▪ Personne n’y croyait… tout le monde savait bien que cela n’arriverait pas… chacun était convaincu qu’une solution serait trouvée au dernier moment.
Cela a bien entendu été le cas : républicains et démocrates ont décidé de se rasseoir à la table des négociations, histoire de trouver un moyen de sortir de l’impasse budgétaire dans laquelle ils se trouvent en ce moment.
Au-delà du problème immédiat — le plafond de la dette et les négociations autour du programme Obamacare –, toute cette affaire vient attaquer un peu plus la réputation des Etats-Unis. Dans un système monétaire basé uniquement sur la confiance (plutôt que sur un actif tangible et impossible à manipuler comme l’or), cela pourrait avoir de graves répercussions.
Philippe Béchade ne disait pas autre chose dans sa chronique de jeudi :
"Comme je l’expliquais mardi, le vrai problème des Etats-Unis [est] bien de préserver le rôle central du dollar dans le commerce international. De ce point de vue, un défaut des Etats-Unis constituerait un accroc majeur dans la crédibilité du billet vert. Qui aurait envie de commercer et de détenir une monnaie dont l’émetteur n’honore pas ses dettes ?"
▪ Simone Wapler, de son côté, apportait une nuance importante entre défaut et faillite. "Je crois que le dollar est condamné et que le système économique qui consiste à importer des biens (pétrole, biens manufacturés, services) en échange de dette (bons du Trésor libellés en dollars) va s’effondrer", expliquait-elle mercredi aux lecteurs de La Stratégie de Simone Wapler.
"Mais je ne pense pas que cet effondrement soit pour le 17 octobre. Les Etats-Unis ne feront pas défaut… ce qui ne les empêchera pas de faire faillite. Je rappelle que le défaut est le non-paiement à un porteur étranger d’un titre de dette émis par un Etat".
"Ils ne feront pas défaut car :
– ils ont émis de la dette dans leur propre monnaie ! Si l’Argentine ou le Venezuela se débattent contre un défaut, c’est parce que ces pays ont émis de la dette dans une devise étrangère.
– Ils ont une planche à billets".
"Supposons que le plafond légal de leur dette ne bouge pas", continue Simone. "Les Etats-Unis devront donc payer. Ils donneront la priorité aux détenteurs étrangers présentant leurs créances. En revanche, rien ne les empêche d’imprimer tous les dollars nécessaires pour payer l’armée, les fonctionnaires, et d’envoyer des camions de la Brinks les distribuer (la Brinks, simplement pour faire croire que les dollars valent quelque chose). Les Etats-Unis peuvent créer de l’argent pour payer l’armée, ou d’autres fonctionnaires ou un fonds de pension dont la dette arrive à maturité"…
"Le précédent défaut des Etats-Unis s’est produit lorsqu’ils ont refusé de rembourser les dollars en or et ont ‘fermé le rideau de la boutique de change’ le 15 août 1971. C’était bien un défaut puisque le dollar était vendu aux banquiers centraux comme as good as gold et convertible à première demande. Ne plus accepter de le convertir c’était donc faire défaut. C’est à partir de cette date que les Etats-Unis ont exporté de la dette et acheté à crédit à l’étranger et que la balance commerciale a été constamment déficitaire (sauf brièvement en 1990)".
▪ Au stade où nous en sommes, deux petites phrases me viennent en tête. La première est de l’industriel J. Paul Getty : "si vous devez 100 $ à la banque, c’est votre problème. Si devez 100 millions de dollars à la banque, c’est son problème".
Et la deuxième vient en prolongement direct, prononcée vers 1971 par John Connally, alors secrétaire au Trésor US, à l’attention des dirigeants du reste du monde : "le dollar est notre devise et votre problème".
Les Etats-Unis devraient être prudents : avec l’ascension de la Chine… cette dernière affirmation est de moins en moins vraie.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora