** Selon l’almanach des campagnes, on peut s’attendre à un froid glacial et beaucoup de neige au cours de l’hiver qui vient. Etes-vous prêt ? Et qu’en est-il de votre portefeuille ?
– Si vous chauffez votre maison au gaz naturel, assurer vos besoins hivernaux aux prix bon marché du moment ne serait pas une mauvaise idée. De même, si vous espérez réchauffer un peu votre portefeuille dans les mois qui viennent, investir dans les actions de gaz naturel aux cours actuels pourrait être intéressant.
– L’une de mes valeurs préférées, en ce moment, est Chesapeake Energy. Selon quasiment tous les critères, Chesapeake est un leader. C’est le principal producteur indépendant onshore, et l’entreprise la plus active aux Etats-Unis en matière de forage. C’est le troisième plus grand producteur indépendant de gaz naturel, arrivant juste après Anadarko Petroleum et Devon Energy. La stratégie centrale de Chesapeake consiste à augmenter ses réserves grâce à des achats avisés de terrains et une politique de forage très active. La société se base sur la profondeur de son expérience pour assurer son avantage compétitif, et la stratégie semble fonctionner : depuis 1999, les réserves prouvées de Chesapeake ont augmenté de pas moins de 575%, passant de 35 à 52 milliards d’équivalents mètres cube.
– Les mensurations financières de Chesapeake ont elles aussi fière allure. Les revenus annuels par action ont grimpé de 27% en 2004 et 58% en 2005. Le rendement sur la valeur à cinq ans écrase littéralement la concurrence, à 25,51% — dépassant d’une bonne tête les 17,67% en moyenne du secteur. Avec un PER avoisinant huit, Chesapeake est notablement sous-évaluée par rapport à ses pairs.
– Mieux encore, les cadres de l’entreprise adorent leurs actions. Le PDG de Chesapeake, Aubrey McClendon, achète des titres par poignées. Sur 2005, le ratio global d’achats d’initiés par rapport aux ventes est largement haussier : plus de 5,5 millions d’actions achetées, contre moins d’un demi-million vendues.
** Avec tout ça, pourquoi Chesapeake est-elle "en soldes", pour ainsi dire ? Tout est de la faute du gaz naturel. Le prix de ce carburant propre dégringole depuis des mois. Un hiver bien plus clément que la normale l’année dernière et des réserves considérables — approchant les 87 milliards de mètres cube à l’heure où j’écris ces lignes — ont poussé les futures sur le gaz naturel à des planchers de deux ans ou presque.
– Cependant, il ne faudrait pas grand’chose pour que ce tableau pessimiste change soudain du tout au tout. Un hiver morose — ou même un hiver normal — pourrait grandement affecter la situation. Fred Barrett, spécialiste du gaz naturel, a déclaré au Wall Street Journal qu’"il faut seulement dix jours de temps froid pour effacer environ 14 milliards de mètres cube de gaz".
– La production quotidienne de Chesapeake est composée à 92% de gaz naturel — difficile de jouer plus directement cette matière première. A présent, l’entreprise ajoute un nouveau terrain de gaz naturel à son portefeuille. Le trois août dernier, Chesapeake a annoncé avoir remporté les enchères pour les droits de forage sur 7 284 kilomètres carré du domaine à bail de Barnett Shale, sous l’aéroport international de Dallas Fort Worth. Chesapeake, qui a l’intention de forer entre les pistes, pense que la région pourrait contenir 13,6 milliards de mètres cube de nouvelles réserves. Le PDG McClendon a décrit la formation de Barnett Shale comme étant "le dernier grand prix", exprimant l’opinion que quasiment toutes les grandes propriétés occidentales ont désormais trouvé acquéreur.
– Si McClendon a raison en ce qui concerne la disparition de champs de gaz intéressants et disponibles, cela pourrait faire de Chesapeake elle-même un séduisant candidat à la reprise pour une major pétrolière affamée. Exxon, si elle le voulait, pourrait avaler les 13 millions de dollars de capitalisation boursière de Chesapeake sans même mâcher. British Petroleum ou Shell pourraient également s’en charger.
– Si les choses s’enveniment, Chesapeake est une entreprise de haute qualité, très exposée au gaz naturel. Elle s’est bien couverte concernant la future production, mais avec la folle volatilité que le gaz naturel peut subir, c’est probablement sage (et Chesapeake est assez expérimentée pour profiter de la volatilité du gaz, plutôt que d’en souffrir). Il y a bien assez de place pour que Chesapeake fasse des étincelles une fois que la cause haussière du gaz naturel reprendra le dessus. Et nous ne devrions pas oublier la possibilité qu’une grande entreprise pétrolière lance une opération de rachat sur Chesapeake.
– D’une manière ou d’une autre, nous pensons que Chesapeake a tout pour enflammer n’importe quel portefeuille d’investissement.