Lorsque j’étais petite, je me livrais à d’interminables parties d’un jeu de société appelé (si mes souvenirs sont bons) Richesses du Monde. Une sorte de Monopoly à l’échelle planétaire, où, au lieu d’acquérir Rue de la Paix et Gare de Lyon, le but était de piller avec allégresse les ressources mondiales : blé en Russie, diamants en Afrique du Sud, houille en Chine, pétrole en Arabie Saoudite, etc.
C’est ainsi qu’entre l’âge de 10 et 13 ans, j’en suis venue à être un véritable tycoon des matières premières ; Jim Rogers ne m’arrivait pas à la cheville. Céréales, or noir, métaux précieux… j’avais tout.
Il faut dire que votre correspondante, grâce à un habile mélange de chantage ("si tu me vends tes diamants, je ferai tes devoirs"), de pression psychologique ("donne-moi ton pétrole, ou je dis à Maman que c’est toi qui as cassé le vase bleu") et de violence physique pure, excellait à ce jeu : l’avantage d’être l’aînée d’une fratrie de quatre…
Si je ressors cet antique souvenir, c’est à cause de ce qui est en train de se passer sur les marchés des matières premières, et notamment des terres rares. C’est Cécile Chevré, de La Quotidienne de MoneyWeek, qui m’y a fait penser :
"Les terres rares… Dès que j’entends ces deux mots, je dresse l’oreille", confie Cécile dans un passionnant article sur l’antimoine. "Comme de nombreux autres investisseurs. Parce que les terres rares sont une passionnante histoire d’investissement. Des métaux indispensables à notre mode de vie puisque les batteries de tous les appareils électroniques mobiles ou encore celles des véhicules hybrides ou électriques en contiennent".
"Mais aussi parce qu’une grande partie de la production (près de 90%) est concentrée dans les mains de la seule Chine. Ce qui lui donne un incroyable monopole. En septembre dernier, le Japon et la Chine en sont presque venus aux mains quand l’empire du Milieu a décidé de restreindre ses exportations de terres. Et l’AFP nous apprenait la semaine dernière que l’Union européenne cherchait à sécuriser ses approvisionnements en terres rares — en particulier en développant le recyclage des appareils électroniques qui en contiennent".
"Forte demande + marché très contrôlé, voilà des ingrédients explosifs".
Actuellement, le moindre sujet — des terres rares à l’euro en passant par les retraites, les renflouages ou… la neige sur les routes — donne naissance à des tensions qui s’exacerbent très vite.
Et il me semble qu’entre un plateau de jeu sur la table familiale et l’échiquier géopolitique mondial, les tactiques sont un peu les mêmes : chantage (regardez la Chine et ses aides parfaitement désintéressées aux pays d’Afrique)… pression psychologique (les relations Iran/Etats-Unis, au hasard)… et/ou violence pure et simple (le dernier exemple en date nous vient de Corée du Nord).
Vu le degré de maturité qui règne actuellement sur les marchés et les relations internationales, je me demande vraiment ce que nous réservera le prochain coup de dés…
▪ Avant de vous laisser, un petit rappel, cher lecteur : vous avez jusqu’à lundi pour profiter de l’offre "spécial Noël" de MoneyWeek : un mois d’abonnement complet à 1 euro seulement… un rapport en cadeau… et 53% de réduction sur la suite de votre souscription ! N’attendez pas pour en profiter — lundi à minuit, cette offre prendra fin.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora
