▪ Voilà que les robots algorithmiques remettent ça. Ils truquent l’évolution des indices, font perdre leurs repères aux investisseurs qui suivent anxieusement les dépêches. Malheureusement, ce ne sont que de mauvaises nouvelles qui sont tombées tout au long de cette séance de mercredi.
Les scores boursiers observés hier en clôture sur les places européennes constituent une véritable provocation. C’est un bras d’honneur à l’actualité du jour, une démonstration de force des manipulateurs d’indices. Un nouveau déni totalement assumé de la réalité.
Nous soupçonnons que ceux qui ont tordu le bras à la tendance le font en toute connaissance de cause. En effet, ils font déjà le pari que la Fed prépare un nouveau miracle.
Plus les heures passaient, moins l’amplification de la hausse des indices trouvait une explication qui tenait la route. Pas une seule nouvelle rassurante, pas une seule statistique positive à se mettre sous la dent. Pourtant, le Dow Jones qui avait démarré en repli de 0,5% progressait d’autant en clôture. Le Nasdaq perdait 0,8% puis en gagnait 0,55% au final, tutoyant les 2 700 points.
Le plus étrange — le terme est faible — c’est que le redressement des indices américains s’est amorcé juste après la publication de l’une des pires statistiques immobilière de l’histoire des Etats-Unis : une rechute inattendue de 17% des ventes de logements neufs, à un niveau plancher de 250 000 ventes par an.
Inspirée par l’embellie miraculeuse qui se dessinait à Wall Street, la Bourse de Paris a terminé en hausse de 0,5% à 3 913 points dans d’étroits volumes (trois milliards d’euros). Elle a enchaîné les incursions en territoire négatif, sous l’impact de la tension des taux au Portugal. N’oublions pas non plus les chiffres macro-économiques détestables (inflation, récession en Angleterre et aux Etats-Unis). Et surtout un climat géopolitique tendu avec un attentat contre un bus à Jérusalem.
Ajoutons que les dernières infos en provenance du Proche-Orient confirment que la situation reste toujours aussi explosive au Bahreïn. Les hostilités redoublent en Libye avec de nouveaux affrontements à l’arme lourde dans le cadre d’une attaque menée par les troupes fidèles au Colonel Kadhafi. N’oublions pas non plus la déclaration de l’état d’urgence au Yémen.
N’importe lequel de ces motifs aurait pu suffire à justifier un repli prudent des marchés. Il faut y rajouter des inquiétudes grandissantes sur le refinancement des PIGS. Elles inspirent un scénario catastrophe à l’agence de notation Standard & Poors qui redoute une série de défaillances en cascade. Tout cela avant même que les Européens soient parvenus à un accord sur la mise en oeuvre du MES (mécanisme européen de soutien aux pays en difficulté) prévu pour début 2013
▪ Parmi les sujets totalement évacués du paysage boursier, il y a aussi la phase préparatoire des nouveaux stress tests appliqués aux banques. D’après la plupart des commentaires que nous pouvons lire, ils sont déjà considérés comme une mascarade. La pire hypothèse consisterait dans une récession de 0,5% en Zone euro.
Aucun défaut de paiement de dettes souveraines n’est pris en compte. Pas plus, d’ailleurs, que le risque associé aux émissions obligataires des établissements de crédit des pays périphériques.
L’inflation n’est même pas évoquée dans le scénario, alors que le pétrole franchit les 106 $. Mais rien n’y fait. Les marchés montent comme s’ils évoluaient dans une dimension parallèle… et pas un commentateur ne s’étonne de ce petit miracle !
Face aux signaux précurseurs d’une rechute conjoncturelle, font-ils déjà le pari d’un QE3 ?
La rumeur qui aurait — le conditionnel s’impose — fait grimper Wall Street mercredi soir, c’est celle de la double injection de 300 milliards de dollars pour financer la reconstruction du pays et relancer la croissance. C’est-à-dire l’équivalent du QE2 de 600 milliards de dollars de la Fed.
Eh bien voilà, il n’y a qu’à imprimer de la dette !
Qui va l’acheter ? Mais le marché voyons !
▪ Et qui se soucie des fuites radioactives de la centrale de Fukushima ? Les émissions du réacteur numéro deux sont à leur paroxysme depuis le 12 mars, l’eau impropre à la consommation à Tokyo… Des informations devenues purement anecdotiques ?
La plus grande catastrophe nucléaire de l’Histoire avec des matériaux mortellement radioactifs (ils ont des cycles de nocivité de 250 000 ans et plus) qui ne peuvent en aucun cas être déplacés après leur fusion, les médias occidentaux en parlent moins. C’est comme si c’était déjà du passé !
Tout ne serait donc plus qu’une affaire de gros sous. Wall Street s’imagine déjà que le Japon viendra se fournir en priorité aux Etats-Unis plutôt qu’en Corée — voisine de quelques centaines de kilomètres — ou en Chine (le plus gros outil industriel au monde, tout proche également des côtes ouest nippones).
▪ La hausse de Wall Street survenue hier soir a choqué beaucoup d’internautes aux Etats-Unis. Ils ne comprennent pas la finalité d’une remise en route des algorithmes haussiers, avec une superbe progression linéaire comme seuls les « robots » sont capables d’en générer.
Une nouvelle flambée du pétrole se profile ; gare à la chute du pouvoir d’achat. Les sans-abri japonais (les personnes âgées principalement) meurent discrètement par centaines. La guerre en Libye a fait des centaines de morts hier. Des émeutes éclatent en Syrie. Le Portugal est en crise (M. Socrates a jeté l’éponge et démissionne). Israël renoue avec les heures les plus sombres du terrorisme aveugle. La santé insolente — et artificielle — des indices américains n’apparaît pas seulement anachronique… elle en devient obscène !
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