▪ Nous n’avons plus que la Chine en tête.
Et il en va de même pour M. Tout-le-Monde. ABC News et le Washington Post ont interrogé 1 000 Américains et ont découvert que…
– 41% pensent que le XXIe siècle sera le "siècle chinois" ;
– 40% pensent que ce sera encore un "siècle américain" ;
– une mince majorité pense que les Etats-Unis joueront un rôle moins important dans l’économie mondiale pendant ce siècle qu’au cours du précédent ;
– mais une majorité pense aussi que ce sera soit une bonne chose, soit, au pire, sans importance.
Nous essayons d’être optimistes et de prendre le dernier point comme un signe que le monstre protectionniste ne rôde plus parmi les masses.
Pendant ce temps, il y a d’autres problèmes…
▪ La Chine vient juste de repousser à une date ultérieure plusieurs "échanges" militaires entre Pékin et Washington — des visites de dignitaires et autres événements du même type. C’est la première conséquence réelle, concrète, de la vente de 6,4 milliards de dollars de matériel militaire à Taïwan de la part des Etats-Unis.
La rumeur dit que la Chine va acheter les 191,3 tonnes d’or que le FMI a annoncé la semaine dernière vouloir mettre sur le marché. Pour l’instant, seules les agences de presse russes rapportent cette information ; elle doit encore être confirmée par les sources occidentales.
Nous prenons note de ces développements en gardant à l’esprit quelques délais encore flous…
▪ Le mois prochain, le Pentagone doit publier son estimation annuelle des forces militaires chinoises. En général, elle contient des données alarmistes, et Pékin répond souvent avec colère, mais la plupart du temps, ce n’est que du théâtre. Qu’en sera-t-il cette fois ci ? Nous verrons bien…
▪ Avril ouvre la fenêtre officielle dont le secrétaire au Trésor US pourrait profiter pour qualifier la Chine de "manipulateur de devise". Nous entendons dire à Washington que l’administration Obama est tentée de relancer l’emploi en relançant les exportations — ce qui signifie un dollar plus faible en général, et surtout un dollar plus faible face au yuan. Nous allons garder un oeil attentif là-dessus.
Tout ceci nous reste à l’esprit tandis que nous méditons sur un court article que nous avons lu, rédigé par un homme qui vit en Chine depuis douze ans. "Ce que les gens ne comprennent pas", écrit-il, "c’est que ce pays est désormais plus capitaliste que les Etats-Unis" :
– pas d’impôts sur les bénéfices ;
– pas d’impôts sur la propriété ;
– pas d’impôts locaux ou nationaux ;
– un impôt raisonnable de 35% pour ceux qui gagnent le plus ;
– des impôts sur les entreprises de 0% pendant trois ans puis de 15% par an ensuite.
"Et surtout, ce n’est pas une économie casino comme les Etats-Unis. La Chine va vendre 30% de véhicules de plus cette année que ce qu’il va se vendre aux Etats-Unis… 93% de ces véhicules vont être payés cash".
"Pour un prêt immobilier, vous avez besoin d’un apport de 30%. Pour qu’une entreprise privée obtienne un prêt, il faut justifier des actifs de la compagnie, c’est-à-dire le site et les équipements. Il n’y a pas d’effet de levier ici".
"C’est un pays dans lequel il n’y a qu’un parti, mais au moins il se concentre sur son peuple. [Aux Etats-Unis], nous avons un système à deux partis, qui nous ont tous les deux laissés tomber. Toutes les économies du Tigre asiatique avaient besoin d’un gouvernement central solide pour sortir de la pauvreté. Ce n’est pas un bon système pour notre culture, mais cela fonctionne pour la leur".
"Des systèmes de trains à grande vitesse qui fonctionnent, 50 nouveaux aéroports au cours des cinq dernières années — il faut le voir pour le croire".
Nous allons en Chine au mois de mai. Nous espérons pouvoir ouvrir une entreprise à Pékin. Mais qu’en dites-vous ? La Chine serait-elle aujourd’hui, avec tous ses défauts, plus capitaliste que les Etats-Unis ?