** Pauvre Adolf Merckle. Le magnat devait en être à son dernier milliard. Il a été "brisé" par la crise du crédit, affirme le Financial Times. Il a écrit un mot d’adieu et s’est jeté sous l’express de 7h30 à destination de Munich.
* Pour autant que nous en sachions, l’effondrement mondial a effacé jusqu’à 30 000 milliards de dollars, selon un chiffre que nous avons vu, mais relativement peu de vies. Cela fait une comédie… non une tragédie.
* Dommage pour Herr Merckle. Il n’a pas apprécié l’humour de la situation.
** Le moment est bien choisi pour reprendre nos réflexions sur ce qui se passe dans les marchés mondiaux et ce que nous devrions en attendre.
* Tout semblait trop simple, il y a quelques jours. Et ça l’était. Trop simple.
* Les marchés mondiaux ont entamé une correction majeure. Les gouvernements de la planète — menés par les Etats-Unis — sont déterminés à l’arrêter. Ils veulent que les gens dépensent comme si leur vie en dépendait. Mais les gens agissent comme si leur vie était déjà perdue. Au lieu de dépenser, ils commencent à épargner.
* On apprend qu’il y a plus d’emplacements disponibles, dans les centres commerciaux, qu’à tout autre moment de ces dix dernières années. Les centres commerciaux sont des endroits où les consommateurs achètent des choses. Les jours de convoitise sont terminés. Par conséquent, on a besoin de moins de surface pour la vente au détail.
* Mais s’ils achètent moins de choses, on a besoin de moins de gens pour vendre des choses… fabriquer des choses… transporter les choses… compter les choses, et ainsi de suite.
* "Les lettres de licenciement s’accumulent", rapporte l’agence Associated Press. Les employeurs ont supprimé près de 700 000 emplois en décembre. On pense que le total pour l’an dernier, lorsque tous les chiffres auront été pris en compte, sera d’environ 2,4 millions. Mais les pertes d’emploi ne dont que commencer. Ce n’est qu’à la fin 2008 que la plupart des entreprises se sont rendu compte qu’elles étaient dans le pétrin. Les véritables pertes d’emploi arriveront cette année.
* Le taux de chômage US en novembre était d’environ 6,7%. En décembre, il était censé atteindre les 7% à peu près. Si l’on ajoute à ce chiffre tous les gens qui ont abandonné la recherche d’emploi, on grimperait à près de 12%. Mais même cela semblera le plein emploi après que le tsunami de licenciements aura frappé cette année.
* Puisque tant d’Américains vivent sans réserves substantielles — sans épargne — la pression augmentera pour que messieurs Obama et Bernanke "fassent quelque chose". Que peuvent-ils faire ? Dépenser de l’argent.
* "Le déficit américain en route pour atteindre un record depuis l’après-guerre", rapporte le Financial Times. On apprenait hier que selon Obama, les déficits "dépasseront les 1 000 milliards de dollars". Une estimation parle de 1 200 milliards en 2009. Nous en avons vu d’autres à 1 500 et même 2 000 milliards de dollars.
* Ce qu’ils essaient de faire, c’est deux choses : remplacer les dépenses privées par des dépenses publiques… et causer une hausse des prix à la consommation.
* Mais remplacer les dépenses privées par des dépenses publiques est une tâche qui, à elle seule, aurait fait tituber Hercule. Par le passé, le monde pouvait compter sur le consommateur américain comme pigeon de dernier recours. Il n’avait pas d’argent. Tout de même, lorsqu’une économie ralentissait, il continuait à dépenser — achetant à crédit. L’économie mondiale toute entière en est progressivement venue à dépendre de lui. Mais voilà qu’il a cessé d’emprunter ; au cours des 12 derniers mois, les prêts à la consommation nets se sont effondrés. N’ayant ni revenus supplémentaires ni nouveau crédit, il a dû cesser d’acheter. Et sans achats des consommateurs américains, l’économie se meurt dans un fossé.
* Bien entendu, les équipes de secours américaines sont sur le pied de guerre. Mais si le gouvernement veut sauver les ménages US, il doit pratiquement sauver tous les fabricants de gadgets en Chine… tous les centres d’appels en Inde… toutes les plantations de caoutchouc en Malaisie… tous les viticulteurs de Bordeaux — tous les secteurs et tous les emplois dépendant du consommateur US. Sinon, les prix chutent.
* Même les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre un renflouage de cette ampleur. Des déficits de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars ne suffiront pas. Martin Wolf, du Financial Times, cite un rapport de Levy Economics : "même en appliquant des stimulants fiscaux incroyablement vastes, la production n’augmentera pas assez pour empêcher le chômage de continuer à grimper durant les deux prochaines années".
* Avec la hausse du chômage, la pression pour "faire quelque chose" augmente. Et les autorités redoublent d’efforts. C’est là que nous trouvons la logique de base de notre prévision :
* Dans leur lutte contre la maladie financière mondiale, les autorités ne peuvent guérir le patient. Tout ce qu’elles peuvent faire, c’est lui injecter des doses de plus en plus massives de leurs remèdes de charlatans — jusqu’à ce que le patient meure.