A Reims hier, on était "déçu et triste", dixit le socialiste Bertrand Delanoë, et le PS s’enfonçait dans la crise politique suite à un congrès extraordinaire.
A Washington, Nicolas Sarkozy, lui, a parlé d’un sommet "historique" au sortir de deux jours de réunion entre les pays du G20.
A Reims, les bulles de champagne n’ont pas pétillé. A Washington, on s’est évertué à trouver des pistes de solutions pour sortir de la crise née de l’éclatement de la bulle financière.
Bretton Woods, pas de retour
Quand les pays se sont réunis à Bretton Woods en 1944, cela faisait déjà deux ans qu’ils préparaient des plans pour tracer les bases du capitalisme de l’après-guerre. Il ne fallait pas en attendre autant de la réunion de ce week-end à Washington. Pourtant, dans ces temps bien difficiles, certains espéraient un "Bretton Woods II". Au final, les pays du G20 sont repartis avec un calendrier de travail et la consigne de tout faire pour relancer leur économie. Une consigne longue de huit pages tout de même, et forte de 47 actions.
C’est pourtant bien peu pour remettre en selle l’économie mondiale.
Prochain rendez-vous en avril prochain, avec Barack Obama cette fois-ci. Car l’absence des Etats-Unis à Washington était flagrante. D’ailleurs, ce matin, la presse française s’appesantissait beaucoup plus sur cette réunion que son homologue américaine, qui semblait l’ignorer. A croire que cette réunion du G20, vivement réclamée par le président français et président temporaire de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy, était une "affaire d’Européens".
Les pertes de banques, le sempiternel retour
Cela devient aussi une spécialité d’Européens que d’annoncer des pertes bancaires. Alors que l’on entend presque plus parler des banques américaines, une petite faisait les gros titres en fin de semaine dernière : la FSA qui n’est autre que la filiale américaine en assurance de Dexia. La banque a finalement décidé de s’en séparer en grande partie.
Dexia a beau avoir été secourue par les Etats français, belge et luxembourgeois, elle ne se porte pas mieux. La banque affiche au contraire une perte de 1,5 milliard d’euros au troisième trimestre. Depuis le début de l’année, l’institution a perdu 723 millions d’euros.
Décidément, l’actualité financière belge était mouvementée ce week-end. Nos voisins belges s’inquiètent pour leurs comptes chez Dexia. Certains d’entre eux n’en ont même plus le loisir : la faillite de la banque islandaise Kaupthing a bloqué leur épargne. Et leur petite manifestation dans les rues de Bruxelles ce week-end n’y changera rien. Avec une Islande au bord de la banqueroute, leur pécule n’est pas prêt de rentrer au bercail.
Mais que l’on se rassure, si les banques européennes continuent à faire des pertes, ce n’est pas à cause de dysfonctionnements. C’est en tous cas l’invraisemblable argument qu’a utilisé Natixis la semaine dernière pour justifier une nouvelle perte de 250 millions d’euros en octobre. Doit-on comprendre que le fonctionnement normal de la banque est de dilapider l’argent des déposants ?
A Washington, le sommet n’a pas été avare en promesses, bien au contraire. Tous, de Sarkozy à Lula, ont multiplié les déclarations de bonne intention. Tous se sont dits prêts à remettre au pot pour aider les banques en mal de liquidités. Mais pas un mot sur ce que devrait être le "fonctionnement normal" d’une banque.
Si vous laissez couler l’eau du robinet sans avoir bouché votre baignoire, vous n’êtes pas prêts de vous délasser dans votre bain. Pas besoin d’attraper une migraine pour le comprendre.
Meilleures salutations,
Alexandra Voinchet
Pour la Chronique Agora
(*) Journaliste, Alexandra Voinchet est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, dans la spécialité Médias. Elle est également titulaire d’un master de Presse économique de l’université Paris-Dauphine. Après deux ans d’expérience en presse financière et boursière, elle a rejoint l’équipe de MoneyWeek. Elle participe régulièrement à la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.