** Vous pensez que vous avez des problèmes ? Hier était jour férié en France — pour célébrer le jour où la foule s’est levée et a pris la Bastille, libérant quelques attardés et sociopathes. Ce n’était qu’un petit feu de cheminée en termes historiques, mais le pays n’a pas mis longtemps avant de prendre feu.
* Les Français auraient dû réaliser tout de suite que la Révolution créerait plus de problème qu’elle n’en résoudrait. Quelques années plus tard, la France était ruinée… en guerre… et ses citoyens les plus importants se rangeaient du côté de l’ennemi. Non seulement ça, mais des centaines de milliers de personne mouraient de la variole.
* C’est bien là le problème de l’histoire : on ne peut pas revenir en arrière. Et on ne termine jamais là où on avait l’intention d’aller.
* En attendant, nous avons d’autres questions à aborder. Et à nouveau… on ne peut pas revenir en arrière.
** La guerre entre l’inflation et la déflation s’échauffe. Les deux côtés ont lancé des offensives majeures à la fin de la semaine dernière.
* Fannie, Freddie — finito.
* Oui, les jumeaux maudits de la finance hypothécaires ont fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Tous les médias financiers en ont parlé. Selon un article, le gouvernement américain mettait en place une opération de secours. Selon un autre, la Fed avait pris des mesures. Un autre encore affirmait que le secrétaire au Trésor US niait qu’une assistance extraordinaire soit nécessaire. Et encore un autre expliquait comment ils s’étaient mis dans un tel pétrin.
* Bien entendu, à la Chronique Agora, nous savons comment Fannie et Freddie ont terminé dans ce guêpier. Ils ont prêté de l’argent à des gens qui ne pouvaient pas le rembourser. Et ils n’étaient pas les seuls.
* "La crise empire alors qu’une grande banque fait faillite", ajoute le Wall Street Journal. La grande banque en question, c’est IndyMac. C’est la plus grande faillite bancaire aux Etats-Unis depuis que Continental Illinois a mordu la poussière en 1984. Une bonne partie de l’argent des déposants est protégé par l’assurance du FDIC (Federal deposit insurance corporation) — mais il reste un milliard de dollars non-assurés. Et bien entendu, le FDIC ne peut renflouer qu’un certain nombre de banques ; il n’a de l’argent qu’en quantité limitée.
* "Selon les analystes, d’autres banques pourraient faire faillite", rapporte le International Herald Tribune.
* Le FDIC peut aider quelques-unes de ces banques… mais pas toutes. Et il n’a aucun moyen de renflouer Fannie et Freddie. A eux deux, les jumeaux comptent plus de 5 000 milliards de pertes. C’est plus d’un tiers du PIB US. Et William Poole, ancien gouverneur de la Fed, déclare qu’ils sont déjà ruinés.
* Les investisseurs tiennent le coup — tout juste. Les actions de Fannie sont passées à 10,25 $. Freddie est tombé à 7,75 $ — soit une perte totale de 87% par rapport au sommet. (Nous avions rapporté que l’action atteignait autrefois un sommet de 60 $. En fait, le plus haut frôlait les 100 $. Parfois, nous n’avons pas les bons chiffres, à la Chronique Agora. Mais c’est l’interprétation qui compte — et parfois, nous nous trompons là aussi).
* Fannie et Freddie sont "too big to fail", ça ne fait aucun doute. Mais qui a l’argent pour les empêcher de couler ? Où sont les fonds souverains quand on a besoin d’eux ? Nous doutons qu’ils soient assez stupides pour le faire, mais quel coup ce serait ! Imaginez, si des fonds souverains étrangers recapitalisaient les plus grands prêteurs hypothécaires des Etats-Unis. Jusqu’à présent, ils se sont contentés de quelques rachats mineurs d’immeubles, d’infrastructures et d’entreprises ultra-représentatifs des Etats-Unis. Mais s’ils reprenaient le contrôle de Fannie et Freddie, ils détiendraient aussi le prêt hypothécaire et immobilier américain. Et ils pourraient se débarrasser de milliers de milliards de leurs dollars superflus (les banques centrales étrangères détiennent déjà de vastes portions de la dette de Fannie et Freddie).
* Pour l’instant, cependant, on dirait que le renflouage proviendra de sources nationales. Ben Bernanke a appelé le PDG de Freddie ce week-end. On pense que le président de la Fed a laissé entendre que sa fenêtre d’escompte sera ouverte un peu plus largement — assez largement en tout cas pour prêter directement à Fannie et Freddie. Cela leur donnera accès à de l’argent à taux préférentiel — environ la moitié du taux d’inflation des prix à la consommation. Il y aurait de quoi faire fortune — en empruntant si peu cher. En temps "normal", ce serait gagné d’avance. Mais en temps de guerre, il est difficile de faire de l’argent — même quand les prêteurs vous accordent un crédit à taux zéro. Peu importe où vous mettez votre cash, il risque toujours de vous exploser à la figure.