Il y a boom et boom : certains sont solides et enrichissent les citoyens, d’autres ne reposent que sur du vent et laissent les gens plus pauvres. Devinez à quelle catégorie nous avons affaire en ce moment ?
Quelle époque magnifique ! Boom… badaboom !
Le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, pressent un avenir radieux :
« Je ne doute pas qu’avec l’excédent d’épargne, l’épargne due à la relance, les gigantesques dépenses déficitaires, l’augmentation du QE, un nouveau plan d’infrastructures potentiel, un vaccin réussi et l’euphorie autour de la fin de la pandémie, l’économie US connaîtra sans doute un boom. Ce boom pourrait aisément se prolonger jusqu’en 2023 parce que toutes les dépenses pourraient bien se prolonger jusqu’en 2023. »
Oui… toutes ces relances… tout ce cash et ce crédit factices… toutes ces gabegies… tous ces Madoff… et si peu de temps.
Tant de nouveaux « investissements »… et sans monnaie sûre, aucun moyen de savoir ce qu’ils valent.
The Intelligencer nous donne des nouvelles du boom :
« La semaine dernière, moins d’Américains ont demandé des allocations de chômage qu’à tout autre moment depuis mars 2020. Le mois dernier, les ventes au détail aux Etats-Unis ont augmenté de 9,8%, soit la plus forte hausse depuis près d’un an. L’activité des usines dans l’Etat de New York vient d’atteindre son plus haut niveau depuis 2017 ; à Philadelphie, les fabricants sont désormais plus confiants dans la conjoncture qu’ils ne l’ont été depuis 1973.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, la valeur des actions américaines a atteint un sommet historique. Toutes ces nouvelles sont meilleures que prévu. Pourtant, le rendement des obligations du Trésor américain a baissé jeudi matin – signe que les investisseurs mondiaux croient que l’Amérique peut avoir à la fois un boom économique post-Covid et une inflation faible. »
Deux sortes de boom
Oui mais attendez. Le problème, avec les booms, c’est qu’il y en a plusieurs sortes. Il y a le genre de boom qui rend les gens plus riches. Et il y a le genre de boom qui les rend plus pauvres.
Encore plus compliqué : durant les premières phases, il est difficile de faire la différence entre les deux.
Un véritable boom – fondé sur le travail, l’épargne, l’investissement et l’innovation – rend les gens plus riches et améliore le sort général.
L’autre catégorie… le boom factice… est une toute autre paire de manches. On se contente d’imprimer de l’argent et de la distribuer à la ronde.
Rapidement, des choses commencent à se produire. La situation évolue même « mieux que prévu ».
Les gens dépensent. Les caisses enregistreuses sonnent joyeusement – surtout en Chine, au Vietnam et au Mexique, où les Américains tendent à dépenser la majeure partie de l’argent de leurs chèques d’aides.
Les 12 derniers mois ont été uniques, en ce sens. Suite au confinement de l’économie de services locale – restaurants, bars, hôtels et théâtres – les Américains se sont retrouvés avec de l’argent sur les bras.
Qu’en ont-ils fait ? Ils ont acheté de nouveaux réfrigérateurs. Les dépenses en biens durables ont grimpé de 17% sur les 12 derniers mois, expliquant en partie la hausse de près de 7% des prix à l’importation le mois dernier.
Un boom factice n’augmente pas la prospérité ; il la réduit, en gaspillant la richesse réelle – du temps et des ressources – sur des projets qui ne rapportent pas. Des allocations, par exemple. Des manœuvres politiques. Et de mauvais investissements.
Plus d’argent pour les chômeurs. Plus d’argent pour les chemins de fer. Plus d’argent pour les infrastructures. Et plus d’argent pour les cryptos, les SPAC, les NFT et Elon Musk.
Un glorieux défilé
Au moins un boom factice est-il plus distrayant qu’un boom authentique. Ce dernier n’est que sobriété et dur labeur, tandis que le premier déclenche un glorieux défilé de folie.
A la Chronique, nous les regardons passer – les fous… les imposteurs… les escrocs… et les bonnes âmes. Nous restons bouche bée. Nous saluons. Nous jetons des confettis.
Nous secouerions volontiers une bouteille de champagne pour les en arroser… si nous étions le genre de personne qui fait ce genre de chose.
Si seulement on pouvait devenir riche en dépensant de l’argent qu’on n’a pas en choses qu’on ne peut pas se permettre et dont on n’a de toute façon pas besoin !
Malheureusement, c’est impossible.
Par ailleurs, au fil du temps, chaque détail du boom factice est condamné à être exposé comme étant faux – particulièrement « une inflation faible ».
Les autorités proposent désormais un bon du Trésor US à 50 ans, afin de permettre aux investisseurs de tirer parti du prochain demi-siècle de prix stables.
Vous voyez : elles n’ont pas entièrement perdu leur sens de l’humour.
A moins qu’elles ne soient complètement folles elles aussi.