Par Sébastien Duhamel (*)
J’aimerais prendre quelques minutes avec vous pour m’intéresser aux céréales — à commencer par la plus célèbre des céréales dans notre beau pays : le blé. La continuité entre le pétrole et le blé n’est d’ailleurs peut-être pas si incongrue qu’il y paraît…
Tout d’abord un petit rappel
Le marché de référence pour la cotation des matières premières agricoles est le Chicago Board of Trade (CBOT), et l’unité de mesure n’est pas la référence mondiale, le kilogramme, mais le boisseau. Pour l’anecdote, le boisseau est un récipient cylindrique destiné à contenir des céréales. Le terme vient de l’ancien français boisse, mesure de blé et du gaulois bosta, creux de la main. Un boisseau de blé = 27,21 kg.
Et au cas où cela ne serait pas encore assez compliqué pour le quidam, le blé est coté en US cents. Quand on voit un cours de 500, c’est donc 500 cents qu’il faut lire, soit 5 $ le boisseau. Enfin, les contrats standardisés échangés sur les marchés à terme sont de 5 000 boisseaux. Mais bien sûr, le particulier pourra trouver des trackers, certificats indexés avec comme sous-jacents le prix du blé, tout le monde n’ayant pas accès au marché de Chicago directement malheureusement.
[NDLR : Il n’y a pas que les trackers, pour jouer en toute simplicité le blé, le riz et les matières premières en général : suivez le guide pour savoir comment… et engranger des profits à 2 chiffres par la même occasion !]
Tendance à long terme haussière
Si l’on observe un graphique de la matière première agricole ces 10 dernières années en données hebdomadaires, on constate que la tendance à long terme est haussière ; les cours sont soutenus par une ligne de tendance actuellement support à un peu plus de 330 cents.
Ces dernières années, le blé a connu deux grandes phases : une progression quasi exponentielle jusqu’en février 2008 avec un plus haut à un peu plus de 1 334 cents, soit 13,34 $, puis une correction tout aussi brutale qui a ramené les cours à un peu plus de 5 $ actuellement.
L’incroyable pic de 2008
La progression depuis le point bas de 1999 suivait une tendance tout à fait raisonnable jusqu’en 2005, où les cours étaient encore à 300 cents, puis elle s’est brutalement accélérée entre 2005 et 2008, les cours faisant plus que quadrupler dans cette période de boom des matières premières.
Certes, une forte hausse de la demande mondiale, en particulier en Chine, une baisse des stocks, et plusieurs années de conditions climatiques défavorables, avec notamment des sécheresses, pouvait expliquer en partie cette accélération de la hausse. Mais le triplement des cours qui a eu lieu entre début 2007 et début 2008 était beaucoup moins en rapport avec les fondamentaux, la "mode" pour les matières premières agricoles se propageant alors comme si le bioéthanol allait remplacer le pétrole et être la solution à tout.
Depuis, le krach du pétrole est passé par là
Il n’a pas épargné les matières premières agricoles, le boisseau de blé retombant quasiment aussi brutalement qu’il était monté au ciel, au niveau des cours actuels de 560 cents environ.
Au passage, le prix de notre baguette aura eu le temps de s’envoler aussi, mais bizarrement, je ne l’ai pas vu retomber…
Meilleures salutations,
Sébastien Duhamel
Pour la Chronique Agora
(*) Sébastien Duhamel est spécialiste en analyse technique et cela fait plus de sept ans maintenant qu’il intervient sur les marchés. Il intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises, une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières et au marché des devises.