▪ Les paris allaient bon train au sujet du nom de la 100ème banque américaine à faire faillite cette année. Pas moins de sept établissements se disputaient le triste privilège d’être le numéro 100.
La FDIC (Compagnie fédérale américaine de garantie des établissements de crédit) a finalement tranché en faveur de Partners Bank. Cette toute petite entité régionale est située en Floride ; ses actifs sont évalués à 65,5 millions de dollars — à peine la surface financière d’un hedge fund de taille moyenne immatriculé aux îles Caïmans.
La FDIC a parallèlement annoncé ce week-end la déconfiture de la Flagship National Bank, de Hillcrest Bank Florida, et d’American United Bank — dont les actifs s’élevaient à un peu plus de 100 millions de dollars. Pas de quoi susciter le moindre froncement de sourcils à Wall Street ; les montants évoqués font le même effet qu’une "opération pièces jaunes".
Les indices américains ont été littéralement assommés après une heure de cotations (le S&P est passé de +1,2% à une perte symétrique de -1,25% en moins de 30 minutes). En cause : les programmes de vente déclenchés par les plus grosses firmes de courtage de New York suite à la parution d’une étude rédigée par un influent analyste de Rochdale Securities.
En effet, selon Dick Bove, spécialiste du secteur financier, une fois exclus les gains de trading et les commissions générées par les émissions massive de titres de toute nature (emprunts, actions, convertibles), les résultats des banques — notamment Wells Fargo ou Capital One — sont des plus médiocres.
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Cela faisait une dizaine de jours que nous soutenions la même thèse presque mot pour mot. Pourtant, les marchés refusaient de la prendre en considération, bien convaincus que les profits époustouflants attendus chez Google, Amazon, Apple et Microsoft suffiraient à distraire les investisseurs du problème des bénéfices en trompe l’oeil des banques commerciales.
Et comme si le renversement de tendance à la baisse reflétait la matérialisation d’une loi des séries à caractère éminemment négatif, Wall Street s’alarme soudain de rumeurs d’augmentation de capital de Bank of America. Cette dernière se voit reprocher le versement de plusieurs milliards de dollars de bonus à ses traders alors que l’établissement reste redevable de 45 milliards auprès du TARP (et donc du contribuable).
▪ En Europe, le secteur bancaire a été plombé d’entrée de jeu par l’effondrement d’ING (-18% en clôture) ; la société annonce un plan de restructuration majeur comprenant une scission de ses activités d’assurance et de gestion d’actifs. Cependant, le marché a surtout sanctionné le projet d’une émission de titres d’un montant sans précédent de 7,5 milliards d’euros, destinée essentiellement à rembourser les sommes octroyées par l’Etat néerlandais.
Au-delà des difficultés individuelles rencontrées par tel ou tel établissement de crédit de gabarit international, une chose nous préoccupe de façon plus immédiate. Il s’agit du PER moyen des valeurs du S&P 500. Sur la base des derniers résultats (aussi brillants soient-ils) publiés depuis 15 jours, le multiple de capitalisation est de 19,3 fois les bénéfices attendus au quatrième trimestre 2009.
Ce chiffre ne vous parle pas ? Aucun problème ! Nous avons ressorti une de nos petites fiches datant de début octobre 1987 sur laquelle il est inscrit que les valeurs américaines viennent d’inscrire le PER record de 19,2 fois les bénéfices… "Une pure folie", selon les spécialistes de l’époque ; ils s’alarmaient également de la dégringolade du dollar, liée au creusement du déficit commercial américain, et qui menaçait de relancer la spirale inflationniste.
▪ Ce même billet vert vient d’inscrire un nouveau plancher annuel à 1,5063/euro, alors qu’un membre du comité directeur de la Banque Populaire de Chine appelle à une accélération des opérations de conversion des réserves libellées en dollars au profit du yen et de l’euro.
L’individu, du nom de Zhou Hai, a vu ses propos repris par le très officiel China’s Financial News. Il tempère toutefois la portée de ce conseil : "ce n’est qu’un avis personnel".
Mais essayez donc d’atteindre le sommet de la hiérarchie d’une banque comptant 100 millions de clients puis d’exprimer un "avis personnel" sans recevoir l’onction des plus hautes autorités de Pékin !
