Par Frédéric Laurent (*)
La Russie s’achète la presse européenne…
Bonne ou mauvaise, nous vivons une drôle d’époque. Qui aurait pensé, il y a quelques années, que l’un des fleurons de la presse anglaise, l’Evening Standard, fondé en 1827, seul quotidien payant du soir à Londres, passerait un jour aux mains d’un ancien du KGB ?
On savait la presse internationale en difficulté, mais de là à ce qu’un oligarque russe devenu milliardaire s’offre un quotidien outre-Manche… On sait que les grandes fortunes russes ont déjà acquis une série de sociétés en Grande-Bretagne, comme le club de football Chelsea détenu par Roman Abramovitch. Mais le rachat d’un quotidien est une grande première.
La société Evening Press, détenue par M. Lebedev et son fils, Evgueny Lebedev, obtiendra "une part majoritaire" du journal en difficulté financière pour "une somme symbolique", a annoncé le propriétaire du quotidien, le Daily Mail & General Trust(DMGT), qui conservera une part de 24,9% dans le titre. L’homme d’affaires de 49 ans, ancien collaborateur du KGB du temps de l’URSS, a réaffirmé qu’il se garderait d’influencer la ligne éditoriale du titre britannique et qu’un nouveau comité éditorial préservera le principe de l’indépendance éditoriale.
L’essentiel de la fortune de l’homme d’affaires russe, considéré comme une personnalité relativement indépendante du pouvoir, est constitué par ses participations dans la banque russe NRB, dans des compagnies d’assurances et d’aéronautique. Il est aussi l’un des principaux actionnaires de la compagnie aérienne russe Aeroflot. Le journal tire à 287 000 exemplaires et avait subi une concurrence directe par le lancement d’un quotidien du soir gratuit par le groupe Murdoch. Cette transaction aurait été autorisée par le Kremlin, assure The Guardian.
Coïncidence amusante, cette reprise intervient quelques jours après l’accord donné par la justice française à la reprise par Alexandre Pougatchev, fils de l’oligarque russe Sergueï Pougatchev, de France Soir, ex-titre phare de la presse française aujourd’hui moribond. Après avoir tiré à un million d’exemplaires dans les années soixante, le journal présente une diffusion de 23 000 exemplaires et Pougatchev, par l’intermédiaire du fonds d’investissement Sablon International qu’il dirige, devrait monter au capital de France Soir à hauteur
de 85%.
Freddie, Fannie, le retour
Comme il fallait s’y attendre, voici la suite de l’histoire de Fannie et Freddie. Aujourd’hui, tout est simple quand on est une grosse institution : quand on a un problème de trésorerie, on demande une rallonge.
Ainsi, Fannie Mae va demander jusqu’à 16 milliards de dollars au Trésor américain — rassurez-vous, il s’agit juste de rééquilibrer son bilan. Freddie Mac, un peu plus gourmand, a redemandé 30 à 35 milliards de dollars au Trésor après avoir déjà obtenu une première tranche de 13,8 milliards.
Pour Fannie, cette somme sera puisée dans la ligne de crédit de 100 milliards de dollars qu’avaient précisément prévus les pouvoirs publics pour faire en sorte que les actifs du groupe restent toujours au moins égaux à son passif. Le montant nécessaire sera déterminé une fois finalisés les comptes de l’organisme pour le quatrième trimestre et pour l’ensemble de l’exercice 2008, a indiqué Fannie Mae dans un communiqué. Pour mémoire, Freddie Mac a subi au troisième trimestre une perte nette de 25,3 milliards de dollars, multiplié par plus de vingt en un an. Fannie Mae a fait pire encore, avec un déficit de 28,9 milliards de dollars.
Fannie essaye de justifier cette demande, par l’augmentation de ses provisions et des dépréciations de la valeur de certains actifs dans ses comptes. Les comptes du quatrième trimestre n’ont pas été publiés et devraient l’être prochainement. Ils devraient bien nous amuser, et nous les attendons de pied ferme. Mais un homme averti en valant deux, préparons-nous quand même au pire.
Mais si, dans cette situation vous n’avez toujours pas acheté d’or, c’est à désespérer. Il vous faut vite y remédier.
Meilleures salutations,
Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora
(*) Diplômé d’un DESS de Gestion Internationale de Fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et de gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier – bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en intervenant régulièrement dans la rubrique Patrimoine de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine.