La Fed continue à resserrer la vis monétaire contrairement aux autres grandes banques centrales. Il semble qu’elle s’attend à un choc d’inflation en 2018.
La Fed vient d’augmenter son taux directeur de 0,25%.
C’est la cinquième hausse consécutive depuis fin 2015. La quatrième en 12 mois. Et elle prévoit trois nouvelles hausses sur 2018.
« Un resserrement monétaire qui va à contre-courant des autres grandes banques centrales qui poursuivent leurs programmes de QE ou impriment ouvertement de l’argent afin d’acheter des titres — jusqu’à des actions (SNB) », nous dit Graham Summers.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Graham Summers, directeur de la stratégie de marchés chez Phoenix Capital Research, est rédacteur de la lettre Crise Or & Opportunités.
Je vous ici livre son analyse concernant le changement de politique monétaire de la Fed.
Outre la hausse des taux, la Fed réduit la taille de son bilan : 80 Mds$ en trois ans… Certes, une paille comparée aux 4 500 Mds$ inscrits à l’actif de la banque. Mais tout de même, la tendance s’est inversée. A partir de janvier, la Fed allègera son bilan au rythme de 20 Mds$ par mois. Accélération…
Là encore, la Fed est à contre-courant.
Pourquoi cette précipitation de la Fed à resserrer sa politique monétaire alors que les autres banques impriment des milliards ?
Graham constate que les déclarations de la Fed se multiplient depuis six mois et sont sans équivoque. A l’image de la dernière de Janet Yellen la semaine dernière : « les prix des actions sont à des niveaux historiques élevés ».
« La Fed déclare explicitement que les marchés forment une bulle. Et elle ne l’a pas seulement dit une fois, elle nous alerte systématiquement depuis six mois. Or il est très rare de voir la Fed s’exprimer aussi directement », nous dit Graham.
Pourquoi ?
Serait-ce à cause du multiple cours des actions/chiffre d’affaires du S&P 500 qui est revenu à ses niveaux de 1999 (l’une des plus grandes bulles de l’histoire) ?
Graham y voit – comme Bill Bonner – un premier indice évident de surévaluation des marchés.
Warren Buffett a un jour déclaré que sa façon préférée d’évaluer les marchés était de comparer la capitalisation boursière du marché au PIB. Or ce ratio est lui aussi revenu à ses niveaux de 1999 (pour le S&P 500).
Les marchés sont donc non seulement surévalués, mais ils se négocient à des niveaux équivalents à ceux de la bulle Internet de 1999.
C’est un problème majeur auquel la Fed est aujourd’hui confrontée.
Mais il y a un autre problème, encore plus dangereux pour Graham : l’inflation.
La Fed a admis qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait du côté de l’inflation.
Et pour cause :
« Depuis les années 80, la Fed n’a cessé de manipuler les données pour cacher le vrai chiffre de l’inflation. Ce faisant, elle a pu afficher un taux de croissance supérieur en minimisant le vrai déclin du pouvoir d’achat des Américains », observe Graham.
Ce petit jeu a marché pas mal de temps. Mais la réalité s’impose aujourd’hui en force face à des chiffres qui n’ont plus aucun sens.
A une époque, alors que les mesures réalistes de la Fed de New York (taux d’inflation UIG) et de la Fed d’Atlanta (inflation dite visqueuse) affichaient respectivement 2,8% et 2,1%, les taux officiels de la Fed (CPI et PCE) affichaient 1,7% et 1,4%.
A ce stade, la Fed aurait pu « avouer » que ses chiffres ne reflétaient pas la réalité, nous dit Graham. Mais elle a préféré s’étonner… sans plus d’explications.
Nous allons tout droit vers un choc inflationniste
En attendant, et selon le rapport du FOMC (juillet) de la Fed, la plupart des participants s’attendent à une hausse du taux d’inflation dans les années à venir.
Déjà, elle s’insinue dans l’économie réelle via une pression croissante sur les salaires.
Matthew Clark, directeur financier de Civitas, déclarait récemment :
« Les prévisions de la société tiennent compte d’un taux d’inflation des salaires de 5% pour 2018, en ligne avec le taux constaté cette année ».
C’est la raison pour laquelle la Fed augmente agressivement son taux directeur, alors que le taux d’inflation officiel reste sous les 2%.
Pour Graham, nous sommes à l’aube d’un renversement MAJEUR de situation : 2018 sera l’année du retour de l’inflation.
Ce retour, brutal, fera significativement bouger les lignes sur les marchés. Il y aura des gagnants… et des perdants.
Vous trouverez son analyse détaillée ainsi que les actifs qu’il vous conseille de privilégier (ou de vendre) en 2018 dans sa dernière Note de Marché : vous la trouverez gracieusement ici à votre disposition… puisque nous voilà entrés dans la saison des cadeaux !
1 commentaire
Ok , mais alors pourquoi au Japon il n’y a toujours pas d’inflation?