▪ Incompréhensible ?
La crise sur la dette souveraine menace la Zone euro. La BCE s’invite au club des adeptes du quantitative easing, ouvre les robinets de la création monétaire à tout-va, et achète du papier "toxique".
La confiance dans la capacité des Etats de la zone à faire face à leurs engagements s’effrite jour après jour ; l’insolvabilité menace. Toute hausse des taux sera fatale.
La cacophonie règne entre politiques de la Zone euro ; mots, positions et actions contradictoires fusent et s’entrechoquent. Catastrophe pour l’euro qui sombre…
▪ Et là, "patatras"… contre toute attente l’euro remonte !
A peine croyable. Bain de sang sur les marchés devises…
▪ Les Chinois à la manoeuvre !
Les principales banques chinoises achètent soudainement de l’euro à coup de centaines de millions. La coordination est parfaite. La synchronisation totale. Pékin tire les ficelles. A mon humble avis…
▪ Pourquoi diable la Chine achète-t-elle de l’euro ?
Philanthropie ? Non. Nous ne sommes pas au pays des Bisounours. Derrière cette manifestation de puissance inégalable, l’intérêt chinois prime. "L’envolée" du dollar gêne la Chine. Voici pourquoi :
▪ Non au renchérissement du coût des matières importées
Plus gros acheteur/importateur de matières premières de la planète, toute hausse du dollar renchérit dramatiquement le coût des importations chinoises (les matières sont libellées en dollars). Sans compter l’inflation importée au passage… fléau contre lequel la Chine se bat comme un lion, et qui par ricochet pourrait finir par casser l’un des rares moteurs économiques qui tourne encore.
Casser la hausse du dollar en achetant l’euro, c’est lutter contre le renchérissement de ses importations.
▪ Non au renforcement de la compétitivité des Européens
Le yuan est arrimé au dollar. Quand le dollar monte, le yuan monte. Ce qui casse la compétitivité des exportations chinoises sur les marchés internationaux. Demandez donc aux exportateurs européens ce qu’ils en pensent. Ils sont aux anges ! Sur mars, l’excédent commercial de la Zone euro s’envole à 4,5 milliards d’euros contre 2,4 milliards d’euros le mois précédent.
Du coup la Chine frappe. Fort. Elle veut faire remonter l’euro pour redevenir maître du jeu.
▪ Oui à la préservation de ses clients
Enfin, l’essentiel des exportations chinoises se fait avec les pays asiatiques. Toute hausse du dollar, et donc du yuan, se traduit par une hausse du coût des importations de produits chinois pour les pays asiatiques clients de la Chine…
Mauvais. Et pour eux qui perdent en pouvoir d’achat. Et pour la Chine qui verra ses exportations ralentir. Soutenir l’euro, c’est préserver la "mainmise commerciale chinoise sur la zone ASEAN.
▪ Et pourtant !
La Chine est assise sur une montagne de dollars (réserves de changes). En achetant de l’euro elle "déprécie" la valeur de ses actifs. Elle se tire une balle dans le pied…
Quelles conclusions en tirer ?
La première : la Chine pourrait bien être en train de revoir la répartition de ses réserves de change, en augmentant la part de l’euro et de l’or au détriment du dollar. Ce qui serait un revirement stratégique d’ampleur.
La seconde : la Chine est résolument tournée vers les marchés asiatiques, moyen-orientaux et sud-américains. L’avenir pour elle réside dans ces pays. Et dans le développement de son marché intérieur.
Les Occidentaux ? C’est le passé…
La dernière : la Chine fait se qu’elle veut. Quand elle veut. Comme elle veut. Parce qu’elle en a les moyens. Et que c’est son intérêt.
Dit autrement, anticipez ses intérêts et vous deviendrez un homme riche !