▪ Tout a commencé à Tokyo hier matin. Le net recul du yen (sous 3 $) a fait littéralement flamber le Nikkei (+2,65%) alors que la situation à Fukushima reste hors de contrôle. Le périmètre de sécurité vient d’être étendu. Mais tant que le compteur Geiger ne se met pas à crépiter frénétiquement dans les salles de marché de la capitale, rien ne saurait compter davantage que la parité dollar/yen.
Nous sommes à 48 heures de la fin de l’année fiscale 2010/2011. Elle s’achève par la pire catastrophe sismique des 100 dernières années et un déficit budgétaire qui semble tout aussi hors de contrôle que la centrale de Fukushima.
Soyons un peu compatissants. Il faut se réjouir qu’après avoir perdu leur maison ou des membres de leur famille, des centaines de milliers de Japonais ne voient pas également leur épargne partir en fumée sous les coups de boutoir de spéculateurs sans scrupules.
Il n’est pas certain que le rebond des indices boursiers depuis 10 jours relève de procédés et d’intentions plus honnêtes. Le rebond de Wall Street ressemble à un curieux mélange de potion magique et de génie sorti de sa lampe.
L’évolution des cours de Bourse semble avoir autant de lien avec le réel que le prélèvement du tiers provisionnel (ou de l’ISF) avec les phases de la lune.
L’Asie a donné le ton. Wall Street ne veut pas être en reste. Les places européennes ont pris 0,9%, les indices américains apparaissent déterminés à grimper d’autant.
Avec +0,85% à la mi-séance, le Dow Jones n’est plus qu’à 0,1% de son record annuel du 18 février dernier (12 390 points). Le S&P (+0,85%) refranchit les 1 330 points (zénith de début mars) et le Nasdaq s’attaquait aux 2 780 points.
Malgré l’absence de volume, les indices boursiers matérialisent collectivement l’ouverture d’un gap haussier. Il surgit après cinq séances de progression consécutives, sans la moindre consolidation intermédiaire.
▪ Après avoir parié sur un QE3, sur l’amnésie des marchés concernant les guerres, l’insolvabilité des Etats, la catastrophe nucléaire de Fukushima, voilà que surviennent les achats tactiques de fin de trimestre. Ils sont destinés à doper artificiellement la performance des portefeuilles.
Tout va tellement mieux dans le monde depuis le 11 mars. Chacun mesure bien à quel point tous les heureux événements que nous avons relatés depuis 15 jours constituent une opportunité historique de miser sur un avenir radieux… à quelques millions de becquerels près.
La Bourse de Paris a engrangé 0,9% à 4 024,4 points, confortablement installée dans sa tendance haussière qui perdure depuis 10 séances (dont neuf de hausse). Le CAC 40 a repris 9% depuis le 16 mars. L’Euro Stoxx 50, quant à lui, rajoute 0,88% à un cumul de gain qui avoisinait déjà 8% la veille.
La hausse de Wall Street invite à s’extasier sur la parfaite similitude des algorithmes qui pilotent les indices à la hausse de part et d’autre de l’Atlantique.
▪ Les indices n’ont pas bronché lors de la publication du rapport ADP sur l’emploi américain qui constitue une petite déception. Notons tout de même que Francfort s’envole de 1,75%.
Selon l’enquête, 201 000 postes ont été créés dans le secteur privé au mois de mars, au lieu de 205 000 à 210 000 attendus par les analystes. Et ne c’est pas tout. Le score du mois de février a été révisé en baisse de 5% à 208 000 (contre 217 000 initialement).
Mais aucun mauvais chiffre ne saurait faire reculer Wall Street. Il ne reste plus, selon d’éminents experts, qu’à attendre que les vrais acheteurs (gérants, particuliers) ne se laissent pas gagner par la peur de rater la hausse.
C’est encore loin d’être le cas. Les volumes d’échanges restent très étroits — 3,1 milliards d’euros à Paris. C’est bien peu pour un gain de près de 1%.
C’est d’ailleurs tout le paradoxe de la remontée de Wall Street depuis 15 jours. Plus les cours montent, moins il y a d’acheteurs. Pendant ce temps, les vendeurs les laissent venir et s’abstiennent de freiner la hausse.
C’est une sorte de jeu de cache-cache — ou peut-être devrions-nous dire de dupes ? — où le but ultime semble de ne pas opérer à contre-tendance. De telle sorte que le marché se vide de ses acteurs dès qu’une tendance devient trop lisible.
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