** L’autre jour, un promoteur d’immobilier résidentiel de Vancouver, au Canada — l’un des derniers marchés les plus brûlants d’Amérique du Nord — m’a dit qu’on ne verrait plus jamais un tel boom de notre vivant.
– Cette remarque m’a rappelé un souvenir. On était en 1989 — deux ans après le krach de 1987. C’était mon premier jour en tant que véritable courtier. Durant une pause, l’un des vétérans commença à se rappeler le bon vieux temps, avant le krach. "C’était facile de gagner de l’argent, à l’époque", soupira-t-il. "Mais nous ne verrons plus jamais un tel boom de notre vivant".
– Le vieux trader avait complètement tort, bien entendu. Quelques années plus tard, le Dow fusait au-delà de ses anciens sommets de 1987, et quelques années plus tard, la folie internet/dot.com créait une bulle boursière épique.
– Qu’en est-il de la crise immobilière actuelle ? Va-t-elle se muer en accroc imperceptible sur la tendance historique, valant à peine que l’on en parle… comme cela a été le cas pour le krach de 1987 ? Le vétéran de l’immobilier de Vancouver se trompe-t-il, comme le vieux courtier se trompait ?
– Personne ne peut connaître l’avenir, bien entendu, mais nous pouvons tous voir le passé. Et l’histoire récente des crises financières suggère que les prix de l’immobilier US pourraient grimper dans les quelques années qui viennent, mais uniquement parce que la valeur du dollar va baisser. En d’autres termes, à mesure que le dollar perd de la valeur, les prix des actifs tangibles comme l’immobilier vont grimper. Nous appelons ce phénomène "l’inflation" — et il ne rend personne plus riche.
– La Réserve fédérale US a signalé son intention d’injecter dans le système monétaire US autant de dollars qu’il en faudra pour "maintenir la liquidité". Personne ne sait vraiment ce qu’est cette "liquidité" exactement, mais comme l’a dit autrefois Potter Stewart, juge de la Cour Suprême, au sujet de la pornographie : "je la reconnais quand j’en vois"… et nous la reconnaîtrons aussi (la liquidité, bien entendu).
– Nous verrons cette liquidité sous forme d’inflation, voire d’hyperinflation. La plupart des Américains considèrent l’inflation comme une augmentation légère — et inoffensive — du coût des biens et des services au cours du temps. Le Coca-Cola à 5 cents, par exemple, vaut désormais 1,50 $… et personne ne semble s’en soucier. Il faudrait, pourtant.
– Fondamentalement, l’inflation est une chute générale de la valeur de l’argent. Ludwig von Mises, économiste doté d’une certaine réputation, appelait le point culminant de l’hyperinflation un "boom d’effondrement" — une chose qui se produit lorsque "les masses se réveillent […] et se rendent soudain compte que l’inflation est une politique délibérée et qu’elle se poursuivra sans fin. Une crise se produit. Si une chose doit être utilisée comme moyen d’échange, l’opinion publique ne doit pas croire que la quantité de cette chose augmentera au-delà de toute limite".
** Si nous parlons d’une chose aussi grave qu’un boom d’effondrement se produisant aux Etats-Unis — ou au moins quelque chose d’aussi sérieux qu’une inflation du type de celle qui s’est produite dans les années 70, nous parlons aussi d’une chute sévère de la confiance dans le dollar.
– Et soyons clairs : si un véritable boom d’effondrement se produisait aux Etats-Unis, un cornet de glace en pleine canicule garderait plus longtemps sa valeur qu’un dollar. Selon un tel scénario, le Dow pourrait grimper jusqu’à 30 000 — voire 300 000 — mais uniquement parce que le dollar perdrait sa valeur par rapport aux actions… et non à cause des raisons évoquées par les haussiers — comme la productivité ou les augmentations de revenus.
– Les actifs comme l’or tendent à grimper le plus lorsque les marchés reniflent un boom d’effondrement (curieusement, l’or a atteint un nouveau sommet à un an de 714 $ cette semaine — à peine 15 $ au-dessous d’un nouveau sommet de 27 ans ! Peut-être que le métal jaune renifle déjà quelque chose de plus précis)…
– Attendez-vous à voir l’inflation continuer pour le dollar… voire à accélérer.
– La Fed réagira à la crise du crédit actuelle par toutes les formes imaginables de "stimulants monétaires" — ce qui n’est qu’une manière élégante de dire "imprimer des billets". Bernanke est piégé, obligé de se tenir à une politique inflationniste. De la sorte, n’importe quel actif plus sain que le dollar représentera une meilleure position que le dollar — même une maison.
– Il faudra peut-être quelques années pour que la baisse actuelle de l’immobilier se résorbe. Mais ne vous y trompez pas : ce ralentissement pourrait finir par mener à un boom encore plus considérable… en quelque sorte. Les prix pourraient grimper, mais uniquement parce que les dollars deviennent moins précieux. A mesure que la dévalorisation du dollar se poursuit, les prix en dollars de tous les actifs grimperont… en particulier des actifs comme l’or.
– Et si vous voulez profiter de cette hausse… il suffit de continuer votre lecture.