« J’ai dû me tenir à l’entière disposition d’hommes riches toute ma vie. Mais que je sois damné si je me tiendrai à l’entière disposition du premier salopard venu avec un timbre à 3 $ ».
— William Faulkner
Après avoir perdu son emploi au bureau de poste d’Oxford, Mississippi
▪ L’un des avantages rarement mentionnés lié au fait d’avoir de l’argent, c’est qu’on est moins l’obligé d’autres qui en ont. Plus on en a — du moins en théorie –, plus on peut ignorer les autres personnes fortunées et vaquer à ses propres affaires. De même, on n’a pas besoin de boire les mêmes cocktails ou de se précipiter dans la même boutique pour s’habiller de la même manière.
Bref, avec un peu d’argent à soi… on peut faire ce qu’on veut.
Quant à la personne qui a dit que « l’argent ne fait pas le bonheur », elle n’avait visiblement pas lu le New York Times de jeudi :
« En deux mots, les données indiquent désormais qu’à mesure que les gens s’enrichissent, ils déclarent être aussi plus heureux. Ce n’est pas aussi simple, cependant. Justin Wolfers, économiste à l’Université du Michigan et conseiller du gouvernement US concernant les statistiques du bonheur, m’a dit que les gens pauvres dans les pays pauvres ne sont pas malheureux simplement parce qu’ils n’ont pas des liasses de billets. Il est plus probable qu’ils aient moins de choix, plus d’enfants mourant en bas âge et autres graves problèmes. Et tandis que les pays plus riches sont généralement plus heureux, rien ne prouve, déclare Wolfers, qu’une artiste serait plus heureuse si elle devenait trader dans un hedge fund« .
Mais nous parlons de capital, pas de cash flow. Le problème, avec le cash flow, c’est qu’il ne naît pas ab ovo, à partir de rien. Il arrive entre vos mains depuis les pognes graisseuses de quelqu’un d’autre. S’ils ne continuent pas de faire couler le liquide, vous n’en aurez peut-être plus. A moins d’être fonctionnaire, un emploi n’est qu’un emploi. Vous travaillez selon le bon plaisir des autres. Si vous leur déplaisez, ils peuvent mettre fin à vos revenus.
Le capital est différent. Si vous en avez une assez grande quantité, vous n’avez pas besoin de travailler pour quiconque. Vous pouvez aller à la pêche, vous curer le nez et avoir des opinions anti-patriotiques.
▪ L’avènement du néo-féodalisme
Le capital vous libère aussi de la politique. Selon les chiffres les plus récents, près de la moitié des ménages américains dépend désormais de l’argent des autres pour tout ou partie de leurs revenus. Ils bénéficient d’un ou plusieurs programmes de transfert gouvernementaux.
Les autorités ont même le culot de donner aux destinataires de ce butin une carte à puce appelée « Carte d’Indépendance ». Indépendants, c’est exactement ce que ces gens ne sont pas. Ils sont plutôt comme des serfs féodaux, déclare Charles Hugh Smith.
« Le coeur de la liberté américaine, c’est la propriété privée », écrit-il. Si l’on veut être libre, on doit pouvoir garder la main sur les « moyens de production ». Sinon, il faut apprendre à plier.
Imaginez que vous n’ayez aucune valeur dans la maison que vous possédez, suggère-t-il. Dans quelle mesure êtes-vous libre, dans ce cas ?
Ou imaginez que vous voulez acheter une maison et avez donc besoin d’un prêt immobilier. Le marché du prêt est contrôlé presqu’à 100% par les autorités. Dans quelle mesure êtes-vous libre ?
Selon Smith, nous vivons dans un état de « néo-féodalisme » insidieux. Quelques personnes possèdent beaucoup. La plupart possèdent peu. Smith se concentre sur l’immobilier : pour lui, les autorités s’accaparent de plus en plus de maisons, les enlevant aux individus privés pour les concentrer parmi les élites riches.
Il a probablement raison sur le sujet. Mais il nous semble que le néo-féodalisme est encore plus visible ailleurs… lorsque de grands groupes de gens dépendent des autorités… et de l’argent facile de la Fed… pour maintenir leur niveau de vie actuel.
Equilibrer le budget fédéral ? Arrêter la planche à billets de la Fed ? Laisser les taux d’intérêt grimper à un niveau normal ? Oubliez ça ; les serfs ne peuvent pas se le permettre.
1 commentaire
A propos de Willie Neslon et d’internet…
Ceci n’est pas à proprment parler un commentaire : plutôt un petit cadeau pour M. Bonner.
M. Bonner, vous avez écrit quelque part que les lamentations des banquiers seraient plus douces à vos oreilles que « Blue Eyes Crying In The Rain » chanté par Willie Nelson – ou quelque chose dans ce goût-là.
Vous nous avez aussi réjouis de vos démêlés avec internet, qui n’a selon vous qu’une très faible valeur ajoutée en terme de niveau ou qualité de vie (voire, aucune valeur ajoutée du tout).
Alors permettez-moi d’oser un audacieux raccourci internet-Willie Nelson, avec le lien suivant :
http://www.youtube.com/watch?v=4lZefsii1K0.
Vous pourrez y retrouver Willie dans une excellente version « live » de Blue Eyes… et (re)découvrir l’intégralité de ses chansons, chacune en une multitude de versions différentes. Ensuite vous pourrez enchaîner avec le magnifique Merle Haggard, puis George Jones et Johnny Cash… et tous ces fabuleux artistes… en quelques clics, souris dans une main et verre de whisky dans l’autre. C’est tout simplement magique. Et si internet ne devait servir quà cela – eh bien, ce serait déjà fantastique.
Cordialement,
XR