Vous voilà actionnaire — probablement malgré vous — d’Alstom. Arnaud Montebourg nous a expliqué que "l’Etat investissait" en prenant 20% de cette entreprise. L’Etat, c’est-à-dire nous.
Il me semble que c’est une erreur. Si nous avions voulu investir dans Alstom, nous l’aurions fait nous-même sans avoir besoin de M. Montebourg — dont par ailleurs la déclaration de patrimoine montre qu’il n’a aucune expérience d’investissement. Arnaud Montebourg ne possède aucune valeur cotée en Bourse, aucune action d’entreprise non cotée, même pas d’assurance-vie et seulement 330 420 euros de liquidités réparties dans trois banques : Caisse d’Epargne, Crédit du Nord et Crédit coopératif.
En réalité, l’Etat dépense de l’argent qui ne lui appartient pas mais n’investit pas |
Si Arnaud Montebourg est un investisseur dont la nullité de l’expérience laisse songeur, les capacités de l’Etat en tant qu’investisseur ne laissent planer aucun doute. Depuis 2008, avec un euro d’emprunt la France achète 0,5 euro de "croissance". N’importe quel chef d’entreprise qui s’endetterait d’un euro pour gagner seulement 0,5 euro de chiffres d’affaires ne survivrait pas. En réalité, l’Etat dépense de l’argent qui ne lui appartient pas mais n’investit pas.
▪ Ce que nous faisons lorsque nous investissons
Nous épargnons, c’est-à-dire que nous nous privons d’une jouissance immédiate et que nous nous astreignons à dépenser moins que nos rentrées. Ce n’est pas le cas de l’Etat français dont le déficit montre qu’il est incapable d’ajuster son train de vie à ses rentrées.
Nous choisissons. En effet, nous pourrions, tout comme M. Montebourg, laisser notre argent en liquidités réparties plus ou moins judicieusement dans plusieurs banques pour plus de sécurité. Mais non, avant d’investir, nous allons choisir une forme (fonds, action, obligation d’entreprise, part de société non cotée…) et un secteur d’activité au vu d’informations publiques, de notre expérience concrète du terrain. Nous choisissons des investissements dont nous soupesons soigneusement la rentabilité passée, présente et future.
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Nous réfléchissons, nos investissements ne sont pas dictés par une urgence.
Nous nous engageons, vraiment. Beaucoup de conseilleurs ne sont pas les payeurs mais un investisseur est toujours un payeur.
Nous suivons notre investissement car c’est notre épargne, notre argent. Aucun contribuable ne viendra à notre secours pour combler nos pertes. Nous serons là lorsqu’il faudra faire les comptes et vérifier si la rentabilité que nous attendions s’est bien matérialisée.
Nous apprenons, car nous ne sommes pas infaillibles et nos erreurs nous coûtent cher mais elles ne coûtent qu’à nous-même et pas aux autres.
Nous profitons, enfin, des miettes que vous voulez bien nous laisser, Messieurs Montebourg et Moscovici, après avoir prélevé vos impôts et taxes.
▪ Les torchons ne sont pas des serviettes
Vous voyez bien qu’il y a d’énormes différences entre ce que nos gouvernants appellent "investir" et ce que nous faisons lorsque nous investissons.
N’appelez pas votre capitalisme de copinage "investissement". C’est insultant pour nous |
Ne mélangeons donc pas les torchons et les serviettes. Monsieur Montebourg, ayez au moins l’honnêteté d’avouer qu’en prenant une participation dans Alstom vous ménagez tel ou tel groupe d’électeurs ou tel ou tel lobby. Mais n’appelez pas votre capitalisme de copinage "investissement". C’est insultant pour nous.
Nous voilà donc actionnaires d’Alstom. Attendons-nous à n’importe quoi, comme pour EDF qui perd quatre milliards d’euros de capitalisation parce que c’est l’Etat qui dicte les tarifs de l’électricité et décide des prix. Il est bon de se souvenir qu’investir le plus loin possible de l’Etat (actions comme obligations) est en ce moment une sage précaution.
Messieurs Montebourg & co, ne travestissez pas les mots. Si l’Etat actionnaire avisé nous enrichissait de ses dividendes, depuis le temps, ça se saurait ! Laissez-nous épargner et investir, ne faites pas mal à notre place ce que nous pouvons faire nous-même.