▪ Comme le savent les lecteurs de longue date, nous sommes un connaisseur, en matière de désastres. Tout comme certaines personnes ont le palais sensible à tout ce qui concerne l’oenologie… nous avons le nez pour les désastres. Oui, nous sommes le Robert Parker des catastrophes. Nous en avons goûté des centaines de variétés. Nous les faisons rouler dans notre esprit et détectons les subtiles différences. Nous nous souvenons des plus infimes nuances. Et nous pouvons en sentir une approcher à des kilomètres.
On pourrait résumer ça de la manière suivante :
Il y a un nombre infini d’inconnues connues et d’inconnues inconnues — et n’importe laquelle d’entre elles pourrait causer un désastre.
De bien des manières, nous sommes plus vulnérables à un désastre aujourd’hui qu’à tout autre moment de l’histoire humaine.
Qu’est-ce qui pourrait causer un désastre majeur ? La météo… la guerre… la maladie… la famine — les Cavaliers de l’Apocalypse sont encore parmi nous, de toute évidence. Et désormais, ils ont des iPhones en main.
Imaginez quelques étés plus froids que d’ordinaire dans l’hémisphère nord… et des sécheresses en Australie et en Amérique du sud, les seuls producteurs agricoles de bonne taille au sud de l’équateur. Cela pourrait aisément réduire la production alimentaire de 10%. Les réserves fondraient rapidement. Que mangeraient les gens ? Là, nous soulignons une évidence : il y a beaucoup plus de gens aujourd’hui qu’autrefois.
Pour un récent exemple de désastre majeur, regardez ce qui s’est passé en France en 1940. Les Allemands ont envahi le pays, mis l’armée française en déroute et le chaos s’est installé. Tous ceux qui le pouvaient sont partis vers le sud, pour échapper aux envahisseurs.
Ce fut un désastre politique et militaire. Ce fut un bouleversement social. Mais ça n’a pas causé des millions de morts civiles. Parce que 70% des Français vivaient encore dans des fermes ; ils avaient un "filet de sécurité" qui fonctionnait. Il n’y avait pas d’Etat-Providence très étendu ; les gens étaient encore habitués à se débrouiller par eux-mêmes. Ils stockaient du blé et des pommes de terre. Ils savaient comment cultiver un potager… et même s’ils vivaient en ville, ils avaient généralement des connaissances à la campagne.
Pendant des milliers d’années, ils s’étaient accoutumés à se protéger des famines |
Pendant des milliers d’années, ils s’étaient accoutumés à se protéger des famines. Vaches, moutons, chevaux… tous pouvaient être transformés en dîner. In extremis, il pouvait en aller de même pour les animaux de compagnie, les rats et les pigeons. Les Français se rappelaient encore le siège de Paris en 1870, quand les restaurants servaient du chat et du chien ainsi que des animaux du zoo. Les côtelettes de chien aux petits pois étaient un des plats favoris de l’époque.
▪ Les choses ont bien changé
De nos jours, dans les pays développés, la plupart des gens vivent dans de vastes conglomérats urbanisés. Ils n’ont que quelques jours de nourriture dans leurs placards. Pour en avoir plus, ils dépendent d’un vaste système, complexe et délicat, de rayonnages remplis selon le système du "juste-à-temps". Cela dépend bien entendu à son tour d’un certain nombre de choses… dont chacune pourrait rendre le système tout entier inopérant.
D’abord, il doit y avoir assez de nourriture produite pour nourrir la population mondiale. Il y a sept milliards de personnes sur la planète Terre aujourd’hui… soit le double de ce qu’il y avait en 1940. Et la production alimentaire mondiale suffit tout juste à les nourrir. Selon la comptabilité la plus élémentaire, si la production alimentaire déclinait de 10%, jusqu’à 70 millions de personnes pourraient mourir de faim. De plus, la nourriture n’est plus là où les gens en ont besoin. Elle ne dépend pas de petites fermes disséminées dans la campagne environnante. Elle est cultivée dans les grandes exploitations… qui se trouvent souvent à un continent des gens qui la consommeront.
