Par Simone Wapler
L’once d’or a dépassé les 1 000 $ cette semaine. A court terme, rien ne justifiait cet emballement :
– le dollar ne va pas si mal, l’US Dollar Index — qui mesure la valeur du dollar contre un panier de devises est plus haut qu’au début du moins dernier ;
– le pétrole était revenu autour de 70 $ le baril à New York et sous 67 $ à Londres, moins cher que les 75 $ de la fin du mois d’août ;
– aucune ombre d’inflation à l’horizon proche : la consommation des ménages américains est amorphe. Les salaires baissent sous la pression du chômage ;
– les taux directeur ne peuvent pas descendre en dessous de zéro.
Ce qui a probablement mis le feu aux poudres, c’est une petite phrase d’un cacique du parti communiste chinois. Cheng Siwei, est sorti de l’ombre dimanche et a dit que Beijing était "consterné par le recours aux mesures non conventionnelles… L’attitude de la Fed oblige la Chine à revoir sa politique de réserves monétaires".
Jusque-là, confrontée à l’épineux problème de se débarrasser sans en avoir l’air du dollar, la Chine avait multiplié les biais :
– stockage massif de matières premières
– échange swaps avec d’autres pays émergents, ce qui permet d’éliminer le dollar du circuit.
Mais les cuves de pétrole sont pleines… Reste donc l’or, la relique barbare selon Keynes. On va probablement apprendre d’ici quelques semaines que la Banque centrale chinoise a fait quelques emplettes.
Et après les 1 000 $ ?
Comme rien de ce qui a propulsé l’or de 400 $ en 2004 à 1 000 $ n’a changé, les 1 000 $ ne sont qu’une étape.
L’or est d’abord le flic du dollar et le flic nous dit que trop c’est trop. Mais comme l’administration Obama doit encore imprimer beaucoup de dollars pour perfuser l’économie, le chemin de l’or est assez facile à deviner à moyen terme : la hausse. Le flic n’aime pas qu’on persiste.
La hausse sera à la mesure de la tromperie du dollar : une monnaie étalon, émise par un pays qui ne possède plus depuis longtemps le monopole d’être à la fois le plus gros exportateur et importateur. C’est un bout de papier qui vaut simplement la confiance que l’on accorde à son signataire. Il possède l’avantage exorbitant de garantir la plupart des autres monnaies fiduciaires, puisqu’il sert de réserve.
Mais quelle confiance accorder à un Etat dont l’économie décline et qui est endetté à hauteur de 64% de sa production annuelle de richesse ? Pas tripette, estime le Parti communiste chinois.
Le plus drôle c’est que, pour une fois, la baisse du dollar est venue après celle de l’or. D’habitude, c’est l’inverse.
Faites donc comme les camarades capitalistes : ne boudez pas l’or, il est loin d’avoir dit son dernier mot.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora