▪ Après trois mois dans l’air raréfié de la haute sierra, nous n’étions pas tout à fait prêt pour la soupe qui nous attendait en plaine. Il fait plus chaud. Il est plus facile de respirer. Mais il y a des choses — nageant dans le bouillon de l’information publique, des actualités et de l’opinion — que nous avons du mal à identifier. Et elles nous donnent un peu la nausée.
Sur les marchés financiers, par exemple, nous attendions un krach sur les actions. Nous attendons. Et attendons. Et attendons. Il ne vient pas.
Il y a aussi le marché obligataire. Bloomberg nous en dit plus :
« Les obligations, au niveau mondial, on perdu 456,4 milliards de dollars de valeur en trois semaines environ. Cela semble palpitant, mais on n’en saurait rien en regardant l’activité de trading.
Les achats et les ventes sur la plate-forme de trading ICAP BrokerTec étaient sous la moyenne annuelle ce dernier mois, et les volumes des bons du Trésor US chez les plus grands courtiers obligataires de Wall Street viennent d’enregistrer leur pire mois d’avril en six ans. Les échanges d’obligations d’entreprises chez ces courtiers ont également perdu 14% en avril par rapport au même mois en 2014.
qu’il ne faut pas grand’chose pour causer une déroute obligataire en ce moment Il s’agit là des dernières preuves en date montrant qu’il ne faut pas grand’chose pour causer une déroute obligataire en ce moment. Les mesures de relance record de la part des banques centrales ont poussé les investisseurs à s’engouffrer dans la dette alors même que les faiseurs de marché se retiraient — une combinaison qui signifie qu’une quantité relativement limitée d’échanges sur 41 000 milliards de dollars d’obligations peut engendrer une perte mensuelle plus grande que l’économie du Venezuela.
[…] Cela signifie qu’il sera de plus en plus difficile, pour les banques centrales, de réduire leurs efforts de relance sans précédent alors que la croissance se raffermit — même si elles le souhaitent de tout leur coeur — sans causer un gigantesque embouteillage d’investisseurs essayant de tous vendre en même temps ».
Euh… oui.
▪ Trop classique pour être vrai
Plus on doit d’argent, moins on a de chances de payer |
Nous ne savons pas si ce krach des obligations va se poursuivre ou non. C’est presque trop classique pour être vrai. Les économistes sérieux — et quiconque ayant un brin de bon sens — ont réalisé depuis des siècles qu’on ne peut pas augmenter la quantité de dette sans en réduire la qualité. Plus on doit d’argent, moins on a de chances de payer.
Pourtant, les banques centrales ont encouragé des dettes partout sur la planète. Elles affirment que ça « stimulera » l’économie, et que la « croissance » qui en résultera permettra de rembourser facilement la dette.
Les affirmations faites au nom de l’impression monétaire n’ont jamais eu de base sensée en théorie… et se sont une fois encore révélées inefficaces en pratique. La Fed américaine a imprimé plus d’argent que jamais — et pourtant cette « reprise » est la plus faible jamais enregistrée. En fait, elle est si faible qu’il est difficile de l’appeler reprise. La seule chose qui se soit reprise, ce sont les prix des actifs boursiers — et ils ne représentent aucune amélioration authentique de l’économie réelle. Qui plus est, ils peuvent corriger à la baisse à tout moment. Et ils le feront !
Des cours gonflés par l’impression monétaire sont fondamentalement factices. Parce qu’ils ne recouvrent aucune création réelle de richesse. Plus ils grimpent, plus ils sont détachés de l’économie réelle… et plus ils sont vulnérables. C’est vrai pour les obligations comme pour les actions. Dans le cas des obligations, c’est, comme nous l’avons dit, classique. On ne peut pas améliorer sa solvabilité en empruntant plus d’argent. Il est donc intrinsèquement absurde que le prix de la dette souveraine grimpe tandis que les emprunteurs coulent de plus en plus profondément… entraînant les investisseurs avec eux.
Tôt ou tard, ils devront tous remonter pour prendre leur respiration.