Voici un moment important dans l’année — que dis-je : capital ! C’est le temps du bilan, de l’introspection… et des prospections et stratégies pour l’année à venir ! Vous imaginez la consommation effrénée de boules de cristal (on doit friser la rupture de stock !) et du fameux marc de café sans lequel aucune prévision fiable ne saurait être faite.
Rassurez-vous cher lecteur, je vais quitter ce ton badin pour aborder des choses plus sérieuses, qui ne relèvent ni de la magie ni des sciences occultes. Je ne vais pas vous abreuver non plus de chiffres, de statistiques diverses, de mots savants, mais vous parler tout simplement du résultat de mes cogitations pour l’année 2007.
Un point tout d’abord sur la performance de mes conseils en 2006 : très honnêtement, nous pouvons en être satisfait, et j’espère que vous l’êtes ! Le cumul de nos gains s’élève à 1 057% et notre plus-value brute moyenne est de 26,6% (et de 30,5% si l’on tient compte des dividendes et des intérêts livrets). Cela signifie qu’en moyenne, nous avons soldé nos positions (ou PBP) sur un gain de 26,6% cette année ; je vous rappelle que le CAC 40 gagnait de son côté 17,5% !
Je tiens à souligner également que nous avons soldé 34 positions : toutes ont été gagnantes ! Grâce à une gestion rigoureuse des stops, nous avons donc su préserver nos gains et nos lignes : nous n’avons fait aucune perte cette année, malgré la configuration chaotique des marchés.
Le temps des prévisions
L’année 2006 s’est terminée calmement. Le CAC 40 flirtait à nouveau avec des sommets que l’on n’avait plus l’habitude de voir. Une certaine indécision régnait, que ce soit à Paris ou ailleurs, et chacun semblait attendre le signal du départ. Il est enfin arrivé et nous nous sommes gaillardement lancés à l’assaut des 5 600 points, que nous avons fini par franchir. Dès lors il n’a pas été rare de lire dans la presse grand public que le CAC 40 retrouverait dans l’année les 6 000 points, et même bien mieux. Qui refuserait une telle hypothèse, sauf à être un pessimiste invétéré ? Mais restons lucides.
Ce qui rend l’exercice prévisionnel difficile, c’est que nous ne connaissons pas les évènements qui peuvent se produire, ni leur incidence exacte sur les marchés et sur les investisseurs des différents pays. Nous ne pouvons que faire des suppositions, en fonction de ce que nous savons, ou croyons savoir, et de la façon dont nous appréhendons l’avenir.
Commençons par un état des lieux. Nous savons que : la croissance ralentit aux USA depuis quelques temps déjà ; l’immobilier faiblit nettement dans ce pays ; le chômage danse le tango ; le pétrole bat en retraite à cause d’un hiver particulièrement doux pour l’instant — donc fait l’objet d’une moindre demande –, l’inflation fait des frayeurs au président de la Fed, et par contrecoup à celui de la BCE qui ne quitte pas des yeux les taux… A ce stade, où va-t-on ?
De ma (longue !) expérience de l’économie et des marchés, j’ai donc envisagé plusieurs hypothèses, que voici.
Une hypothèse pessimiste
Un ralentissement de notre croissance, déjà peu vigoureuse, entraînerait fatalement un recul de l’activité et donc des résultats de nos entreprises, les plaçant ainsi en difficulté pour investir. D’où l’enchaînement : hausse du chômage, désaffection des actions et donc recul des marchés boursiers, retour de l’or sous les feux de la rampe.
Dans ce cas, il ne faut pas perdre de vue le point de sortie, et ne pas se poser de questions métaphysiques le moment venu… car à ne pas se désengager assez rapidement, il sera vite trop tard, la Bourse ayant connu ce phénomène à de nombreuses reprises au cours de sa vie agitée. Je pourrai donc résumer lapidairement cette situation à : courage… fuyons !
