Passons en revue deux placements méconnus qui offrent un rendement supérieur à celui de l’épargne règlementée.
Dans un contexte d’inflation officielle à plus de 5% selon l’INSEE (et certainement à deux chiffres pour le commun des mortels qui ne vit pas sans logement, sans énergie, et sans tabac), les investisseurs sont légitimement à la recherche d’une manière de maintenir le pouvoir d’achat de leurs économies.
Or, il est difficile de trouver des investissements qui offrent une rémunération supérieure à l’inflation.
Il existe de nombreuses manières d’obtenir un rendement supérieur à 5% pour son épargne, mais peu d’entre elles sont réellement passives. L’immobilier locatif, par exemple, est loin d’être une panacée : être bailleur est un métier – pas à temps plein, certes, mais gérer des biens demande du temps et des compétences.
Le crowd-funding immobilier, nous l’avons vu il y a quelques jours, n’est pas une option raisonnable en ce début d’année. Alors que le retournement du marché immobilier n’en est qu’à ses débuts et que les promoteurs commencent à manquer d’acheteurs une fois leurs projets achevés, l’investissement obligataire dans l’immobilier voit son ratio rendement/risque diminuer drastiquement.
Certaines actions françaises offrent des rendements s’approchant des 10% (7,3% pour Axa, 8,1% pour Stellantis et même 9,51% pour BNP Paribas). Mais ces rendements ne sont possibles que parce que ces titres subissent une décote du fait de la méfiance des investisseurs quant à la solidité de leur modèle d’affaires. Avec un CAC 40 revenu sur ses plus-hauts, le risque de correction, donc de perte en capital, est important.
Si l’immobilier et la Bourse ne permettent pas aux investisseurs de protéger leur patrimoine, quels supports permettent encore de compenser l’inflation ? Aujourd’hui, nous passons en revue deux placements méconnus qui offrent un rendement supérieur à celui de l’épargne règlementée, avec des risques acceptables.
Fonds structurés : la sécurité avant tout
Tombés en désuétude ces dernières années, les fonds structurés signent leur grand retour.
Ces produits complexes reviennent à confier des liquidités à un établissement financier qui propose un rendement minimum (ou bonifié par rapport à une référence) et un risque nul (ou réduit) en l’échange du plafonnement du gain maximal. L’actif sous-jacent est souvent un panier d’actions dont l’animation est confiée à l’établissement gestionnaire.
Ce type de placement est idéal pour profiter du dynamisme du marché actions sans pour autant subir un risque de perte total en capital. Il est idéal pour les investisseurs à la retraite ou s’en approchant. Si, pour un jeune actif disposant d’un horizon d’investissement supérieur à 20 ans, le risque de moins-value en Bourse est infime, il n’en est pas de même lorsque l’on espère pouvoir récupérer ou transmettre son patrimoine à horizon 5-10 ans.
Dans ce cas, échanger une partie du rendement potentiel des actions (qui peuvent facilement gagner 20 % sur quelques mois, et doubler sur quelques années) contre une certaine garantie en capital est idéal. Certains fonds structurés vont même jusqu’à garantir totalement le capital investi, demandant alors une immobilisation de l’épargne sur une plus grande durée.
Linxea offre, par exemple, en ce moment un fonds répliquant l’Euro STOXX ESG 40 Decrement 50, dont le gain trimestriel est plafonné à 2,25%, et dont le capital est garanti à l’échéance si tant est que l’indice ne baisse pas de plus de 50% sur la durée.
Plus dynamique, Hedios a ouvert les souscriptions pour un fonds, H Performance 49, qui expose à une perte en capital en cas de baisse de 30% de l’indice de référence (S&P Euro 50 Equal Weight Synthetic 5% Price), mais qui offre en contrepartie un remboursement de l’intégralité du capital investi augmenté d’un gain de 63% si, à la date de constatation finale, l’Indice de référence est en hausse d’au moins 10% par rapport à son niveau initial. Dans l’hypothèse médiane (performance entre -30% et +10%), le capital investi est restitué à la sortie. L’objectif de gain du fonds est de 30% dès la première année, en contrepartie d’un risque de perte en capital.
Globalement, l’investisseur échange du rendement et de la liquidité contre de la sécurité. Ce type de placement est donc à réserver aux investisseurs qui ont une bonne visibilité sur leurs besoins dans les années à venir.
Bien entendu, ces produits structurés ont, en plus du risque de marché lié au sous-jacent, un risque de contrepartie non négligeable. Les performances promises ne sont possibles que si l’émetteur ne dépose pas le bilan, et les événements récents nous rappellent que le monde de la finance n’est pas immunisé contre les faillites.
Osez le financement des infrastructures
Si l’ingénierie financière vous laisse de marbre, une alternative plus tangible est le financement des grands projets d’infrastructure.
Par définition, le financement généraliste apporte un rendement moyen, qui correspond au taux globalement payé par l’industrie pour rémunérer son capital. Pour trouver un rendement supérieur, il faut aller chercher des poches d’investissement qui peuvent se permettre de mieux rémunérer les investisseurs, en contrepartie d’un effort supplémentaire.
Dans le contexte d’incertitude actuel, pas question d’aller chercher du rendement en l’échange de risque comme dans l’obligataire high yield, où la probabilité de défaut plus importante explique la sur-rémunération de l’épargne.
Il est en revanche possible d’obtenir du rendement en l’échange d’un autre type d’effort : celui de l’immobilisation à moyen terme des capitaux.
La mésaventure de la SVB est venue rappeler, après des années d’argent gratuit, que le temps a de la valeur et que les engagements financiers dans la durée ont un coût. Depuis quelques mois, il est de nouveau possible d’obtenir des rendements significatifs en l’échange d’une immobilisation de l’épargne sur une durée fixe, allant de 2 à 10 ans.
De la même manière que les fonds structurés, décrits plus haut, vous permettent d’échanger la liquidité de vos actifs contre de la sécurité, des projets plus industriels vous permettent d’échanger la liquidité contre un rendement supérieur.
Il s’agit de fonds qui financent les grands projets d’infrastructures sociales, les réseaux télécoms, les utilities, ou encore les énergies renouvelables (parcs éoliens, photovoltaïques). La visibilité de ces projets fait que le risque opérationnel est limité ; et ils sont peu soumis aux aléas de marché comme les actions ou l’immobilier.
Ils peuvent souvent être détenus dans une enveloppe d’assurance-vie qui permet, en l’échange de frais de gestion de l’ordre de 1% par an, de profiter d’une fiscalité adoucie sur les plus-values. Certains fonds imposent une durée de détention minimale (typiquement de huit à dix ans) tandis que d’autres limitent les périodes de souscription mais sont plus flexibles sur les modalités de sortie.
Les fonds infra sont généralement basés soit sur une stratégie de financement obligataire, soit sur une entrée au capital des cibles. Certains émetteurs optent pour des stratégies mixtes comme Eiffel Investment Group l’a fait pour son fonds Eiffel Infrastructures Vertes l’année dernière. La performance des fonds de dette d’infrastructure peut atteindre les 6% par an, tandis que les fonds equity offrent des rendements annualisés pouvant atteindre les 8 à 9% (avant frais de gestion).
Pour les investisseurs en mesure de prendre des participations à six chiffres, certains gérants annoncent même des rentabilités-cible de l’ordre de 10% par an sur la durée de vie du fonds.
Alors que le potentiel de baisse des actions et de l’immobilier est conséquent, les fonds structurés et les fonds d’infrastructure font partie des rares véhicules à même d’offrir un rendement supérieur à l’inflation, totalement passif, tout en limitant le risque de perte en capital.