octogénaire, vient juste de rentrer chez lui dans l’espoir d’éviter le destin qui a déjà fait chuter Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte.
Il a dévoilé un programme de relance à la sauce saoudienne d’une valeur de 36 milliards de dollars comprenant :
– une augmentation de 15% du salaire des fonctionnaires ;
– une grâce pour les prisonniers incarcérés pour défaut de remboursement de dette ;
– des aides supplémentaires pour les étudiants et les chômeurs — le taux de chômage officiel est de 10%.
Ce n’est pas suffisant pour certains jeunes Saoudiens branchés qui utilisent Facebook pour organiser « un jour de colère », le 11 mars prochain. « Nous voulons des droits, pas des cadeaux », peut-on lire sur Twitter.
Dans ce contexte nouveau et volatil, nous nous sentons obligés d’énoncer deux faits historiques : la Maison des Saoud suit l’islam sunnite. Les champs pétroliers du pays sont principalement occupés par des chiites. Un fossé divise les deux factions depuis 1 354 ans.
Voilà ce qui constitue le centre du scénario de nouvelle guerre avec un baril de pétrole à 220 $, imaginé par Byron King de la lettre d’information Outstanding Investments. Le Japonais Nomura Securities table exactement sur ce prix si la production est arrêtée en Libye et en Algérie. C’est déjà pratiquement le cas en Libye.