Eh bien, le verdict est tombé, depuis ma question de la semaine dernière : non, nous ne sommes pas paranos… au contraire.
Vous avez été nombreux — très nombreux, mêmes — à nous faire part de vos observations sur la "société sans cash" et ses implications au niveau des libertés personnelles. Voici un petit échantillon des courriers que nous avons reçu à la rédaction de la Chronique Agora, histoire de continuer à alimenter le débat… que, personnellement, je trouve de plus en plus passionnant — et révoltant. Nous y reviendrons.
▪ Pour l’instant, commençons par l’avis de B.C., qui ne mâche pas ses mots :
"Oui, ça doit les faire copieusement ch▪▪▪ de ne pas pouvoir tout contrôler… et nos dépenses en font partie… mais je vois mal se mettre en place une société sans cash, ne serait-ce que parce qu’il y a des interdits bancaires qui ne peuvent utiliser les chèques…
Par ailleurs toute la société n’a pas encore accès à internet (même si la proportion baisse rapidement). Et puis il y a l’Europe, donc la libre circulation des hommes, des capitaux… ça voudrait dire un alignement de mesures contraignantes sur 27 pays… vous y croyez ???????"
Eh bien… pour être franche, oui, j’y crois.
Comme elle l’a malheureusement démontré à plusieurs reprises ces dernières années, l’Europe n’en est pas à une mesure "anti-démocratique" (dans le sens "non-votée par les citoyens") près.
La disparition du cash pourrait même être justifiée par la libre circulation des capitaux : "regardez, sans espèces, les capitaux tournent plus vite et mieux, oubliez donc ces billets poisseux et ces pièces encombrantes, votre petit rectangle de plastique suffira bien"…
Quant à internet, certes il aide mais il ne fait pas tout : c’est plutôt la carte bancaire qui, pour l’instant, est la première alliée de la dématérialisation de la monnaie. Or le nombre de personnes n’ayant pas de carte bancaire est à coup sûre encore plus limité que celui des "non-connectés"…
▪ Passons à C.B., qui "y croit" aussi :
"Non, Françoise", m’écrit-elle, "vous n’êtes pas parano, ni vous, ni les autres rédacteurs que je lis régulièrement. Je n’ai pas fait l’ENA non plus, mais il suffit de voir ce qu’il se passe au fil des jours, des années, et, oui, je crains pour l’avenir de la Société française !
Depuis pas mal d’années, je peste après notre système politique hyper-centralisé que des voisins (anglais, allemands) critiquent aussi. J’envie mes proches voisins Suisses, même si, eux, parfois, pestent après la fréquence des votations.
A l’inverse, chez nous, tout est décidé ‘en haut’, l’opinion publique, méprisée, les opposants, poursuivis. Absolument rien de démocratique. Il ne nous reste que… la liberté d’expression, en principe. Mais ‘ils’ se moquent de ce que l’on pense…
La matraque fiscale est déjà une spécialité française immonde, alors s’en prendre au cash, c’est la suite logique, on pourrait dire"…
▪ Citons également ceux des témoignages, qui élargissent le débat pour englober les inégalités et la liberté :
"Bonne analyse. Aucune paranoïa là-dedans mais la triste réalité de ce qui nous attend.
Le modèle économique qui nous est imposé ne marche pas en raison de trop d’inégalités et de ‘triche’ à tous les niveaux".
I.B.
"Pour répondre à votre question, il me paraît essentiel de conserver le cash pour espérer conserver une once de liberté dans un environnement où celle -ci est rognée un peu plus chaque jour".
P.P.
▪ Et terminons avec Y.R., qui écrit de l’autre côté de la frontière :
"Je suis une citoyenne belge qui lit assidûment votre Chronique qui est remarquable par son analyse à long terme et la valeur de vos collaborateurs. Je n’ai pas l’habitude de répondre car ce qui se passe en France n’est pas toujours valable pour la Belgique mais le sujet ‘la société sans cash‘ est universel !
Nous sommes tous concernés. Et plus que l’on croit !
Je vois dans ma vie de tous les jours une aversion pour le cash… et j’essaie de faire le contraire, ce qui n’est pas toujours facile… A la vue d’un billet de 500 euros ils sont prêts à
appeler la police !
[…] vous qui avez un auditoire de lecteurs avisés ne pouvez-vous pas organiser une pétition, un référendum… que sais-je… afin de contrer ces voyous qui nous gouvernent ?", conclut Y.B.
Eh bien… Si le sujet vous intéresse/vous inquiète, restez à l’écoute : nous n’avons pas l’intention de lâcher un thème d’une telle importance, et nous réfléchissons — Simone Wapler en tête, notamment dans sa Stratégie — à plusieurs axes qui vous permettront de vous protéger… et résister.
A suivre donc — et d’ici là, n’hésitez pas à nous écrire sur le sujet : toutes les remarques, questions ou idées nous aideront dans ce projet.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora