▪ Nous sommes au début d’une Grande Correction. Voilà ce que dit Bloomberg :
"Les ventes de nouvelles maisons aux Etats-Unis ont subi une chute inattendue en février pour atteindre un plus bas record alors que les tempêtes, le chômage et les saisies pesaient sur le marché. Les achats ont baissé de 2,2%, au rythme annuel de 308 000 — des chiffres du département du Commerce US publiés [le 24 mars] à Washington. Le prix de vente médian a connu sa plus forte hausse en plus de deux ans".
"Le marché du neuf lutte contre le déclin des prix de l’ancien provoqué par les saisies dans une économie où le chômage devrait atteindre en moyenne 9,6% cette année, proche d’un sommet de 26 ans. Le secrétaire au Trésor US Timothy F. Geithner a déclaré hier qu’il faudrait ‘beaucoup de temps’ pour remettre en état le marché de l’immobilier alors que le gouvernement prend des mesures destinées à rénover le financement et la réglementation de l’immobilier".
"’Ce sera une lutte longue et lente, et le secteur le plus paresseux sera celui du neuf, parce qu’il doit faire concurrence aux ventes dans l’ancien et aux saisies’, a déclaré Bill Hampel, économiste en chef de la Credit Union National Association à Washington, avant la parution des chiffres. ‘Les ventes de maisons neuves ne commenceront probablement pas à se remettre avant le quatrième trimestre’. "
Que se passera-t-il au quatrième trimestre qui provoquera la reprise du marché de l’immobilier ? Un soudain afflux d’immigrants ? Une augmentation soudaine de l’emploi ?
▪ Nous ne pensons pas qu’il y aura une reprise. Il n’y en aura pas au quatrième trimestre… ni cette année… ni l’année prochaine… ni avant 10 ans.
Les prix de l’immobilier vont plutôt couler. Pourquoi ? Parce que les maisons sont un bien de consommation, non un investissement. Durant 100 ans, une maison était un endroit où vivre… et les prix de l’immobilier suivaient plus ou moins le rythme de l’inflation. Puis, à partir du milieu des années 90, les Américains en sont venus à considérer une maison comme "le meilleur investissement qu’on puisse faire". Ils ont commencé à acheter des maisons comme moyen de gagner de l’argent… et d’épargner pour leur retraite. Cela semblait raisonnable. Qu’est-ce qui était préférable ? Un fonds d’investissement rapportant 10% par an… ou une maison dont le prix grimpe de 10% par an ? La maison ! Parce qu’on peut y vivre… et s’en vanter. On fait donc jouer l’effet de levier… on achète une maison deux fois plus grande que ce qu’on peut se permettre. On vit mieux. Et on gagne plus.
Ces jours sont passés. Mais certains ne s’en sont pas aperçus. Ils attendent que le marché de l’immobilier "se reprenne". Certains imaginent qu’ils reverront des profits grâce à leur maison. D’autres tiennent juste le coup… attendant des signes de hausse pour se dégager.
Il y a encore des millions d’Américains vivant dans des maisons qu’ils ne peuvent pas vraiment se permettre… et des millions d’autres qui sont "sous l’eau" et ne vont pas tarder à se retrouver à court d’air. Voilà pourquoi le nombre de maisons risquant la saisie a grimpé au dernier trimestre 2009. Et c’est pour ça que les stocks de maisons invendues continuent de grimper.
Peu à peu, les gens commencent à voir les maisons sous un nouveau jour. Ils ne tarderont pas à les considérer comme des gouffres financiers… des folies coûteuses… et des ennuis. Au lieu d’être fiers de leurs manoirs… ils en seront gênés… comme d’avoir une voiture à ailerons en 1985… ou une coupe en brosse en 2010.
Non seulement ça, mais l’immobilier sera considéré comme un vrai gaspillage d’argent. Alors que la Grande Correction se poursuit, le chômage restera à des niveaux élevés… l’épargne augmentera… et les gens voudront réduire leurs dépenses. Entre autre choses, ils voudront des maisons plus petites et moins chères. Ils voudront se débarrasser de leurs châteaux en banlieue et partir de leurs palais à la campagne.
Les maisons seront perdantes.