Aujourd’hui, c’est un franc-tireur qui s’exprime. Si la Fed ne comprend pas le message, la Chine donnera la parole à un membre de sa banque centrale… Et si cela ne suffit toujours pas, des banquiers travaillant à Hong Kong rapporteront qu’ils ont exécuté des ventes de bons du Trésor américain pour le compte de gros institutionnels chinois — dont chacun sait bien que toute initiative en matière d’arbitrages monétaires est directement dictée par Pékin.
Si nous devons en arriver là, c’est que la coopération sino-américaine a vraiment du plomb dans l’aile et qu’un bras de fer s’est engagé de part et d’autre du Pacifique. L’administration américaine aurait beau jeu de fustiger la concurrence déloyale qui s’exerce au travers du dumping monétaire chinois… avec un yuan dont rien ne laisse transparaître qu’il s’agit de la devise d’un pays qui affiche 8,5% de croissance.
Cette distorsion qui s’éternise achève d’anéantir l’industrie dans les économies développées. Si nombre d’entreprises cotées portent encore des noms à consonance anglo-saxonnes, les usines ont depuis longtemps déserté les territoires britannique, français et américain.
▪ Le processus de délocalisation ne s’arrête pas là. Les plus grandes multinationales du secteur des services sont en effet heureuses d’annoncer qu’elles recrutent à tour de bras… mais en Inde, en Roumanie, en Malaisie, au Brésil ou en Argentine. L’essentiel des nouveaux effectifs est désormais salarié dans des pays en voie de développement.
L’hémorragie d’emplois en Occident risque de ne pas se résorber de sitôt, quand bien même la croissance atteindrait les 3% à 3,25% aux Etats-Unis de façon durable… et pas uniquement pour des raisons techniques de restockage au troisième trimestre 2009.
En France, l’optimisme encore en vogue à la rentrée s’étiole avec une nouvelle hausse de 0,8% du chômage au mois de septembre (+25% sur 12 mois). Le Premier ministre François Fillon déclarait lundi matin : "tant que nous n’avons pas retrouvé une croissance supérieure à 2%, entre 2% et 2,5%, il est très difficile de recréer de l’emploi". Il aurait pu ajouter qu’avec la flambée de la fiscalité locale qui pénalise les ménages les plus modestes, il va être très difficile d’éviter une forte contraction de la consommation.
▪ Le contribuable français n’est pas le seul à subir le poids de la hausse des besoins de financement des collectivités, sommées de trouver un substitut aux largesses de l’Etat. Les Américains redoutent — ou constatent — également une forte hausse des taxes foncières, des impôts locaux, des coûts de distribution de l’eau et de l’électricité.
Et il faudra bien que l’Etat fédéral lève les ressources nécessaires au financement de sa dette pharaonique d’ici quelques mois. A part Wall Street, qui engrange provisoirement des profits mirobolants, aucun autre secteur d’activité économique ne semble capable de supporter une soudaine hausse des impôts aux Etats-Unis… que chacun sait inéluctable.
C’est à peu près le seul domaine ou la visibilité est jugée bonne par les économistes ! Que la reprise obéisse au scénario du "V" ou du "W", le niveau des prélèvements fiscaux est appelé à progresser en 2010. Si les entreprises cotées gagnent autant d’argent que Wall Street se plait à le faire croire, nul n’émettra d’objection (sauf les ultra-libéraux du parti républicain) à ce qu’elles soient mises à contribution en ces temps difficiles.
▪ Symptôme d’une soudaine aversion au risque (celui d’une croissance incertaine), le dollar a soudainement rebondi lundi de 1,506/euro (nouveau plancher annuel) vers 1,4840/euro. Le pétrole a rechuté symétriquement de 3% vers 78,3 $, contre 81 $ à l’ouverture du NYMEX.
L’impact sur les indices boursiers a été étourdissant. Les places européennes sont passées d’un gain de 0,8% vers 16h à une perte de 1,8% en clôture — soit un écart en valeur absolue supérieur à 2,5%. A Wall Street, les opérateurs ne vont pas pouvoir s’accrocher longtemps à la thèse de l’accident de parcours : c’est le troisième renversement de tendance consécutif à la baisse qui se produit en intraday en l’espace de quatre séances.
Il faudrait être bien naïf pour imaginer que trois corrections supérieures à 2% en valeur absolue sont le fruit du hasard et constituent une opportunité d’achat. N’oubliez pas que l’euro vient de gagner 10% en sept mois, et l’Eurofirst 300 +60%. Vu de Wall Street, cela fait un gain de 70%… équivalent à celui du Nasdaq. Un test des 4 000 sur le CAC 40 n’est d’aucune utilité !