Une grosse onde électro-magnétique suffirait à faire sauter les plombs, interrompant l’électricité et les communications électroniques |
Le carburant est vital. Et comme l’expliquait Gary North lors du compte-à-rebours vers le non-événement du bug de l’an 2000, le système de transport est régulé et contrôlé par des ordinateurs, eux-mêmes vulnérables à leurs propres désastres. Selon les experts, une grosse onde électro-magnétique suffirait à faire sauter les plombs, interrompant l’électricité et les communications électroniques pendant six mois.
Il y a 14 ans, le Dr North avait calculé qu’un tel shutdown pourrait faire des millions de morts. Le désastre pourrait être encore plus vaste aujourd’hui. Une panne de l’internet — ou des systèmes informatiques qui font fonctionner les cartes de crédit et les distributeurs automatiques — laisserait par exemple 320 millions d’Américains sans médicaments, errant dans des centres commerciaux sombres et froids… incapables de fonctionner… et sans aucun moyen d’obtenir de l’argent ou d’en dépenser.
Rappelez-vous que notre système monétaire actuel n’est plus basé ni sur des pièces ni sur du papier-monnaie. C’est un système de crédit dépendant des transactions électroniques pour suivre qui doit quoi à qui. Si le système électronique s’effondre… il en va de même pour l’économie. Nos institutions "filet de sécurité" s’effondreront alors aussi. Ceux qui en dépendent n’ont généralement pas d’épargne, pas de réserves de nourriture ou de médicaments, pas de jardins, pas d’essence. En quelques heures, ils seront au pied du mur.
Lorsque la devise perd sa valeur, toute l’économie part en lambeaux |
Et bien entendu… il y a la devise elle-même. Comme on l’a récemment vu au Zimbabwe, lorsque la devise perd sa valeur, toute l’économie part en lambeaux. Les travailleurs ne bossent pas pour rien. Les producteurs ne produisent pas. Les conducteurs ne conduisent pas. Les rayons du supermarché, qui ployaient sous l’accumulation de produits en provenance du monde entier, sont soudains entièrement vides.
C’est à ce moment-là que nous serons ravis de constater que Fido et Minouchette sont bien dodus !
4 commentaires
Vision sans doute un peu trop appocalyptique, cher Bill Bonner. Btw, ce ne sont pas 70, mais 700 millions de personnes qui mourraient en cas de baisse de 10% de la production de nourriture, selon votre raisonnement. Ceci dit, nombre d’entre nous pourraient sans inconvénient baisser de 10% – voire beaucoup plus – leur régime alimentaire sans inconvénient majeur, bien au contraire… 🙂
Cet article , j’aurais aimé l’écrire … je n’aurais pas changé une virgule…!
Pourtant…je le prévoir …bien pire…!
J’observe l’éducation des enfants…
Le moindre effort leur est évité….la moindre responsabilité…la moindre prise en charge par eux même ne leur est demandée… On leur laisse croire jusqu’à l’université qu’un beau diplôme délivré sans contrôle…sur des sujets coupés de toute réalité…ils seront armés…pour attaquer…les dures réalité de la concurrence…!
En plus les parents de plus en plus immatures…font de plus en plus d’enfants…grâce à l’assistanat total , allocs. de logement , allocs. familiales…allocs. scolaires…R S A… plus aides pour l’électricité , le chauffage dans certains cas…etc…
Ils n’auront même plus les structure mentales pour survivre…
Fido et Minouchette sont [encore]dodus !
Quel talent ce Bill ! Son livre sort quand? Vous en parlerez à temps, bien sûr…
Il y a quelques années , au début de la multiplication des lettres gratuites, j’avais réunis des articles qui prétendaient expliquer le phénomène et le modèle économique sur lequel les lettres étaient basées.
J’avais ajouté à cela, quelques idées personnelles.En voici une autre :
Pour jouer les Cassandre, il faut être « gratuit »!
Pur bon sens : qui achèterait la collection complète des décorticages de la machine infernale qui nous transporte vers un prochain néant?
Et encore une autre :
Quand on a du talent pour ne pas faire fuir ses lecteurs gratuits, on peut aussi leur vendre des recettes qui leur permettront d’échapper au sort promis aux masses ignorantes et imprévoyantes.
Monsieur Bonner réussi très bien à nous parler de ce qui va venir…brrrr !
Et je gage que Agora Inc. finit le job, tout aussi bien.
