Par Simone Wapler (*)
L’économie est une science, puisque les économistes le disent. Mais c’est une science molle, humaine, pas tout à fait exacte.
L’inflation va-t-elle décoller puisque les banques centrales ont fait surchauffer les planches à billets ? Non répondent les économistes (et les imprimeurs de monnaie papier) à cause de l’excédent de capacité productive.
Nous ne sommes pas de cet avis.
L’excédent de capacité productive ou output gap
Il s’agit de l’écart entre la production observée à un moment et la capacité de production à plus long terme. Or, il ne vous a pas échappé que nous étions en décroissance. Donc les capacités de production de biens et de services sont aujourd’hui sous exploitées. Par conséquent, jugent la majorité des économistes, lorsque la demande va reprendre, il n’y aura aucune pression sur les prix de production (les chaînes seront remises en service) et les salaires (il faudra absorber les chômeurs).
Pourquoi l’output gap ne marche pas en cas de crise
Mais ce beau raisonnement tient à une hypothèse : la demande d’après crise ou de reprise est la même que celle d’avant la crise. Bref, c’est comme si… il n’y avait pas eu de crise.
Déjà, lors de la récession qui avait suivi les chocs pétroliers des années 1970, l’output gap avait été surestimé à 10%. D’où la politique monétaire laxiste menée à l’époque. En fait, l’inflation avait fait rage car, bien sûr, l’industrie s’était réadaptée et les moyens de production transformés.
Aujourd’hui, on sait que les voitures qui seront commandées lorsque nous sortirons de la crise ne sont pas les mêmes que celles de 2007. Par exemple, l’output gap ne devrait pas prendre en compte les chaînes de production inadaptées de General Motors ou de Toyota. Les Hummers et autres 4 x 4 ne survivront pas. Beaucoup d’autres équipements industriels devraient être rayés de la liste.
La mesure de cet écart est donc contestée. Ainsi l’OCDE l’estime à plus de 4%, tandis que la Deutsche Bank le voit nul.
Si la Deutsche Bank a raison, comme nous le pensons, l’inflation va se réveiller même en l’absence de croissance. Un schéma sinistre …
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.