** Le dernier empereur de Chine, Pu Yi, adorait le soja. Cette céréale était un élément de base de l’alimentation mandchoue en Chine du Nord. Dans les années 30, un ami brésilien demanda à Pu Yi s’il pouvait rapporter du soja au Brésil. Pu Yi accepta, et les pousses firent leur entrée à Rio de Janeiro.
– Dans le sol riche et fertile du Brésil, le soja se sentit vite chez lui. Au cours des décennies qui suivirent, il devint l’une des céréales les plus importantes du pays. Aujourd’hui, il en est même la principale exportation.
– Il y a donc des racines historiques dans le boom du commerce entre la Chine et l’Amérique du Sud. Le commerce entre ces pays a vraiment augmenté ces dernières années. La Chine, par exemple, importe environ un tiers de sa nourriture d’Amérique du Sud — dont une bonne partie provient des vastes terres agricoles brésiliennes. Et cela ne concerne pas uniquement la Chine, mais également le reste du monde.
– Le Brésil et l’Argentine représentent l’une des rares régions au monde où l’on peut encore acquérir de vastes surfaces de terrain dans un climat tempéré, avec assez de pluies pour soutenir une activité agricole à grande échelle. Les deux pays produisent déjà environ un tiers des matières premières agricoles de la planète. Tout comme la Chine est l’usine du monde, l’Amérique du Sud est devenu son grenier à pain.
– Le Brésil est déjà le plus grand producteur au monde de café, canne à sucre, éthanol et jus de fruit. Il est également dans les premiers en ce qui concerne le soja, le bœuf, la volaille et le tabac. Le secteur agricole brésilien à lui seul a augmenté à un rythme de plus de 5% depuis 1999. Ce n’est vraiment pas mal pour un secteur aussi vaste. L’agriculture représente à peu près 8% de l’économie, emploie un quart de la main d’œuvre et fait vivre huit millions d’entreprises environ. L’Argentine, quant à elle, figure dans le peloton de tête pour ce qui concerne le bœuf et les céréales — per capita, c’est le plus grand consommateur de bœuf au monde. En termes de production de bœuf, le pays suit le Brésil et l’Australie. L’Argentine produit beaucoup de soja, bé, sorgho, riz et avoine. Elle cultive également beaucoup de fruits — citrons, pommes, pêches, poires et bien d’autres choses encore.
** Mais — aussi difficile à croire que cela puisse sembler — il y a un potentiel plus vaste encore. L’augmentation du niveau de vie de centaines de millions de personnes en Chine et en Inde, le changement d’habitudes alimentaires qui en résulte et la demande mondiale de carburants alternatifs provenant de produits agricoles mettent l’Amérique du Sud aux premières loges.
– Les marchés agricoles sont en pleine ébullition, en ce moment. Les cours du maïs, de l’avoine, du soja, du café et du caco sont bien au-dessus de leurs moyennes de ces cinq dernières années. Les prix de la viande et de la volaille sont également en hausse. On peut le constater aussi dans le comportement des entreprises du secteur. Danone a récemment indiqué son intention d’augmenter les prix de ses produits laitiers. Cela suit des annonces similaires provenant de Nestlé, Unilever, Cadbury Schweppes, Kellogg’s et d’autre encore.
– En tant qu’investisseur, je pense que j’aimerais avoir en portefeuille des entreprises fabriquant les choses que tous les autres sont prêts à payer plus cher. Il n’est donc pas difficile de voir pourquoi mon regard se porte vers les terres fertiles d’Amérique du Sud.
– Historiquement, la capacité de production de cette région est sous-développée. Environ 90% des terres fertile et productives du Brésil n’ont pas encore été mises en culture. De même, selon l’Organisation des Nations Unies, les agriculteurs ne cultivent que 3% des terres fertiles d’Argentine. Il reste donc encore beaucoup de terres à accumuler et transformer en exploitations agricoles.
– Ce n’est que depuis une décennie environ que les producteurs, dans ces pays, appliquent des technologies de pointe à la gestion de leurs exploitations. Il en découle une augmentation spectaculaire des rendements. Dans les marchés actuels, les fermiers d’Argentine et du Brésil sont très compétitifs dans le domaine du maïs, du blé, soja, sucre et d’autres produits. En fait, une partie du succès de l’Argentine et du Brésil s’est faite aux dépens des fermiers occidentaux — surtout dans le domaine du soja, par exemple.
** Le Brésil et l’Argentine ont également une autre chose très précieuse : l’eau. L’Amérique du Sud possède environ 26% des réserves d’eau, pour seulement 6% de la population mondiale. L’Asie, par contraste, doit faire vivre bien plus de gens avec ses propres ressources en eau. En Chine, notamment, la majeure partie des réserves d’eau se situe dans le sud, alors que la population vit avant tout dans le nord.
– Quoi qu’il en soit, à lui seul, le Brésil possède 14% de l’eau douce de la planète. Je me rappelle également avoir visité un ranch en Argentine où le propriétaire m’avait fièrement montré comment l’eau jaillissait du sol, depuis des torrents souterrains, pour arroser des acres et des acres de culture. Un bel avantage naturel…