** Selon notre vieil ami Ron Paul, membre du Congrès américain, nous nous dirigeons vers une récession de 15 ans.
* Il a probablement raison. Autrefois, les "paniques" et les "dépressions" prenaient fin relativement rapidement. Il n’y avait pas d’Etat-providence, pas d’allocations chômage. Les gens devaient se débrouiller.
* Lorsqu’une dépression frappait, les salaires baissaient rapidement et les gens retournaient au travail. Ils gagnaient moins… mais toute l’économie s’adaptait, avec des prix plus bas.
* Il n’y avait pas non plus de sauvetages et de plans de relance. Les erreurs étaient corrigées plus ou moins vite. Des entreprises faisaient faillite. Des gens se retrouvaient "ruinés" et devaient se noyer dans l’alcool.
* A présent, ça va mieux. Si leurs entreprise font faillites… les gens peuvent continuer presque comme si de rien n’était — s’ils doivent de l’argent aux bonnes personnes. Ils pourraient même recevoir une prime.
* Goldman annonce qu’il n’aurait pas perdu beaucoup d’argent si on avait laissé AIG faire faillite. Alors ne pensez pas une minute que la société voulait que le gouvernement sauve AIG simplement pour récupérer ses 20 milliards de dollars.
* En tout cas, le public américain et ses représentants rémunérés à Washington sont partis en guerre. Les journalistes ont suivi la piste des centaines de milliards de dollars versés par les contribuables et donnés aux sociétés financières. Ils ont découvert que ces billets ont terminé dans diverses poches doublées de soie — notamment celles de Goldman Sachs, de banques étrangères et celles des dirigeants même des sociétés en faillite. Les politiciens sont choqués. Choqués ! Et le public est scandalisé.
* D’où provient cet outrage ? Pas d’une question de principe, pour autant que nous ayons pu le déterminer. Voler à Pierre ne dérange pas les contribuables. Mais ils n’apprécient pas lorsque ces biens mal acquis profitent à d’autres qu’eux.
* Le Congrès américain est entré en action la semaine dernière pour rectifier les choses. Mais plutôt que de distribuer des primes à tout un chacun, il a proposé un impôt de 90% sur les primes d’AIG… et recommandé aux états de prendre les 10% restant.
* Nous sommes d’avis que tout cela n’est qu’une dangereuse distraction. Les sommes versées sont triviales — en comparaison aux montants gigantesques des renflouages. Et lorsque les politiciens commencent à prendre l’argent des gens, nous plaignons celui à qui on prend, plutôt que celui qui prend. Tout cela encourage une très mauvaise idée — que les politiciens, plutôt que l’économie de marché, devraient décider de qui obtient quoi.
* Franchement, encore un peu et ils nous dirons quelles entreprises survivent et lesquelles font faillite. Mais attendez un peu… ça, ils le font déjà !
** Voilà pourquoi Ron Paul pense que nous aurons une dépression qui durera plus longtemps que la majeure partie des mariages. Lorsqu’on laisse les marchés fonctionner, ils font souvent des erreurs — surtout lorsque le gouvernement fixe les taux d’intérêt. Les périodes de croissance sont ponctuées de crises — y compris de grandes ruptures d’activités et des poussées de "destruction créatrice". Comme les feux de forêt, ces conflagrations épisodiques consument le bois mort, permettant une nouvelle croissance.
* Mais lorsque le gouvernement se charge d’allouer les capitaux et les ressources, c’est quasiment toujours un pétard mouillé du début à la fin. Le bois mort n’est jamais éclairci. Au lieu de cela, il est protégé… soutenu… laissant les nouvelles pousses lutter dans la pénombre. Pas beaucoup de croissance, en d’autres termes.
* Au risque de nous répéter : il n’y a eu que deux exemples de dépressions majeures au cours du siècle dernier. Toutes deux se sont produites après une immense accumulation de dette. Et toutes deux ont été accueillies par des programmes dont les économistes devraient avoir honte — des renflouages, des stimulants, des prêts, des soutiens, des filets de sécurité et des crochets. Dans les deux cas — les années 30 pour les Etats-Unis, les années 90 pour le Japon — les dépressions ont continué par épisodes durant de nombreuses années. La Deuxième Guerre mondiale a mis un terme à la première — 12 ans après qu’elle a commencé. La seconde se poursuit — près de 20 ans après le krach du marché boursier de Tokyo.
* A présent, nous en avons une troisième… et cette fois-ci, les autorités sont décidées à la vaincre. Quelle est leur stratégie ? Plus de puissance de feu ! Quelle est leur arme secrète ? L’assouplissement quantitatif… c’est-à-dire l’inflation monétaire, en achetant de la dette directement au gouvernement.
* Est-ce que ça fonctionnera ? Geithner/Bernanke réussiront-ils là où d’autres ont échoué ? Les économistes maîtriseront-ils finalement les dépressions… et trouveront-ils un moyen d’être "créateurs" sans la destruction ?
* Ah… nous pensons connaître la réponse. Mais en attendant, nous profitons du spectacle…