Par Jean-Claude Périvier (*)
Comment contribuer à relancer l’économie mondiale sans donner une place prépondérante aux moyens de communications entre les pays pour véhiculer les informations, les personnes, et les marchandises ? Tous les gouvernements du monde concernés par la relance économique ont répondu à cette question en s’engageant à financer les infrastructures de transports. Parmi ceux-ci, il en est un qui, en plus, concilie les nouvelles contraintes environnementales : le chemin de fer. Vous n’aurez pas manqué de remarquer que, dans le plan de relance français, les nouvelles lignes (TGV en l’occurrence) occupent une place de choix. Mais c’est aussi le cas pour les chemins de fer chinois, au Japon, en Corée, en Amérique du Sud, et même… aux Etats-Unis.
Vous n’y avez peut-être pas prêté attention, mais le scrutin présidentiel aux Etats-Unis est accompagné d’une série d’autres votes. Eh bien, en Californie, il y avait un référendum au sujet d’un TGV entre San Diego et San Francisco. Et le "oui" l’a emporté en faveur de cette ligne qui entrera en service en 2015, au prix d’un investissement de 41 milliards de dollars.
Warren et Carl prennent le train
Warren Buffett et Carl Icahn sont deux célèbres investisseurs, dont les méthodes sont très différentes. Warren Buffett est classiquement un tenant de l’investissement de long terme dans les entreprises où il prend pied (cinq ans est pour lui un horizon de court terme). A l’opposé, Carl Icahn joue plutôt le court terme, poussant le management à des opérations carrément brutales pour générer de la valeur pour l’actionnaire qu’il est, puis quittant la société en empochant sa plus-value.
Warren et Carl ont cependant un point commun : ils ont investi dans le transport ferroviaire, le premier dans Burlington Northern Santa Fe, une des principales compagnies américaines, le second dans The Greenbrier Company, un fabricant de wagons. Il n’est pas surprenant que ces deux investisseurs de légende aient trouvé un intérêt soudain pour le ferroviaire. Récession ou pas, il faut transporter les marchandises au plus près de leur destinataire final et à moindre coût. Pour le fret, le coût de transport par fer est un des plus bas. Les chemins de fer doivent lourdement investir dans les infrastructures et les wagons, sous peine de ne pas tenir leurs objectifs. Et les passagers reprennent goût au train, qui normalement ne présente pas les mêmes impondérables que l’avion ou la voiture, à un coût attractif.
Sans doute les deux investisseurs ont-ils en outre constaté que le système ferroviaire américain était dépassé, les trains roulant à la même vitesse qu’il y a cent ans. Et donc que beaucoup, beaucoup d’argent allait y être investi. Les deux compagnies, comme leurs concurrentes d’ailleurs, ont vu leur cours considérablement baisser (50%) dans la débâcle de 2008, mais un rebond significatif est amorcé depuis un mois environ.
De nombreux acteurs
Par un curieux retour de fortune, le transport ferroviaire est appelé à se développer. De plus en plus de marchandises utiliseront ce moyen qui s’avère efficace en termes de dépense énergétique, la volonté étant de contenir la flotte de poids lourds sur les routes engorgées où ils détériorent les infrastructures. Les passagers ne cachent pas leur engouement également, confort et prix étant au rendez-vous. Dans les deux cas, il y a aussi matière à satisfaire les aspirations écologiques. Les trains peuvent être propulsés par la puissance électrique, à base d’énergies renouvelables.
Les compagnies ferroviaires accessibles à l’investisseur boursier ne sont pas très nombreuses et plutôt situées sur le continent nord-américain. Outre les cibles choisies par Warren et Carl, vous pouvez regarder du côté de Canadian Pacific, Canadian National Railways, ou Union Pacific Corp.
Ce sont des valeurs intéressantes, et vous ne pouvez pas vous tromper en suivant les traces de nos deux célèbres compères investisseurs, si vous souhaitez le faire. Il n’y a aucun doute qu’elles profiteront du plan de relance de Barack Obama. Ce ne sont toutefois pas les recommandations que j’ai proposées aux lecteurs de Défis & Profits ; comme pour l’industrie pétrolière où je préfère me détourner des majors pour m’intéresser aux équipementiers, j’aime bien les entreprises qui fabriquent quelque chose.
Depuis 30 ans maintenant, les chemins de fer du monde entier ont entrepris leur rénovation et leur modernisation. Pour mener à bien cette mission, ils ont fait appel à des entreprises qui ont aujourd’hui une renommée planétaire : Alstom, Siemens ou le canadien Bombardier par exemple, produisent des rames ou des équipements pour tous les pays.
Aux Etats-Unis, il y a Freightcar America, Trinity Industries, et American Railcar Industries qui fabrique des wagons. Encore de bons choix pour un investisseur de long terme. Toutes ces sociétés ont vu leur cours divisé par deux environ en 2008 (sauf Rail qui n’a perdu "que" 30%), ce qui est assez remarquable de cohérence. Toutefois, j’en ai trouvé une qui a bien résisté, qui est profitable, bien gérée, et plus près de chez vous.
[NDLR : Vous pouvez encore vous positionner sur cette pépite aux perspectives très prometteuses : continuez votre lecture pour découvrir comment…]
Meilleures salutations,
Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora
(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.