En tous cas je leur souhaite, car si Bill ne décrit pas mieux l’enfer qu’un tableau de J. Boch, ou que le tympan de nos merveilleuses églises romanes, il a vraiment plus d’humour !
Il est peu probable qu’un désastre « non planifié », arrive suite à une baisse naturelle de la production alimentaire, la théorie de l’article ne prend pas compte la possibilité des Hommes à adapter leurs comportements, il y a 1/3 de la production alimentaire mondiale qui est inutilisée et « gaspillée » (750 milliards de $ de denrées).
Le grand désastre proviendra plus probablement de la guerre (quand le rapport investissement-bénéfice sera assez rentable et stratégiquement utile à moyen-long terme).
Mais le désastre on le vit déjà: d’un côté des pays « pauvres » qui parviennent pas ou peu à se nourrir, de l’autre côté les pays développés avec l’asservissement de la population au crédit-travail-médias pour le plus grand bonheur des élites qui ont bien compris comment enchaîner les Hommes.
On vit un esclavage moderne où chacun s’imagine être « libre » dans ce système d’argent virtuel, avec des emplois sous payés pour la majorité, ce qui oblige à prendre des crédits pour payer ensuite des biens surévalués (la preuve en est l’augmentation des bénéfices records des multinationales), les riches plus riches, les pauvres plus pauvres, plus dociles, les médias contribuant fortement à cette docilité en berçant les population d’une illusion démocratique qui n’existe plus, si tenté qu’elle ait existé un jour.
Il ne peut exister de démocratie avec une pareille distribution des richesses mondiales:
moins de 1% de la population mondiale détient près de 50% de la richesse mondiale (et 8% détient 83% de la richesse mondiale) ! Mais c’est chiffres sous estiment la richesses mondiale car le Shadow banking (finance de l’ombre) échappe à tout contrôle et est difficile à évaluer…
Quand on sait que les médias appartiennent à ces 1% de la population, on comprend la suite…
Le système financier incontrôlé (dans ses excès) écrase les peuples et accélère d’une manière exponentielle intenable, une fuite en avant, avant l’implosion du système…mais quand ?
La chute déjà programmée du $ pourrait être le déclencheur et la cause d’une prochaine guerre: la dette américaine ne pourra pas monter indéfiniment à ce rythme et ils devront bien admettre le défaut de paiement le jour où de grandes puissances montantes s’allieront pour ne plus utiliser le $ afin de ne pas tomber avec eux…, la Chine et la Russie préparent déjà cela (Kadhafi avait souhaité créer une banque centrale africaine pour ne plus dépendre du $ et du franc CFA en Afrique, il en a été empêché par nos chères démocraties pleines de « générosité humanitaire » pour le peuple libyen, d’ailleurs qu’en est-il des fonds libyens estimés à 500 Mds $ retenus en Europe et aux USA…? C’était probablement le prix à payer pour recevoir la « liberté »…quel liberté ! Lire Marcel Ceccaldi sur le sujet), autre alternative: la stratégie du chaos (comme pratiquée en Lybie, moyen Orient, Afrique), la guerre pour créer une gouvernance mondiale (scénario qui sembler déjà sur la feuille de route de l’OTAN qui agit sans accord de l’ONU, car scénario le plus rentable…, mais attention: parler de cela est aujourd’hui décrédibilisé par nos chères médias et politiques car intentionnellement et habilement assimilé à la théorie du complot et par extension aux illuminatis, c’est effectivement très habile de créer contre soi une théorie farfelue afin de décrédibiliser les idées contraires en les taxant de « complotistes », les politiciens l’ont bien compris !).
On vit une époque « formidable » et très riche en enseignements…
Plutôt que Fido et Minouchette, pensez à plus long terme, préférez plutôt un couple de lapins très reproducteur, promesse de nombreux civets…, mais pour la majorité il faudra malheureusement se contenter de souris et de rats qui se reproduisent également très vite, il faudra apprendre à aimer, avec quelques épices, quelques frites, ce sera le repas du dimanche ou de fête, les enfants s’en lécheront les doigts !
L’espèce humaine s’adaptera, comme elle l’a toujours fait et le système reviendra à une époque de grande consommation à nouveau…