▪ La canicule climatique qui s’étend sur le nord de l’Europe trouverait-elle une concordance sur les marchés avec l’instauration d’une canicule boursière ?
Ce serait très exagéré en ce qui concerne le CAC 40 qui plafonne depuis le 20 avril sous les 4 030 points. En revanche, c’est beaucoup plus pertinent en ce qui concerne le métal précieux : l’or aligne une huitième séance de hausse consécutive et un sixième record historique d’affilée, à 1 519 $. L’argent-métal s’envole quant à lui de 2% et flirte désormais avec les 50 $ (contre 40 $ fin 2010).
Un véritable mois de « juillavril » pour les substituts favoris des investisseurs qui fuient le dollar !
Les seconds substituts, les actions, se sont en revanche comportés de manière plus mesurée. Wall Street termine la première séance de la semaine sur une note de quasi-stabilité si l’on fait la moyenne des valeurs industrielles ou financières et des technologiques.
Le Dow Jones, qui reculait de 0,22%, efface simplement ce qui fut gagné de façon très artificielle au cours du dernier quart d’heure vendredi dernier. L’indice historique avait été arraché à la hausse d’une trentaine de points au cours de la dernière demi-heure. Il a ainsi inscrit un score final supérieur à 12 500 points, pour terminer la semaine au plus haut à 12 506 points.
▪ La manipulation des cours ne prend même plus la précaution de rester discrète ou de s’inspirer d’une actualité concrète qui justifierait d’inscrire in extremis de nouveaux records annuels.
La démonstration de force à la veille du long week-end de Pâques ne visait qu’à permettre une chose : tirer le meilleur parti d’arbitrages qui s’auto-alimentent et ne sont destinés qu’à servir les intérêts d’un public d’initiés.
Cette hausse s’inscrivait une fois de plus dans une ambiance de déni délibéré et résolu de l’environnement macro-économique. Les mauvaises statistiques, les signaux politiques internes alarmants et le déficit budgétaire américain sans solution n’alarment pas les marchés. On préfère privilégier le seul aspect micro-économique des résultats trimestriels.
La meilleure preuve de cette manipulation parfaitement assumée, c’est que le Dow avait reperdu 20 points dès les premières secondes qui avaient suivi la clôture du 21 avril.
▪ C’est également un repli de 20 points qui a conclu la séance de lundi, caractérisée par des volumes hyper étroits. Tout est demeuré sous contrôle, notamment la volatilité qui constitue l’une des clés des stratégies poursuivies par les initiés au jour le jour.
L’indice Standard & Poor’s n’a lâché que 0,16%, à 1 335 points, après avoir fluctué entre 1 331 et 1 338. Le Nasdaq a grappillé 0,2% à 2 825,9 points ; cela semble insignifiant mais cette poignée de points a permis à l’indice électronique de combler le gap des 2 823,65 points resté béant depuis le 18 février dernier.
Cet indice pourrait très rapidement rétrograder sous les 2 820 points car le marché devra se préoccuper à un moment ou un autre de la « soutenabilité » du taux de progression des bénéfices annoncés au premier trimestre 2011.
Signe que la hausse artificielle des cours n’a peut-être comme seule vocation de pièger les « suiveurs », Wall Street n’a pas tiré parti d’un rebond inattendu de 11% des ventes de logements neufs. Le dollar non plus d’ailleurs ; il est resté ancré à proximité de ses planchers annuels, c’est-à-dire 1,46/euro.
▪ Les investisseurs vont maintenant focaliser leur attention vers la Fed qui entame sa réunion de politique monétaire ce mardi. Elle la conclura par une conférence de presse, un peu à la manière de la BCE. Il s’agit de la première du genre pour Ben Bernanke — mais tout le monde sait que son discours lui est dicté à la virgule près par ses principaux actionnaires, c’est-à-dire la quatrième ou cinquième plus influente banque de Wall Street.
Les spécialistes n’attendent d’ailleurs aucune annonce spectaculaire (tiens, tiens… ils semblent bien informés !). Ils continuent de parier que la Fed ne modifiera pas son taux directeur avant avril… 2012.
Autrement dit, la BCE pourrait avoir porté le repo [repurchase agreements, ou accords de rachat, NDLR] à 2% ou 2,25% avant que la Fed lève le petit doigt pour porter le taux « Fed fund » de 0,25 à 0,5%.
▪ C’est ce que Jean-Claude Trichet appelait « prendre son temps », jeudi dernier sur BFM, au sujet de banques centrales qui marquent peu d’empressement (un doux euphémisme) à « ancrer les anticipations inflationnistes ». Sous-entendu : celles qui ne visent pas à crédibiliser leurs devises et à rassurer leurs créanciers… voire qui se fichent complètement d’en préserver la valeur, tant l’ampleur de la dette plaide en faveur d’une décrue de la devise plus ou moins bien contrôlée à moyen terme.
Les acheteurs d’or et de métaux industriels ou semi-précieux peuvent en revanche dormir sur leurs deux oreilles. Quant aux détenteurs de dollar, ils peuvent continuer de miser sur un retracement des planchers historiques face à l’euro (1,61) au cours des 12 prochains mois.
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