Par Sylvain Mathon
Le trading en matières premières sur la sellette…
Il ne fait aucun doute que le secteur est sous pression. Je l’ai signalé dans un mail hebdomadaire aux lecteurs de Matières à Profits : nous avons eu la désagréable surprise de voir un de nos trackers en portefeuille purement et simplement radié de la cote. Mais à une tout autre échelle, le vénérable fonds californien U.S. Natural Gas Fund (UNG), de 3,6 milliards de dollars, véhicule favori des traders en produits pétroliers, a choisi le mois dernier de suspendre ses nouvelles émissions, sans doute pour éviter l’ingérence de la SEC ou de la CFTC (Commodities Futures Trading Commission) — dont nous allons reparler.
Victime de son succès…
UNG avait vu soncapital décupler en l’espace de 18 mois, passant de 400 millions de dollars à quatre milliards de dollars, et rejoignant son plafond légal d’émission. Cette suspension — une première, dans l’histoire d’un ETF qui existe depuis 1933 — fait du bruit dans le milieu : elle montre bien la prudence qui anime tout d’un coup les teneurs de marché.
Comme le lait sur le feu…
Mais surtout, les opérateurs commos surveillent, comme le lait sur le feu, les démarches et les communiqués de la CFTC. Cet organisme est spécifiquement chargé d’encadrer le marché des produits dérivés sur matières premières — et donc, de relayer la question lancinante du citoyen américain de base : "va-t-on laisser les spéculateurs me voler sur les prix que je paye à la pompe ?"
Son objectif ? Limiter la spéculation sous toutes ses formes.
Haro sur la spéculation
Les mesures proposées visent à encadrer strictement le marché des produits dérivés.
D’abord, les deals OTC devront être assurés par une chambre de compensation afin de limiter les défauts de paiement : c’est un service (payant) que proposent déjà les grandes plates-formes de trading en commos, comme le CME (qui pilote le NYMEX et le COMEX) ou bien l’ICE : mais il faut bien entendu "montrer patte blanche" devant l’assureur, avec appels de marge à la clé.
Ensuite, et surtout, les régulateurs veulent plafonner les positions des intervenants. La mise en place et le contrôle de ces nouvelles normes seraient assurés par la SEC et la CFTC, dont les pouvoirs se trouveraient renforcés.
Voilà pour le programme général ; les consultations des différentes parties ont commencé… Et la guerre des communiqués fait rage, comme nous le verrons demain.
Meilleures salutations,
Sylvain Mathon
Pour la Chronique Agora