▪ La visite de Barack Obama en Afrique a donné l’occasion à une grande partie de la presse européenne de faire pleuvoir les critiques sur le président américain. Le Financial Times rappelait la semaine dernière que si Bill Clinton avait signé des accords de libre-échange avec plusieurs pays africains, et si George Bush s’était engagé dans un programme de lutte contre le SIDA, les initiatives de Barack Obama sont maigres.
Depuis sa visite en 2009 au Ghana, pays témoin d’une Afrique en pleine forme, le président a effectivement délaissé ce continent. A l’inverse, l’Europe reste convaincue, chiffres à l’appui, que l’Afrique est le prochain moteur de la croissance mondiale. Sept des 10 économies qui connaissent les taux de croissance les plus élevés sont africaines. L’Europe dénonce l’abandon de l’Afrique par la présidence américaine, avec en creux l’abandon de l’Europe par Washington.
Pour être tout à fait exact, le président américain a tout de même présenté un plan d’investissement de sept milliards de dollars en Afrique pour développer les réseaux électriques. L’énergie, le grand "thème" de Barack Obama pour l’Afrique ? A vrai dire, rien n’est moins sûr. L’engagement des Etats-Unis en Afrique ne semble pas dépasser la simple "assistance", agrémentée de quelques contrats signés par General Electrics.
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Nous avons beau jeu de critiquer cette indifférence — et nous oublions un peu vite que le continent européen reste dans une certaine mesure admirative des choix faits par Barack Obama. Si nous souffrons du virage vers le Pacifique du président américain, nous savons qu’il s’agit d’un choix pragmatique et logique. Ainsi on peut se demander si l’hôte de la Maison Blanche fait réellement une erreur en se détournant de l’Afrique.
Quelles opportunités l’Afrique présente-t-elle encore ?
▪ La Chine, moteur de la croissance africaine…
Avant d’être présentée comme l’Eldorado des investisseurs, l’Afrique était avant tout une terre de matières premières attirant les pays émergents. Avec leur ralentissement, l’avenir de l’Afrique pourrait sembler à première vue compromis.
Dès que l’on parle de matières premières et d’Afrique, les regards se tournent inexorablement vers la Chine. Une chose est avérée, les Etats-Unis et l’Union européenne ont perdu la course vers l’Afrique, au profit de la Chine. Le commerce entre l’Afrique et la Chine a été multiplié par 10 entre 2000 et 2012, pour représenter 170 milliards de dollars. Désormais c’est deux fois le poids du commerce Afrique-Etats-Unis. La Chine dispose de 150 représentations commerciales contre six pour les Etats-Unis, rappelle le Financial Times.
Le ralentissement de la croissance économique chinoise depuis 2012 a commencé à peser sur les épaules des grands pays producteurs. La baisse des cours du fer affecte notamment le Congo, le Gabon, le Liberia ou encore la Guinée. En parallèle, la chute des cours de l’or, depuis les errements de la politique de la Fed, affecte également les producteurs que sont l’Afrique du Sud, la Mauritanie, le Mali ou la République démocratique du Congo.
Pourtant, le constat d’un continent abandonné à lui-même devant l’épuisement de son principal partenaire commercial ne correspond à aucune réalité. Deux pistes soutiennent actuellement l’activité du continent :
– L’industrie africaine décolle
C’est une des surprises d’une étude publiée le 26 juin dernier par la CNUCED, la Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le Développement ; les investissements directs de l’étranger (IDE) en Afrique ont encore progressé en 2012 de 5%. Les investissements étrangers ont été en particulier importants dans les industries liées à la consommation, où ils ont décollé de 23%.
Plus intéressant encore, une étude centrée sur les investissements chinois révèle que les sommes allouées au secteur manufacturier africain font désormais jeu égal avec celles consacrées aux matières premières. Comme le précisait Zheng Yuewen, président du CABC, qui compte 550 entreprises chinoises présentes en Afrique, "le continent africain peut connaître la même transformation industrielle par laquelle la Chine est passée il y a trois décennies, pour devenir un grand producteur de marchandises, plutôt que d’être simplement un expéditeur de matières premières vers différentes destinations à l’étranger’.
Signe de cette confiance dans la demande africaine, la Chine devrait bientôt lancer deux nouveaux fonds d’investissement, soutenus par le China-Africa Development Fund (CAD Fund) et China-Africa Business Council (CABC). Ils aideront à financer des activités commerciales, industrielles et minières selon Venture Africa.
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– Les matières premières font encore recette
L’intérêt pour les matières premières ne devrait pas non plus se tarir complètement, car certains marchés restent tendus, et l’importance des ressources laissera le continent au coeur de ce marché. Ainsi l’Afrique détient 12% des réserves de pétrole, 40% des réserves d’or et entre 80 et 90% des réserves de chrome et de platine du monde. Côté agriculture, ce n’est pas moins de 60% des terres arables qui sont détenues par l’Afrique.
Le principal risque que j’identifie sur les marchés des matières premières en Afrique n’est pas la baisse des cours, mais les barrières mises à l’exportation. A l’instar des pays asiatiques, les pays africains pourraient être tentés d’amener les compagnies occidentales à transformer de plus en plus les productions sur place. Le mouvement serait logique ; le site Commodafrica rappelle que 90% des produits de la vente du café en Afrique va aux pays consommateurs, mais pourrait grever les comptes de plusieurs des acteurs étrangers.
Une matière ne craint pas le changement de politique industrielle en Afrique, le pétrole. Peu de pays ont bloqué l’exportation de pétrole pour que les majors construisent des raffineries sur leurs côtes. Et le boom du pétrole en Afrique reste toujours d’actualité.
Un seul conseil, guettez les nouvelles en provenance du continent noir !