▪ La vie publique fait son petit bonhomme de chemin, grâce à une combinaison de faux-semblants et d’illusions imposées.
Au début de la semaine dernière, on a appris que les banquiers centraux des Etats-Unis étaient allés aussi loin qu’ils le pouvaient. Selon les journaux, des voix s’élevaient à la Fed pour conseiller la retenue. Il n’y aurait pas de mesures de relance monétaire supplémentaires, ont dit les commentateurs.
Les investisseurs sont devenus prudents.
Puis, une fois la fin de semaine arrivée, les investisseurs ont recommencé à jouer aux dés. La Fed travaillait dur pour lutter contre l’impression qu’elle avait soit perdu son courage soit retrouvé ses esprits. Dans le New York Times :
« La Réserve fédérale a annoncé mercredi que sa campagne de relance économique continuerait au même rythme que celui qu’elle maintient depuis décembre, mettant fin pour l’instant à toute suggestion qu’elle envisageait de réduire ses actions ».
« La Fed a souligné qu’elle était prête à augmenter ou diminuer ses efforts pour aiguillonner la croissance et réduire le chômage en fonction de la situation, une position plus équilibrée que celle qu’elle a prise plus tôt dans l’année, reflétant le fait qu’un hiver vigoureux a laissé place une fois de plus à un printemps décevant ».
« C’était la première fois que la Fed mentionnait explicitement la possibilité de faire plus, même si plusieurs officiels, dont le président de la Fed, Ben S. Bernanke, ont laissé entendre la même chose oralement à plusieurs reprises ».
Ayant le vent de la Fed en poupe, les investisseurs ont mit toute la voilure. Vendredi, ils filaient bon train, à flot sur une marée d’argent facile. « Ne luttez pas contre la Fed », disaient les analystes. La Fed injecte… les actions vont grimper.
Evidemment, ce n’est pas aussi simple. Le Zimbabwe a injecté. Les actions ont grimpé… pendant un temps. Mais en fin de compte, il faut plus que de l’argent bon marché pour donner plus de valeur aux entreprises. Trop d’argent bon marché est contagieux ; les actions deviennent elles aussi bon marché.
▪ Tout le monde n’en souffre pas…
Certains investisseurs réagissent avec cynisme. Ils savent que l’argent facile de la Fed aura des conséquences négatives pour tout le monde ou presque. Mais ils savent aussi comment le jeu fonctionne — l’impression monétaire est peut-être mauvaise pour l’économie et les petits porteurs, mais elle peut se révéler très profitable pour les riches. Ce sont eux qui possèdent des actions !
Bloomberg :
« Le 200 personnes les plus riches de la planète ont ajouté 44,6 milliards de dollars à leur valeur nette collective [la semaine dernière] tandis que le Dow Jones atteignait pour la première fois les 15 000 points ».
« Alisher Usmanov, dont la fortune a augmenté de 61,2 millions de dollars au cours de la semaine, selon l’indice des milliardaires de Bloomberg, a déclaré durant un entretien dans les bureaux moscovites de Bloomberg qu’il avait récemment dépensé environ 100 millions de dollars pour acheter des actions d’Apple Inc., en anticipation de leur hausse ».
Les investisseurs cyniques savent que c’est un jeu. Mais beaucoup de gens croient vraiment à ces sottises. Ils sont convaincus que la Fed — grâce à une magie qui ne sera jamais entièrement expliquée ou démontrée — aide vraiment à améliorer le sort des gens.
▪ Petit rappel historique
Pendant le premier million d’années depuis que les proto-humains se sont mis sur deux pattes, la Fed n’existait pas. C’est seulement au cours des 100 dernières années — un battement de cils en termes d’évolution — que la Fed a fait son apparition… et ça fait à peine plus d’un demi-siècle qu’elle s’est lancée dans les théories activistes actuelles. Voilà quatre ans à peine qu’elle a commencé à les appliquer de manière si agressive.
Existe-t-il une seule preuve que les banques centrales modernes améliorent effectivement les choses ? Un seul sou a-t-il été ajouté à la richesse mondiale grâce aux politiques de la Fed ? Si oui, personne n’en parle…
Au lieu de ça, les banques centrales — et notamment la Fed — semblent avoir accompli une chose que la plupart des gens auraient considérée comme impossible. Elles semblent avoir arrêté le progrès.
Peut-être est-ce une coïncidence… mais c’est comme si le temps s’était arrêté net quand la Fed s’est donné pour mission d’améliorer l’économie. Si l’on ajuste le PIB à l’inflation et qu’on le calcule selon la méthode utilisée par le gouvernement fédéral quand Jimmy Carter était président, on constate que le revenu réel disponible de l’Américain moyen ne s’est pas amélioré depuis la première administration Eisenhower.
Cela fait plus de 50 ans sans véritable progrès économique… quasi-exactement les mêmes 50 années au cours desquelles la Fed a si activement essayé de mieux faire fonctionner l’économie.
Allez comprendre.
1 commentaire
Les indices actions, en dollars, montent mais la valeur du dollar baisse à proportion de l’impression monétaire….en fait il n’y a aucune création de valeur pour l’investisseur.