De General Motors à Amazon, en passant par UPS, Target ou Paramount, les suppressions d’emplois se multiplient à un rythme inédit.
Tel un chien somnolent sur un porche ensoleillé, nous entrouvrons un œil pour observer ce qu’il se passe.
John Dienner nous alerte :
« Les licenciements massifs refont la une des journaux. General Motors va supprimer 3 300 postes dans ses divisions de véhicules électriques et batteries, pénalisées par le ralentissement des ventes. Paramount a commencé à procédera une coupe de 2 000 emplois. Target va en supprimer 1 800, UPS 48 000. Amazon en prévoit 30 000, tandis que PwC renonce à son projet d’augmenter ses effectifs de 100 000 personnes. D’autres réductions sont annoncées chez Molson Coors, Rivian ou Booz Allen. Ces vagues de licenciements montrent que les entreprises cherchent désespérément à réduire leurs coûts — et tailler dans les effectifs reste le moyen le plus rapide d’y parvenir. »
Ray Dalio prévoit également d’autres difficultés :
« L’aggravation de la situation actuelle résulte d’années d’excès, comme la consommation excessive d’aliments gras ou le tabagisme tout au long de la vie. Les effets cumulés nous ont conduits là où nous en sommes… et les excès importants qui se profilent pourraient provoquer, dans un avenir relativement proche — disons trois ans, à un ou deux ans près — une véritable crise cardiaque induite par la dette. »
Qz.com rapporte :
« Les défauts de paiement sur les prêts automobiles dépassent désormais ceux sur les cartes de crédit et les prêts hypothécaires, avec un emprunteur sur cinq payant plus de 1 000 dollars par mois pour son véhicule. L’âge moyen du primo-accédant est monté à 40 ans, un record historique, tant les prix et les taux excluent les jeunes adultes de la propriété immobilière. Même le tourisme faiblit : le nombre de visiteurs à Las Vegas a chuté de 9 % depuis le début de l’année, la pire baisse depuis 2008. »
Rien de tout cela n’est une « bonne nouvelle ». Mais de quoi pourrions-nous réellement nous réjouir ? Non seulement l’économie américaine se dirige droit vers une détérioration certaine, mais, de surcroît, les décideurs politiques ne savent jamais vraiment de quoi ils parlent.
Bonne économie ? Mauvaise économie ? Ils ne savent pas faire la différence entre l’une et l’autre.
La raison a été parfaitement formulée par Friedrich Hayek dans La Présomption fatale (The Fatal Conceit) : les autorités fédérales ne disposent tout simplement pas des connaissances fines nécessaires pour prendre de bonnes décisions. Et plus elles tentent de diriger l’économie, plus elles provoquent de dégâts.
Il n’y a pas vraiment de débat à ce sujet : en matière de gouvernement, le véritable secret consiste à « ne pas trop gouverner ».
Les expériences les plus ambitieuses – et les plus catastrophiques – de contrôle intégral de l’économie ont été celles de l’Union soviétique (1917-1991), du Cambodge dans les années 1970 et de la Corée du Nord aujourd’hui. Tout y était administré : le travail, l’habillement, les rapports sociaux. Usines nationalisées, fermes collectivisées, familles réorganisées.
Au Cambodge, après 1975, les Khmers rouges ont poussé cette logique jusqu’à l’absurde. Les mariages forcés servaient à imposer la volonté des dirigeants jusque dans l’intimité.
Et ce n’était rien comparé au reste : les Khmers rouges ont éliminé systématiquement ceux qu’ils considéraient comme des intellectuels. Porter des lunettes suffisait parfois à être exécuté. Les villes ont été vidées, leurs habitants envoyés en marches forcées vers la campagne, où d’anciens comptables ou pharmaciens devaient travailler du lever au coucher du soleil.
Le travail exténuant, la brutalité du régime – tortures généralisées comprises – ont tué un quart de la population, l’équivalent de 80 millions d’Américains aujourd’hui.
L’horreur a attiré l’attention du monde entier. L’économie, en revanche, a sombré dans l’oubli : une fois les communistes au pouvoir, elle s’est simplement évanouie. On ne pouvait même plus dire « l’économie a décliné » : il n’y avait plus d’économie.
Comme le rappelle PressXpress :
« Le 20 mai 1975, Pol Pot expose sa vision économique : ‘Cessez d’utiliser l’argent et éliminez les marchés. S’il y a des marchés et du troc, il y aura des opprimés et des oppresseurs. Par conséquent, le peuple doit cesser d’utiliser l’argent. S’il en utilise, il nous sera très difficile de le contrôler. L’argent engendre la corruption.’ »
Contrairement à l’URSS ou à la Chine, qui conservaient une monnaie malgré leur économie planifiée, les Khmers rouges ont tenté de fonctionner sans argent. L’expérience fut désastreuse. Pol Pot résumait ainsi leur objectif : « Pas de vente, pas d’échange, pas de gain, pas de vol, pas de cambriolage, pas de propriété personnelle. »
Evidemment, personne aux Etats-Unis ne craint d’être envoyé de force en Oklahoma pour cultiver des tomates, ni de voir un dirigeant abolir purement et simplement l’économie de marché.
Les actions américaines ne reflètent pas non plus le risque d’un régime meurtrier décidé à éliminer des millions de diplômés universitaires.
Nos défis, aujourd’hui, sont différents. Mais nous pensons que les marchés ne les ont pas davantage intégrés.
Affaire à suivre….
