▪ De plus en plus de gens en arrivent à la même conclusion : le marché haussier est une fraude. Et le système est corrompu. C’est vrai — mais pas pour les raisons qu’ils croient.
Voici le numéro un au hit-parade du « capitalisme tel que nous le connaissons ne fonctionne pas. Dans le magazine Forbes :
« 0,1% des Etats-Unis — c’est à dire environ 315 000 individus sur 315 millions — engrangent environ la moitié de toutes les plus-values sur la vente d’actions ou d’immobilier après un an. Et ces plus-values constituent 60% des revenus enregistrés par la liste Forbes 400 ».
« Il est clair comme de l’eau de roche que la réduction d’impôts sur les plus-values et les dividendes mise en place par Bush en 2003 a été l’avancée politique qui a créé l’immense augmentation de valeur nette pour les dirigeants, les professionnels de Wall Street et d’autres entrepreneurs ».
« La réduction de l’impôts de 20% à 15% a continué la tradition consistant à réduire cette taxe pas à pas pour créer plus de richesse. Elle a d’abord été réduite de 35% à 28% en 1978, à une époque de stagnation boursière et économique. En 1981, au début de l’ère Reagan, elle a été une nouvelle fois réduite à 20% — puis repassée à 28% en 1987, à la veille du 19 octobre et de l’effondrement de 23% du marché boursier. En 1997, Clinton a accepté de la faire revenir à 20%, ce qui a encouragé l’explosion des fonds de couverture et autres sociétés de private equity« .
« Ne vous y trompez pas : la bataille à livrer sur la tentative prochaine de renverser cette réduction des plus-values sera sanglante et intense ».
▪ Il n’y a rien de mal à s’enrichir. Rien de mal non plus à un impôt sur les plus-values de 15%. Mais les gens cherchent un bouc émissaire pour tous leurs problèmes. Et il y a peu de chances qu’ils identifient les vrais coupables. Cela prendrait trop de temps et de réflexion.
Ils montrent donc « les riches » du doigt…
Ils ont raison, évidemment. Le système est corrompu et dangereux. Mais ce n’est pas à cause des 1%, ni même des 0,1%… Ce n’est pas non plus parce que les autorités ont dérégulé. Ni parce que les taux d’imposition sont bas. Ni parce que les dirigeants d’entreprises sont avides. Ni parce que le capitalisme n’est pas à la hauteur.
L’une des grandes déceptions de la crise de 2008-2009, c’est qu’on pouvait se tenir au coin de Wall Street sans risquer de se faire écraser par la chute d’un corps. C’est à peine s’il y a eu des suicides. Peu de gens ont été disgraciés.
On peut expliquer cela en partie par le manque de fenêtres à double battants à Manhattan. Les fenêtres fixes forcent les suicidaires à quitter les rebords de fenêtres pour se glisser dans de sordides toilettes où ils doivent s’ouvrir ignominieusement les veines.
L’autre explication est encore plus simple : tout était truqué.
Comme nous l’avons déjà souligné, si on avait laissé le capitalisme faire durant la crise de 2008-2009, nous n’aurions pas cette conversation. Le Dow serait probablement déjà aux environs des 6 000… et les riches auraient perdu environ 10 000 milliards de dollars en faillites, défauts de paiements, décotes et pertes. Nous ne pourrions pas nous défouler sur Bank of America ou Goldman Sachs — ils auraient probablement fait faillite.
C’est à ça que servent les crises : à séparer les idiots — en particulier les riches idiots — de leur argent. Les riches perdent bien plus que les pauvres… parce qu’ils ont bien plus à perdre.
Rappelez-vous notre théorie des zombies.
Tout le monde veut de la richesse, du pouvoir et du statut.
Et les gens veulent obtenir tout ça de la manière la plus simple possible.
Or la manière la plus simple, c’est de le prendre à quelqu’un d’autre.
C’est ce que fait le gouvernement. Il permet aux riches de s’enrichir… soutenant leurs actions boursières et leurs propriétés immobilières avec des taux artificiellement bas et une masse monétaire extensible. Ensuite, quand les riches vont trop loin, l’Etat les renfloue avec des taux toujours plus bas et encore plus d’ersatz monétaire. Les riches obtiennent leurs dividendes ; les politiciens obtiennent leurs sinécures et leurs contributions électorales ; les classes moyennes perdent leurs emplois, leurs maisons et leur niveau de vie.
Les masses n’essaient même pas de comprendre. Elles savent seulement que la partie est truquée à leur désavantage… et ça les met en colère.
1 commentaire
Oui. J’adhère complètement.
Vous êtes spécialiste, analyste suffisamment détaché du système pour pouvoir faire une telle analyse. Et en plus, vous osez l’écrire. Bravo, et continuez !