▪ Certaines dettes publiques sont insoutenables et non remboursables. C’est le cas, par exemple, de la dette publique française. L’Etat français le sait et envisagera toutes les solutions pour gagner du temps : répression financière, nationalisation de l’épargne privée et donc fiscalité de l’épargne de plus en plus confiscatoire. Il a été encouragé sur ce dernier point par les institutions les plus crédibles et les plus respectables : le Fonds monétaire international il y a trois mois et la Bundesbank fin janvier.
Selon la banque centrale d’Allemagne, la mise en place d’une flat tax sur le patrimoine privé pourrait venir au secours de l’endettement public. Eh oui, à défaut d’une croissance — qui ne se décrète pas et qui surtout ne se fabrique pas par de la création monétaire –, il faudrait plus que la rigueur budgétaire et des programmes de privatisation pour terrasser l’endettement public.
▪ Les deux arguments de la Buba
La Bundesbank (Buba) voit deux avantages à cette proposition iconoclaste :
– Une taxe sur le patrimoine va transférer de la richesse du secteur privé au secteur public (quel surprenant avantage) "de manière à réduire assez vite et de manière significative la dette publique" et va "restaurer plus vite la confiance dans la capacité d’un Etat à assurer le service de la dette".
Cette vision est statique et assez caricaturale selon nous. En effet, les créateurs de richesse du secteur privé seront asphyxiés et les recettes fiscales rentreront de moins en moins dans les caisses des Etats. Dans le même temps, si le secteur public qui ne crée pas de richesses ne fait pas le ménage dans ses dépenses improductives, la spirale de l’endettement repartira de plus belle.
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LE BOOM DONT PERSONNE NE PARLE
Alors que les médias et le grand public restent obsédés par la crise économique, ce phénomène pourrait faire grimper trois secteurs bien précis… et rapporter des gains potentiels à deux ou trois chiffres.
Continuez votre lecture pour tout savoir…
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– Second prétendu avantage aux yeux de la Buba (qui nous avait quand même habitués à mieux en termes de lucidité macro-économique) : une diminution de l’endettement public ferait baisser le coût de refinancement des Etats aujourd’hui considérés comme moins vertueux — ce qui diminuerait, toutes choses égales par ailleurs, la pression fiscale dans ces pays.
Encore faut-il que les marchés financiers qui prêtent soient persuadés que le ré-endettement public ne va pas repartir. C’est un peu le principe de la neutralité ricardienne (en référence à David Ricardo, grand économiste classique du début du 19ème siècle) qui évalue les effets de l’austérité budgétaire sur l’économie : une politique de baisse des dépenses publiques est souvent plus efficace pour l’économie qu’une politique basée sur les hausses d’impôts car les ménages désépargnent et consomment sachant qu’ils paieront moins d’impôts dans le futur.
▪ Ce que cela pourrait vous coûter
Voilà qui nous rappelle le FMI. Celui-ci indiquait dans son rapport sur les finances publiques d’octobre 2013 que les taux d’endettement public ont atteint de tels niveaux qu’il faudra trouver des solutions radicalement nouvelles. Ainsi, de manière simpliste, dans les pays où l’endettement public est trop élevé, on pourrait le ramener à un niveau dit "normal" par une taxation "une fois pour toutes" des patrimoines financiers et immobiliers des ménages.
Patrick Artus, patron des études économiques de Natixis, calcule le taux de cette taxation one shot sur le patrimoine financier et immobilier net (de leur endettement) des ménages qui permettrait de ramener dans les pays très endettés le taux d’endettement public à 60% du PIB.
Il faudrait réduire la dette publique de :
• 33 points de PIB aux Etats-Unis ;
• 33 points de PIB au Royaume-Uni ;
• 36 points de PIB en France ;
• 70 points de PIB en Italie ;
• 30 points de PIB en Espagne ;
• 168 points de PIB au Japon.
Compte tenu de la valeur des patrimoines et de la dette des ménages, le taux de taxation serait de :
• 8% du patrimoine net des ménages aux Etats-Unis ;
• 7% au Royaume-Uni ;
• 7% en France ;
• 13% en Italie ;
• 6% en Espagne ;
• 40% au Japon.
Mais comme le souligne Patrick Artus, tout ceci serait grotesque et absurde et provoquerait des krachs sur les actifs immobiliers et financiers sans précédent. En effet, pour s’acquitter de cette pression fiscale impitoyable, les détenteurs de patrimoines financiers et immobiliers devraient vendre massivement actions, obligations et biens immobiliers.
Le problème est donc le suivant : la valeur des patrimoines est "micro-économique" — elle appartient aux individus –, alors que la dette est "macro-économique" — elle appartient à tous.
Forts des propositions du FMI hier et de la BUBA aujourd’hui, en France, certains hommes politiques ne se cachent même plus lorsqu’il s’agit d’évoquer la taxation du patrimoine. Dans un interview au journal Le Monde du 14 octobre 2013, le bouillant Christian Eckert, député socialiste, rapporteur général de la Commission des finances, annonce la couleur : "la fiscalité de l’assurance-vie est trop avantageuse […]. La France a besoin de diminuer ses déficits publics. Or l’assiette de l’assurance-vie est très large et ce placement bénéficie d’une fiscalité trop avantageuse, tant sur les plus-values que sur les transmissions, au regard de son apport à l’économie."
