** Les haussiers et les baissiers se disputent le terrain pied à pied, depuis quelques jours. Nouvelles décourageantes sur le front de l’immobilier mais hausse fulgurante du PIB américain… FMI morose sur la croissance mondiale mais investisseurs rassurés sur le sort du dollar…
Bref, comme nous le disait Bill hier, les gens n’aiment pas se retrouver en mauvaise posture — et quand la situation n’est pas à leur avantage, ils cherchent à se rassurer à tout prix, même si, pour cela, ils doivent appliquer la politique de l’autruche… multipliant ainsi le danger qui les guette.
"Lorsque l’immobilier a commencé à chuter, les gens n’y ont d’abord pas cru", expliquait Bill. "Ils avaient appris que ‘la pierre grimpe toujours’, ou qu »on ne peut pas se tromper avec l’immobilier’. Evidemment, ils ont pris les premiers signes de ralentissement comme une opportunité d’achat. Plus tard, ils se sont rendu compte que c’était une opportunité de vente — la dernière chance de sortir avant que le toit ne s’effondre".
"De même, lorsque les banques, les hedge funds et les prêteurs hypothécaires ont commencé à envoyer des signaux d’alertes, on a pensé que les problèmes étaient temporaires et modestes. ‘On peut les contenir’, c’est ainsi que Henry Paulson a décrit les premières petites fissures dans le marché des dettes subprime. Mais les fissures se sont élargies. A présent, certains des plus grands édifices financiers des Etats-Unis — Bear Stearns, Lehman Bros., Fannie Mae et Freddie Mac — sont tombés, ou commencent à pencher dangereusement".
Cette propension très humaine à minimiser les problèmes jusqu’à ce qu’ils vous explosent en pleine figure s’applique aussi parfaitement au cas du pétrole, où l’aveuglement est en train de nous mener droit à la catastrophe. Ingrid Labuzan ne mâchait pas ses mots dans La Quotidienne de MoneyWeek cette semaine :
"N’en déplaise aux plus optimistes qui nous pensent sauvés depuis que le cours du pétrole baisse, nous traversons un troisième choc pétrolier. Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer les cours du brut. Au début de l’année, il cotait 90 $, il est ensuite passé par la case des 145 $, affolant l’économie, pour finalement redescendre plus tranquillement entre 110 $ et 120 $".
"Pour beaucoup, il existerait un seuil plancher se situant à 90 $. Certains soupirent de soulagement : à côté de 145 $, finalement, 90 $, ce n’est pas si mal. Pourtant, si nous nous reportons aux cours de 2007, nous avons tout de même à digérer entre 50% et 100% de hausse cette année. Voilà pourquoi nous parlons de choc pétrolier".
Un troisième choc pétrolier sur fond de rumeurs persistantes de fin de cycle haussier pour les matières premières… voilà qui pourrait étonner plus d’un investisseur. Sylvain Mathon, rédacteur en chef de Matières à Profits, a enquêté sur les perspectives et l’évolution des commodities, en se basant notamment sur le RICI, indice matières élaboré par Jim Rogers :
"[…] Au vu de la flambée des cours à grande échelle, [les récentes turbulences du RICI] n’auraient rien de catastrophiques, et [elles] n’annoncent nullement un marché en pleine déconfiture", explique Sylvain. "La preuve : le mouvement est rapide, et ne devrait pas tarder à assainir un marché trop couru par les spéculateurs. Revenu sur le support des 3 800/3 900 points, l’indice pourrait repartir à la hausse. Durablement ? A vrai dire, la configuration à long terme reste floue"…
"La dynamique actuellement à l’oeuvre semble refléter les incertitudes du consensus, et notamment des spéculateurs. La correction en cours correspond ainsi à une anticipation de récession marquée aux Etats-Unis… Reste que la présence d’une ligne de résistance de long terme incite à se demander s’il n’y aura pas une deuxième vague plus profonde : pourquoi pas suite à un ralentissement de la demande chinoise ? Il y a donc de l’incertitude. Mais à moins de tabler sur un scénario catastrophe, une fois épuré sous les 4 000 points, le RICI devrait tout de même accuser un bon potentiel de hausse, ne serait-ce que pour de strictes raisons fondamentales. Il y aurait là un coup à tenter".
Pour profiter de l’analyse complète de Sylvain, continuez votre lecture… mais n’attendez pas : elle n’est disponible que dans le numéro de septembre de Matières à Profits !