** Le Dow Jones a fait un bond important hier – de 889 points. Cela signifie-t-il que c’est la fin de la descente… que l’on a déjà atteint le plus bas du marché baissier… que le pire est passé ?
* Tout le monde l’espère. Mais n’y comptez pas. Il y a presque toujours un gros rebond avant une chute encore plus importante. L’espoir… suivi de la déception. Souvent plusieurs fois. Sur une longue période. Et le temps que la chute finale ne se produise, les investisseurs sont tellement à sec, tellement déprimés, ils en ont tellement marre qu’ils n’en ont plus rien à faire.
* Le marché japonais avait atteint un record au-delà de 30 000 sur l’index Nikkei en janvier 1990. Les actions ont plongé. Depuis, les investisseurs attendent une rémission. Cette année, par exemple, les actions japonaises ont perdu 50% de leur valeur… et ont fait redescendre l’index à 8 000, son plus bas niveau depuis 1982 !
* Comparé aux investisseurs à long terme chez General Motors, les Japonais sont plutôt chanceux. GM s’échange désormais autour des 5$ – un prix qu’il n’avait plus atteint depuis la naissance de votre serviteur, il y a une soixantaine d’années. Mais même ça, cela pourrait s’aggraver.
* "La fin de la route pour les fabricants d’automobiles américains ?" s’interroge le Los Angeles Times.
* Pendant ce temps, Détroit se transforme en ville fantôme… ou en enfer, comme Port-au-Prince, à Haïti – avec la neige en plus. Les grandes propriétés qui appartenaient autrefois aux magnats de l’industrie automobile se vendent aujourd’hui 100 000 $, voire moins. Mais attendez que l’industrie automobile disparaisse totalement !
* Où et quand prendra fin le marché baissier aux Etats-Unis ? Personne ne le sait. Mais il pourrait se terminer dans vingt ans. Entre aujourd’hui et ce jour-là, un énorme marché baissier vous offre cependant une seconde chance de vous en sortir. Après le Krach d’octobre 1929, les actions sont remontées jusqu’en avril… et elles ont de nouveau chuté, pour ne remonter à un niveau normal que dans les années 1950 – plus de vingt ans plus tard.
* Aux niveaux d’aujourd’hui, les actions américaines ne sont pas incroyablement surcotées. Si vous regarder la bourse sur les cents dernières années, vous verrez que les actions s’échangent normalement dans une tranche de prix proche de celle que nous avons en ce moment. Elles sont, comme le disent les analystes, à une "valeur juste" avec le Dow Jones quelque part entre 6 000 et 9 000. Mais les revenus s’effondrent. Et les revenus dépendent du prix des actions. En réalité, les actions sont censées "voir plus loin" et prévoir les revenus à venir. Si la Première Crise Mondiale – ou PCM pour les livres d’histoire – se déroule comme nous le pensons, les actions pourraient atteindre une "valeur juste" bien plus basse.
* Ce qui va probablement se passer aussi, c’est que les valeurs des actions vont devenir "injustes". Il était injuste de demander 90 $ aux investisseurs pour une action Micron… ou 120 $ pour une action Yahoo… ou 70 $ pour une action KB Homes. Bientôt, il pourrait être tout aussi injuste de donner seulement 5 $ aux investisseurs pour une action KB Homes, ou Yahoo… ou seulement 50 cents pour une action General Motors.
* C’est typique, tout le monde en fait trop. Ça va et ça vient. Sur la montée, ils se laissent emporter et payent trop. Sur la descente, ils paniquent… ils perdent tout intérêt… et ne payent pas assez. Ils dépassent toujours le "niveau maximum" – du moins sur la descente. Ce qui signifie que les actions chutent pour atteindre ce qui pourrait être considéré comme une "valeur juste" par de nombreux aspects… puis elles chutent de nouveau de 50%. Donc, si la "valeur juste" est 8 000 pour le Dow Jones, vous devriez vous attendre à ce que le Dow Jones atteigne les 4 000 avant que l’on ne touche le fond.
* Mais ici, à la Chronique Agora, nous voyons toujours le verre à moitié plein. Notre prévision optimiste, c’est que le Dow Jones va tomber à 5000. Tôt ou tard, mais plus tôt que tard.
* M. le Marché est un personnage étrange, vous ne trouvez pas ? Quand il tire les prix vers le haut, tout le monde l’aime. Quand il les pousse vers le bas, la foule l’attaque. Même les vendeurs positionnés à découvert se retournent contre lui, parce qu’il ne manque pas de les décevoir eux aussi – il fait rebondir les actions même au beau milieu d’un terrible marché baissier.
* Croyez-le ou non, maintenant les capitalistes prétendent qu’ils devraient carrément avoir le droit d’ignorer M. le Marché. Ils veulent une "valeur juste" qui dépende de leurs relevés financiers. L’offre de M. le Marché ne leur plaît pas. Ils espèrent donc que les investisseurs vont accepter leur idée de ce que leurs actions et capitaux "devraient" valoir… plutôt que ce qu’ils valent vraiment. L’évaluation des capitaux "en fonction du marché" est "injuste", disent-ils.
* Nous ne nous souvenons pas de les avoir entendus se plaindre de l’évaluation des capitaux "en fonction du marché" quand celui-ci évaluait leurs capitaux bien au-dessus de ce qu’ils valaient réellement. De plus, qui n’a jamais dit que M. le Marché la jouait à la loyale ?