▪ La période des fêtes joue les prolongations… et nous ne faisons pas allusion au Noël orthodoxe où Gerard Depardieu se trouve convié en guest star par Vladimir Poutine.
Non, le Noël bis, c’est pour les banques de gabarit international qui ont su convaincre le comité de Bâle d’assouplir les règles de garanties en cas d’urgence — liquidités, bons du Trésor — auxquelles elles devaient se soumettre à partir de 2015.
Les règles dénommée Bâle III ont toujours été considérées comme trop restrictives en termes d’actifs jugés éligibles et stérilisantes pour de nombreuses activités gourmandes en couverture.
Le comité de supervision bancaire vient d’accéder ce dimanche aux demandes d’élargissement des garanties aux obligations subordonnées. Ces dernières sont émises par les banques elles-mêmes (ce qui devrait soulager le Crédit Agricole)… aux actions (Wall Street devait s’en réjouir par avance depuis des semaines)… et à certains types d’emprunts hypothécaires (adossés à des prêts immobiliers).
▪ On comprend enfin pourquoi les bancaires avaient le vent en poupe
Il est plausible que cette annonce explique rétrospectivement pourquoi les valeurs bancaires ont si bien performé la semaine dernière de part et d’autre de l’Atlantique, alors que les commentateurs invoquaient à l’unisson la pantalonnade de la falaise fiscale et le retour de la confiance.
Cette confiance atteignait vendredi soir — si l’on s’en tient à l’indice VIX, le baromètre du stress et en l’occurrence de l’absence de stress — des niveaux dont nous n’avons plus trouvé trace depuis octobre 2007.
▪ Un scénario parfait pour une hausse parfaite
Le VIX a reculé jusque sur un plancher de 13,8 grâce à un gain de 0,49% du S&P 500 — qui a inscrit à l’occasion sa meilleure clôture depuis cinq ans et cinq jours. Pour observer un score de 1 466,5 points, il faut remonter au 31 décembre 2007 pour être très précis (sinon, le zénith intraday du 14 septembre 2012 de 1 474,5 points a simplement été tutoyé !).
Il fait peu de doute que le retracement des 1 468 points était le but recherché, mais il y a plus. Cette première semaine écourtée de 2013 s’est soldée par un bond de 4,6% du S&P dans un volume de seulement 2,3 milliards de titres — la moyenne hebdomadaire annuelle tournant plutôt autour de trois milliards de titres négociés.
La première semaine de 2012 s’était également soldée par un volume de 2,3 milliards de titres mais pour un écart cumulé de 1,6%, trois fois moins spectaculaire que début 2013. Le marché monte dans le vide et tout semble orchestré pour le propulser le plus haut possible avec le moins de moyens financiers possible.
Que signifie cette flambée des cours sans volumes qui survient alors que les indices progressent déjà sans discontinuer depuis sept mois — c’est donc le huitième qui démarre sur les chapeaux de roue ? De son côté, le Dow Jones a pris 0,33% à 13 435 points et le Nasdaq se contente de 0,04% ; cela suffit pour inscrire une clôture au-dessus du seuil des 3 100 points (encore un symbole !).
Tout est orchestré pour que le scénario demeure parfaitement haussier (aucune divergence, aucune faiblesse en unité de temps horaire). C’est plus que jamais « la queue qui remue le chien ».
En d’autres termes, ce n’est pas la hausse de la confiance qui génère une embellie de l’environnement technique des marchés, c’est cet environnement « fait sur mesure » qui entretient artificiellement la confiance et assure le maintien de l’indice VIX au plus bas historique comme nous l’avons déjà mentionné.
En Europe, c’est le V-Stoxx qui tutoie ses planchers alors que l’Euro-Stoxx 50 a clôturé au-dessus des 2 700 points. La Bourse de Paris a engrangé un gain de 3% hebdomadaire mais cette envolée s’est matérialisée avec seulement six milliards d’euros échangés (sur quatre séances). C’est à notre connaissance un record en la matière, à moins de remonter 15 ans en arrière !
▪ Les marchés américains ont augmenté de 5% en un mois, mais pourquoi ?
La journée de vendredi était jugée importante du point de vue de l’éclairage conjoncturel induit par la publication de nombreux chiffres. Les plus cruciaux ont été publiés à 14h30 par le département du Travail.
Ils sont pour une fois parfaitement conformes aux attentes avec 155 000 créations d’emplois et un taux de chômage stable à 7,8% (le marché espérait un score de 7,7%).
Les chiffres de novembre ont été révisés à la hausse à 161 000 — avec beaucoup de recrutements temporaires dans le secteur de la distribution à l’occasion des fêtes — mais le taux d’emploi de la population active stagne à proximité de planchers historiques à 63,6 (inchangé sur novembre).
Ce n’est donc pas l’amélioration du marché du travail américain (ni les derniers chiffres immobiliers) qui peut expliquer une progression moyenne de 5% des indices en un mois.
Même la divulgation de certaines discussions au sein de la Fed mettant en doute l’opportunité d’une poursuite du QE3 jusqu’à fin 2013 ne sont pas parvenues à altérer la confiance de Wall Street vendredi soir.
Parce que chacun sait bien que la Fed n’a pas d’autre choix que de poursuivre son programme de rachat de dette !
Nous terminons cette chronique par un petit quizz très facile. Quel pourcentage d’emprunts à 30 ans émis par Trésor américain la Fed rachète-t-elle chaque mois ?
– Réponse A : 33%
– Réponse B : 50%
– Réponse C : 90%
Juste un tout petit indice pour vous aider : ignorez les réponses A et B qui ne concernent que les emprunts à cinq et 10 ans.