▪ Les températures continuent de grimper à Wall Street. Ben Bernanke a promis mercredi dernier de maintenir le thermostat à 85 (milliards de dollars) jusqu’à ce que la pâte du marché du travail et l’inflation commencent à gonfler… mais cela risque de prendre pas mal de temps.
En fermant soigneusement la porte et les fenêtres et en éteignant la hotte, la cuisine se transformera inexorablement en étuve.
Pour ceux qui y sont enfermés, en ressortir procurera une sensation de fraîcheur, même si le thermomètre indique +36° dans le couloir et les pièces voisines. Et les pièces voisines, en l’occurrence, ce sont les indices boursiers européens.
Un Inuit ou un habitant de la Patagonie y suffoquerait… mais pas un gérant américain qui passe ses journées dans le sauna de Wall Street, avec un Ben Bernanke qui déverse quotidiennement des hectolitres de liquidités sur les pierres brûlantes.
En comparaison d’un Nasdaq 100 qui affiche à peine 1,20% de rendement, le CAC 40 est loin se sembler en ébullition… Toutefois, si vous y plongez la main et que vous remuez un peu, vous risquez d’éprouver une sensation de brûlure au passage des valeurs du luxe, des bancaires ou des valeurs de croissance du type Essilor, Safran ou Gemalto (revenu au zénith historique).
▪ Déception sur l’immobilier
Il paraît que la chaleur endort (nous faisons partie de ceux qui éprouvent au contraire du mal à trouver le sommeil). Cela pourrait s’être vérifié lundi vers 16h lors de la publication des reventes de logements anciens au mois de juin aux Etats-Unis.
Il s’agissait d’une franche déception : les transactions ont chuté de 1,2% à 5,08 millions (en rythme annuel) alors que le consensus visait une hausse de 5,14 millions vers 5,27 millions.
C’est tout à fait cohérent par rapport aux chiffres des mises en chantier (-10%) et des permis de construire (-7,5%) publiés jeudi dernier. Mais bon, le secteur immobilier reste le moteur à réaction de l’économie américaine, n’est-ce pas ?
Quant à la hausse de 100 points de base des taux (hypothécaires) au-delà des 4,5%, elle reste absolument sans impact significatif.
Les dernières enquêtes de la NAHB révèlent que cette tension n’entame pas le moral des agents immobiliers. Il est revenu au plus haut depuis les records absolus du printemps 2006… malgré 50% de transactions en moins par rapport aux standards de l’époque (soit environ 10 millions de dossiers).
Aucun des nombreux thuriféraires du marché immobilier invités sur les plateaux de télévision ne mentionne la dégradation du coût du crédit dans son panégyrique à l’attention des candidats à l’acquisition d’un nouveau logement. « C’est reparti comme en 14″… alors c’est le moment d’acheter avant que les prix ne s’envolent, et puis c’est tout !
▪ Nouveaux records au programme
Puisque les mauvais chiffres du jour sont sans importance, puisque la flambée des taux hypothécaires demeure sans conséquences, pourquoi les indices américains n’inscriraient-ils pas une cascade de nouveaux records absolus ?
C’est ainsi que peu après la reprise des cotations à Wall Street lundi, nous retrouvions un S&P 500 à 1 698 points (+0,25%), un Dow Transport à 6 609 points (+0,2% vers 16h) ou un Russell 2000 à 1 055 points (+0,4% vers 17h45). Le Nasdaq Composite tutoyait rapidement les 3 600 points et le Dow Jones se hissait jusque vers 15 575 points.
Cela fait plusieurs jours que le CAC 40 figure aux avant-postes et surperforme régulièrement les indices américains. Son gain de 0,37% à 3 940 points le confirme… mais quel crédit accorder à cette vélocité haussière inespérée ? Nous constatons des volumes d’échanges dérisoires jour après jour : 1,5 milliard d’euros à 17h29 et moins de deux milliards d’euros fixing.
L’Euro-Stoxx 50 en terminait sur un gain de 0,34% à 3 725 points, à bonne distance du zénith du jour inscrit à 2 734 points… et l’activité y était tout aussi inexistante qu’à Paris.
▪ Mais où sont donc passés les volumes ?
Inutile de chercher bien loin : vous les retrouvez facilement en jetant un coup d’oeil sur le marché des matières premières — lequel semble intriguer la Fed depuis quelques jours.
La grosse surprise provient de l’once d’or. Elle s’envolait de 3% vers 1 335 $ lundi soir, soit 11% repris depuis le 25 juin dernier — et +10% depuis le vendredi 5 juillet, en une douzaine de séances.
Le parcours de l’argent-métal est encore plus impressionnant. La hausse atteint en effet pas moins de 15% depuis le 25 juin — dont 5,4% lundi –, et l’once vient tester les 18 $/once.
1 commentaire
La Chronique est très intéressante.
Une question que je me pose est comment résister à la prochaine hausse des taux d’intérêts. Quels instruments, quelles techniques? Options d’achat ou de vente? Sur quoi? Titres ou Indices? A quel terme?
Merci de m’éclairer si possible
Olivier De Stoop