▪ La volatilité sur les marchés n’a eu que peu d’effet sur la demande globale de nourriture. Cette demande a permis à beaucoup de sociétés de ce secteur de faire état de profits record.
C’est, à mon avis, exactement le type d’investissement que vous devez rechercher dans ces conditions de marché difficiles. Le boom de l’agrobusiness est une formidable opportunité pour générer des profits à une époque de grande incertitude.
Non seulement les populations sont en augmentation permanente, mais les consommateurs de la classe moyenne dans les marchés émergents ont développé un goût nouveau pour la viande.
Cette possibilité d’avoir du choix dans l’alimentation a eu pour conséquence une plus grande demande pour le bétail nourri au maïs, ce qui a entraîné, dans une large part, les hausses des récoltes. Et si vous incluez les nouvelles demandes en biocarburants, les récoltes sont maintenant utilisées pour la nourriture des animaux, des humains, et pour le fioul.
▪ Le siècle de la faim…
C’était le titre du New York Times, il y a quelques mois. La croissance rapide de la production à la fin du 20e siècle a tant ralenti que l’offre ne suit plus la demande. Trois facteurs ont contribué à cette situation : une démographie galopante, l’enrichissement des pays pauvres, les changements climatiques. Je pourrais en ajouter un quatrième : la spéculation des marchés financiers.
La consommation des quatre aliments de base de l’humanité (blé, riz, maïs, soja) a parfois dépassé leur production sur une année. De ce déséquilibre sont nées des augmentations de prix parfois considérables, comme du simple au double.
▪ … et des crises
Après des décennies de baisse, le nombre de personnes qui ont faim dans le monde est de nouveau en hausse. Il ne faut pas en sous-estimer les retombées géopolitiques. La famine est en aggravation, déstabilisant de nombreux régimes politiques, comme vous l’avez vu en Haïti, au Yémen. N’oubliez pas le rôle joué par les prix alimentaires dans les révolutions arabes. Et regardez ce qui se passe dans la corne de l’Afrique et en Somalie, où la distribution de nourriture est devenue un enjeu pour les factions en conflit. Ce n’est pas un hasard si le prix Nobel de la paix avait été décerné en 1970 à un ingénieur agronome, attestant ainsi de l’importance de la capacité alimentaire mondiale pour prévenir les conflits.
Avec de plus en plus de révoltes sociales dans le monde, beaucoup de gouvernements vont tomber, beaucoup de pays vont s’effondrer, parce qu’ils vont avoir de sérieux problèmes avec les crises alimentaires consécutives aux crises agricoles. Les gens ne vont pas manifester dans la rue quand le prix du cuivre est en hausse, parce qu’ils ne le savent pas, ou bien qu’ils n’y font pas attention. Mais si le prix du sucre, ou du riz, ou du blé s’envole, tout le monde le sait immédiatement, et la colère gronde ce même jour.
C’est en partie ce qui est arrivé au Moyen-Orient. Ça va continuer. Nous aurons probablement de plus en plus de révoltes sociales et de déstabilisations des pays. Car les doutes quant à l’avenir de l’approvisionnement alimentaire du monde se font croissants. Dans les décennies qui viennent, les producteurs agricoles devront affronter les chocs climatiques et doubler la quantité de nourriture qu’ils produisent, tout en réduisant les dommages à l’environnement qu’ils créent. La quadrature du cercle ?
Les agriculteurs ont cependant montré ces dernières années qu’il était possible de rendre les cultures plus productives (grâce au machinisme, aux engrais, à des systèmes d’irrigation) et plus résistantes aux aléas du climat. La hausse des prix agricoles les incitent à poursuivre dans cette voie.
▪ Une opportunité qui ne fait que commencer
Les moteurs de la croissance de la demande de long terme demeurent inchangés :
– croissance démographique : ce moteur est indépendant d’une éventuelle récession. Chaque année, il y a environ 80 millions de nouveaux habitants à nourrir sur la planète ;
– modification des habitudes alimentaires ;
– biocarburants.
Quels sont les catalyseurs ?
– la hausse des revenus ;
– la rareté des terres arables ;
– le haut potentiel de consolidation tout au long de la chaine de valeur ;
– le besoin d’investissements dans les infrastructures.
Nous verrons la suite dès demain…