▪ Les ventes qui ont commencé en début de semaine dernière ont effacé tous les progrès du Dow Jones depuis le 9 novembre 2009 — jour où les gros titres ont affirmé que les membres du G20 continueraient à sauver le monde en maintenant leurs efforts de relance économique. Les investisseurs avaient fêté la nouvelle en faisant rebondir le Dow Jones de 203 points, pour atteindre les 10 227 — un nouveau record sur 13 mois.
A l’époque, la plupart des gens semblaient penser que le marché baissier était mort et enterré, et qu’une reprise sérieuse était en chemin. Après tout, le département du Commerce américain venait d’annoncer une croissance de 3,5% du PIB pour le troisième trimestre. "Les chiffres du troisième trimestre pour le PIB ont largement dépassé toutes les attentes", a déclaré l’investisseur milliardaire Kenneth Fisher, le 10 novembre, pour exprimer l’optimisme contagieux du moment. "L’économie ne remonte pas doucement".
Fisher aurait sûrement dû tenir sa langue. Mais il a prédit que l’indice S&P 500 atteindrait les 1 300 "dès le mois de février". Le S&P est actuellement sous la barre des 1 100, et février est déjà là.
▪ Mais de peur d’être accusés de faire entrer un éléphant dans un magasin de porcelaine, nous allons préciser que Fisher, le haussier perpétuel, est la 289e personne la plus riche des Etats-Unis, selon le magazine Forbes. Inversement, votre chroniqueur californien au profil plutôt "prudent" ramasse les centimes qu’il trouve sur le sol… même s’il a le dos fragile.
Nous ne mentionnons l’optimisme de novembre de Fisher que pour illustrer les comportements contagieux de cette période. Même Alan Greenspan a sauté dans le train de la fanfare et s’est emparé d’une partition. La remontée des cours "re-liquéfie tout le processus [de reprise]", a-t-il déclaré le 9 novembre. L’ancien président de la Réserve fédérale faisait également remarquer que les industriels auraient besoin de relancer les lignes de production à plein régime pour réapprovisionner les stocks.
Bien entendu, nous savons aujourd’hui que les stocks ont gonflé pendant les deux mois suivants, alors que la demande de la part des utilisateurs finaux ne se matérialisait pas. Mais une fois encore, nous ne prenons aucun plaisir à tirer des oreilles (sauf celles de Greenspan) ; nous préférons donc simplement dire que la sagesse commune est rarement sage.