▪ Si vous ne lisez pas les journaux, vous risquez de manquer quelque chose. Et bien entendu, si vous les lisez, vous risquez d’attraper quelque chose.
Il ne s’est rien passé qui mérite d’être commenté hier sur les marchés… nous allons donc nous concentrer sur quelque chose qui ne vaut pas la peine d’être commenté… une chose si basse que nous devons creuser pour la trouver… une chose qui vaut si peu que nous avons du mal à imaginer que nous en parlons… une chose qu’on trouve dans les journaux…
Nous parlons bien entendu de politique.
La température grimpe, dans l’orgie politique. On a fait circuler la drogue. Désormais, on commence à se déshabiller…
"La France garde le cap au milieu des bouleversements économiques", titre un article dans l’International Herald Tribune. Garder le cap ? Forcément. Elle continue de subventionner, renflouer, protéger, cajoler et mettre le nez dans toutes les affaires de son économie — exactement comme elle le faisait avant que la crise ne débute. Si elle ne l’avait pas fait, continue l’article, la France n’aurait peut-être pas été la première grande économie à se sortir de la récession mondiale.
D’un autre côté, les Français ne se sont jamais beaucoup endettés… donc peut-être qu’ils n’étaient pas si exposés que ça à la crise de dette mondiale.
Bref. Les journaux ne savent pas quel est le problème, mais ils sont convaincus que l’interférence gouvernementale est la solution.
Dans le Financial Times, Clive Crook halète lui aussi. Il est d’avis que "le ralentissement exigeait des mesures de relance importantes", et que les efforts de relances américains ont freiné une récession pire encore. Il explique ensuite que les relances des autorités US n’ont en fait rien stimulé ; elles n’ont fait que compenser le déclin des dépenses au niveau des Etats individuels. Les revenus fiscaux locaux ont chuté, les Etats américains ont donc moins dépensé. Les revenus ont décliné de 87 milliards de dollars au cours des 12 derniers mois, leur plus grande chute jamais enregistrée. Les autorités fédérales compensent en dépensant beaucoup.
▪ Dans le même temps, le New York Times nous dit que toute cette récession est derrière nous. L’économie est "étonnamment normale", dit le journal.
Il manque 11 millions d’emplois pour que l’économie US revienne au plein emploi. Pas franchement normal. Mais le mois de février a vu une hausse inattendue du crédit à la consommation, rapporte le Times. Et le chômage semble avoir atteint son plus bas, ajoute le Wall Street Journal.
Etonnamment normal ?
Eh bien, il y a une grande différence entre quelque chose qui semble étonnamment, confortablement normal… et quelque chose qui fonctionne vraiment normalement.
Alors quoi ?
Le New York Times a raison ; c’est une économie qui semble étonnamment normale…
Les zombies aussi peuvent avoir l’air étonnamment normal. Pour peu qu’on les lave un peu.