On ne se s’embarrasse plus avec le principe de respect de la non-rétroactivité…
A défaut de pouvoir réduire la dette publique française par des perspectives de croissance raisonnables, le risque réel de remontée des taux des emprunts d’Etat français rend de plus en plus insoutenable le niveau de la dette. Il ne reste plus pour notre Etat que des solutions de temporisation dans la gestion des finances publiques : répression financière, nationalisation, fiscalité de plus en plus confiscatoire en attendant la nationalisation de votre épargne.
Investisseurs et épargnants, la dette publique française est devenue un actif extrêmement risqué (financièrement, réglementairement et fiscalement).
2 commentaires
Très bon article, qui m’amène aux réflexions suivantes à partager avec vous.
1) Les citoyens français ne veulent pas être spoliés de leurs revenus, outre mesure naturelle de leur participation à la vie collective par une imposition raisonnable.
2) Il est désormais temps et nécessaire pour les citoyens français et de chaque pays de demander des comptes aux politiques (qu’ils financent, puisqu’ils sont les payeurs et commanditaires de ces professionnels de la vie publique) et aux financiers (qui prélèvent par l’intérêt de la dette des sommes importantes du porte-monnaie des citoyens et des organisations privées et publiques à leur seul profit).
En effet, les citoyens s’interrogent de plus en plus sur la nature réelle de la dite dette publique, son origine, les organisateurs de celle-ci (banquiers et politiques…).
Ils sont de plus en plus nombreux à demander un audit public et citoyen de la dette publique, tant en France qu’en de nombreux pays.
Il est donc temps de définir la nature de cette crise systémique permanente qui vole littéralement l’argent gagné à la sueur de notre front par les manipulateurs de l’argent.
En conséquence, les citoyens de tout pays ont le droit et le devoir de s’interroger sur la nature du système financier, ses dangers et conséquences sur la vie réelle des gens qui peuplent les nations.
Comme l’a si bien dit Olivier Delamarche, gérant de fond de Platinium Gestion, dans une interview vidéo visible sur Internet : Il faudra bien réformer le système économique, financier et monétaire mondial.
3) Les solutions proposées par la Buba et le FMI sont inapplicables par les citoyens français et d’autres nations qui « en ont marre de payer » pour les spéculateurs qui vivent sur leur dos !
4) Il est hors de question de prélever sur le patrimoine des ménages les pourcentages exprimés dans cet article, car les citoyens demanderont des comptes en justice pour l’esclave économique et financier dont ils déclareront être victimes de la part des banquiers et des politiques.
5) Le principe de respect de la non-rétroactivité doit être garanti en droit par les députés et sénateurs, qui sont les employés des citoyens, leurs revenus étant payés par les contribuables faut-il le rappeler.
L’analyse complète de l’article de Mory Doré devrait faire l’objet d’une discussion et d’une étude publique et citoyenne, afin de définir ce qu’il est acceptable de faire, face à cette crise systémique (près de 200 crises ont été comptabilisées depuis plus de 4 décennies selon la Banque Mondiale*).
* Source : La monnaie comme lien (en particulier de 3’53 à 5’15 – mais, je vous invite à découvrir cette vidéo de 15 ‘ en entier) sur Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=7DDGrERfYaE
Une proposition à promouvoir est de valider par les citoyens que l’on veut faire devenir encore et toujours payeurs en dernier ressort les actions et stratégies à mettre en oeuvre pour que la finance soit au service du citoyen et non l’inverse (même si certains grands financiers prétendent vouloir diriger les nations derrière et dans les coulisses des gouvernements, au seul profit des grandes entités économiques et financières et de leurs actionnaires privés et familiaux).
Une seconde proposition à promouvoir par et pour les citoyens est de promouvoir une diversité monétaire comme nous y invite Bernard Lietaer, en référence à l’écologie naturelle de la planète, et comme l’a démontré l’exemple du WIR en Suisse, qui depuis près de 80 ans, assure la stabilité sociale et économique de ce pays.
C’est par l’intelligence individuelle et collective que les solutions pratiques pour redresser une saine économie fondée sur une réelle production de biens et de services que nous devons tous oeuvrer.
Sans quoi, les nations seront détruites comme leurs populations au profit de conglomérats économiques et financiers qui dirigeront par dictature vos vies et celles de vos enfants, comme des futures générations.
Notre responsabilité, au sens de notre capacité à répondre aux exigences de la vie en société civilisée, impose à chaque personne physique et morale d’agir à sa place dans la Civilisation actuelle, si nous voulons la pérenniser et la développer vers ce que j’appelle une économie et une Civilisation de la Conscience, pour aller vers une Civilisation Spirituelle, qui applique en conscience les Lois Universelles et Naturelles que nous avons comme nous-mêmes et nos organisations sociales ont tendance à oublier d’appliquer, Sénèque nous recommandant il y a plus de 2 000 ans de suivre les Lois de la Nature pour notre épanouissement individuel et collectif.
J’espère que cet article ouvrira un débat de fond constructif et évolutif pour trouver les solutions à ce qui pourrait devenir et reconnu comme la plus grande escroquerie financière du monde.
Cordialement,
Daniel Maniscalco
Bonjour,
Je suis sensible au sujet évoqué « la nationalisation du patrimoine des ménages « donc de l’épargne et bien sûr de l’ assurance vie.
Faut il s’attendre à une séquestration de notre épargne comme l’Argentine l’avait réalisée ? et ce après ou sans passer par une étape intermédiaire qui serait un relèvement des taux d’imposition des revenus de notre épargne voire la suppression « des avantages fiscaux liés à l’Assurance vie »?
Si oui, est il judicieux de diminuer son actif net en s’endettant surtout quand on n’est pas propriétaire (achat immobilier financé par un prêt in fine adossé à un placement « sécurisé ») ?
Merci de vos avis