Si l’hypothèse pessimiste l’emporte, où se trouve le point de sortie ? Ici, je m’appuie sur l’analyse technique : le support des 4 650 points me semble être la limite à ne pas franchir à la baisse, sinon la roche Tarpéienne, toujours aussi proche du Capitole, vous guette. Mais rassurez-vous : il y a des supports intermédiaires (5 450 puis 5 340 points) qui peuvent être, sinon une incitation immédiate à sortir, du moins des signaux d’alarme nous indiquant un redoublement de prudence.
Donc, restez zen.
Une hypothèse plus souriante
Autre possibilité : la croissance mondiale reste bien orientée ; l’inflation ne fait pas des siennes ; les entreprises font des bénéfices sans atteindre, sauf cas particulier, des sommets ; le pétrole navigue autour de 56/58 dollars. Cette conjoncture voit peu d’évènements planétaires propres à déstabiliser fortement les marchés et quelques inquiétudes "habituelles" persistent : les USA continuent leur route chaotique, le dollar reste faiblement quelconque.
Ici une poussée peut avoir lieu, mais de portée limitée. Le niveau 5 800/5 900 points pourrait être la cible à atteindre, et le repli être limité à 5 450 voire 5 340 points.
Et pourquoi pas un peu d’optimisme ?
Voici enfin une stratégie franchement optimiste : une croissance de bon aloi en zone euro ; les pays émergents avancent sans trop d’excès, la Chine et l’Inde réussissant même à contenir leurs rythmes de croissance — elles ne pèsent donc pas excessivement sur les matières premières — ; le pétrole se contente alors d’évoluer dans une fourchette raisonnable. La Fed n’augmente plus ses taux mais les diminue un peu, l’inflation n’étant plus un souci majeur sans pour autant être absente. Les liquidités sont abondantes et cherchent à se placer au mieux, les actions sont très demandées…
Scénario idyllique, je vous l’accorde, mais pas impossible du tout. A ce moment, le CAC 40 passe allègrement les 5 800 points pour aller sur les 6 000 et au-delà. Une cassure nette des 5 600 points annoncerait seulement le signal de la retraite.
Il est bien évident que votre serviteur continuera de vous donner des indications chaque fois que la situation l’exigera, et surtout vous préviendra précisément de la conduite à tenir.
Bien utiliser les stratégies
Nous avons vu les hypothèses mais que faire, alors — et comment ? Je pars du principe que l’on peut trouver des valeurs à acheter dans quasiment toutes les circonstances. Mais je sais aussi que s’entêter est la pire des choses. Donc la sélectivité restera ma règle de base et ce, quelle que soit l’hypothèse retenue. Une bonne valeur dans un secteur trop exposé à une conjoncture instable ou défavorable sera mise de côté — je n’ai pas dit "abandonnée".
En période d’hésitation — ou même franchement négative (la première hypothèse) –, les secteurs trop sensibles sont à éviter ; mais dans une optique long terme, certaines opportunités peuvent apparaître malgré tout. Sauf à imaginer le grand chambardement, tout n’est pas noir d’encre. Je pencherais à ce moment pour les valeurs du tourisme, de la technologie, les para-pétrolières, les fournisseurs d’énergie, des sociétés bien implantées dans les pays émergents, voire des fonds spécialisés… sans oublier l’or bien sûr, qui reviendrait sous les feux de la rampe. Bien évidemment, je n’omettrais pas quelques valeurs de secteurs particuliers (récupération, transformation de métaux, maisons de retraite, sites de rencontres, etc.) qui sont moins sensibles à la conjoncture et permettent une diversification rentable.
Dans les hypothèses plus optimistes, l’alimentaire revient au premier plan, le luxe également et les secteurs financiers redeviennent attractifs. Au final, ma stratégie s’adaptera évidemment à la conjoncture, et vous trouverez dans votre revue la conduite à tenir en toutes circonstances, des choix de placement variés, en ne perdant pas de vue que le bon sens, le sang-froid et le recul sont nécessaires pour réagir "objectivement" en Bourse : autant d’éléments déterminants dans toute prise de décision.
Et maintenant… ne reste plus qu’à passer à l’action !