** "Je n’ai jamais rien vu de tel", a déclaré notre collègue Chris Mayer.
* Nous avons organisé une réunion d’analystes financiers dans notre château de Normandie. Jeudi dernier, après dîner, nous nous sommes rassemblés autour d’un écran d’ordinateur — stupéfaits, pantois, atterrés.
* "Je n’arrive pas à y croire"… "Incroyable"… "Mais qu’est-ce qu’ils vont encore inventer ?"
* Votre correspondant a adoré. Il ne savait pas de quoi rire en premier !
* En Angleterre, les régulateurs financiers ont interdit les ventes à découvert de valeurs bancaires. Que pensaient-ils… qu’ils allaient pouvoir soutenir les cours par décret ?
* Mais les Américains ont fait la même chose, en plus bête. La SEC a mis en place une mesure d’urgence interdisant les ventes à découvert "abusives". Et que diable est-ce donc, nous sommes-nous demandé ?
* Peut-être que c’est lorsqu’on vend une entreprise alors que son cours a déjà chuté de plus de 10%… C’est comme donner un coup de pied à un homme à terre ; ce n’est pas très sport.
* Les autorités ont annoncé un programme d’intervention coordonnée… où 250 milliards de dollars seront fournis à l’industrie financière pour éponger ses mauvaises dettes…
* Et ce n’est pas tout… CNBC : "le plan ‘Mauvaises Dettes’ pourrait coûter jusqu’à 500 milliards de dollars".
* Où le gouvernement va-t-il dénicher une telle somme ? Ha… ha… ha…
* Mais les Etats-Unis ne sont pas les seuls… La Russie est une nouvelle venue dans le domaine du capitalisme mûr et dégénéré, mais elle s’y fait vite. Elle aussi a manipulé ses marchés avec une injection de 20 milliards de dollars pour "stimuler les cours".
* Et ce morceau choisi, provenant de Bloomberg :
* Les dernières crises "révèlent les défauts" et "ternissent l’image" de l’économie américaine.
* Ils sont complètement à côté de la plaque. Ce ne sont pas des "défauts" qui sont révélés — c’est tout le modèle de l’économie de consommation, ainsi que la génération d’économistes crétins qui l’ont créé. Ils ont rejeté les idées de l’économie classique. Au lieu d’encourager l’épargne et la formation de capital, ils ont pensé pouvoir nourrir la croissance en poussant les consommateurs à dépenser plus d’argent.
* "Ternir l’image ?" Non, cette crise finira par détruire complètement l’image, pas simplement par la ternir.
** Mais revenons-en à l’histoire telle que nous la contons. Une guerre est en train de se livrer… une bataille entre une correction boursière naturelle… et une tentative artificielle pour l’éviter. D’un côté, M. le Marché veut corriger les excès de la période de boom/bulle qui a commencé en 1982. De l’autre, Messieurs Bernanke et Paulson veulent l’en empêcher. M. le Marché fait baisser les prix des actifs. Messieurs les Manipulateurs de Marchés les font remonter.
* Nous savons qui sera le vainqueur ultime. M. le Marché ne perd jamais. D’une manière ou d’une autre, les prix réels doivent baisser. C’est comme ça que les choses fonctionnent. La nuit suit le jour… qu’on le veuille ou non. Les actions, les obligations, l’immobilier, l’art deviennent cher… puis ils deviennent bon marché. Ces derniers temps, ils étaient chers… bientôt, ils seront bon marché.
* Il y a quelques mois seulement, on aurait dit que les autorités seraient en mesure d’éviter la correction. L’inflation causée par le gouvernement faisait grimper les prix dans le monde entier. Le pétrole a atteint les 147 $. L’or est passé au-delà des 1 000 $. Les investisseurs s’enrichissaient grâce aux actions chinoises et à l’immobilier londonien. L’inflation des prix à la consommation grimpait partout. A l’époque, il semblait que les consommateurs seraient les grandes victimes de cette guerre. Ils se trouvaient confrontés à des prix bien plus élevés… alors que leurs revenus déclinaient.
* Mais à ce moment-là, les institutions financières subirent quelques tirs… et peu de temps après… le bataillon entier des investisseurs, partout dans le monde, dut reculer. Les investisseurs boursiers ont souffert aux Etats-Unis ; le Dow a chuté de 17% environ. En Chine, les investisseurs ont failli y perdre la vie ; l’indice de Shanghai a perdu 67%. Les investisseurs en matières premières ont aussi pris une raclée. Le pétrole a perdu un tiers de sa valeur par rapport à son sommet. L’or en a perdu un quart. Et les investisseurs dans bon nombre des sociétés les plus sûres, les plus solides et les plus intelligentes de la planète — les banques d’investissement, les prêteurs hypothécaires et autres institutions financières — ont été ruinés.
* La semaine dernière nous a rappelé que la guerre n’est pas terminée. Les autorités ont encore des munitions. Il reste 200 points de base à la Fed ; elle peut encore baisser ses taux. Le gouvernement US peut intervenir directement sur les marchés ; il peut saisir des entreprises ; il peut prêter à la moitié du taux d’inflation ; il peut envoyer des chèques… En fait, si l’on en juge par les événements récents, il peut tout faire…
* … la seule chose qui lui est impossible, c’est de créer du véritable argent. Toutes ces interventions coûtent cher. Et l’argent, c’est la seule chose que les autorités n’ont pas. Pas d’argent authentique. Ils n’ont que de l’argent bidon. Lorsque les investisseurs réaliseront enfin la différence — entre de l’argent réel et de l’argent imaginé –, c’est à ce moment-là que les choses deviendront très très intéressantes.
** Jusqu’à présent, seule une grande classe d’actifs a échappé à la correction de M. le Marché : les obligations. Les bons du Trésor US ont grimpé (les rendements ont baissé, en d’autres termes) alors que les investisseurs recherchaient la sécurité de ce qui était, et devrait être, le crédit le plus sûr au monde. Mais les obligations ne dépendent pas uniquement de la capacité de remboursement de l’émetteur… elles dépendent aussi de la valeur de la monnaie dans laquelle elles sont libellées. Et si la valeur de cette devise commence à baisser, les obligations sont mises à mal.
* Les T-Bonds sont uniques. Ils dépendent de la valeur du dollar… elle-même contrôlée par les émetteurs. Mais tandis que la guerre entre M. le Marché et les autorités se poursuit, le Trésor US aura de plus en plus de mal à maintenir la valeur du dollar. Parce que les guerres coûtent cher. Les autorités devront étirer le dollar de plus en plus pour payer leurs dépenses. Finalement, le dollar finira par craquer… et ce sera au tour des investisseurs obligataires. Les obligations s’effondreront aussi.
* Cette guerre a déjà causé des millions de victimes… des maîtres de l’univers à Wall Street, jusqu’au citoyen lambda qui a contracté un prêt subprime sur son mobil-home. Lorsque les tirs auront cessé et que la fumée se dissipera — un seul homme restera debout : l’or. Assurez-vous de vous tenir à ses côtés.