« Un mystérieux programme informatique qui passait des ordres — pour les annuler ensuite — représentait 4% de la totalité du trafic des cotations sur le marché boursier américain la semaine dernière », rapporte CNBC.
Nanex, une société qui fournit des données de marché — et qui suit le trading haute fréquence avec plus d’acuité que quiconque — a repéré des ordres portant sur environ 500 actions, passées par rafales de 25 millisecondes.
La raison ? Elle est obscure. « Le but ultime de la plupart de ces programmes », suggère CNBC, « est d’enrayer le système de manière à ralentir l’appétence des autres et permettre ainsi aux ordinateurs de trading (avec leurs serveurs hébergés à côté dans les Bourses) de gagner une lucrative opportunité d’arbitrage ».
« Cela montre », explique le directeur de Nanex, Eric Hunsader, « la manière par laquelle une seule personne peut avoir un impact aussi important sur le marché ».
La blogosphère est en ébullition : « les marchés ne sont pas pour nous, ni pour les entreprises honnêtes », voilà ce qu’on lit le plus souvent. « Ils ont été volés par les bandits de Wall Street et sont maintenant utilisés comme un outil pour escroquer tout le monde ».
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Nous n’avons nulle intention de reléguer nos doutes, ni ceux de quiconque, sur Wall Street. Mais en cette fin de semaine, je vous propose de reprendre un peu nos esprits…
▪ Pas de panique !
« La plupart des choses que l’on dit sur le trading haute fréquence relève du pur sensationnalisme médiatique », observe Jonas Elmerraji, l’un de nos traders et techniciens. « Cela fait peur et on pense à un complot, mais en réalité la grande majorité des algorithmes du trading haute fréquence ne sont pas là pour trader contre les investisseurs individuels. Ils existent pour empêcher les investisseurs dans les grands fonds de placement de faire exploser le marché lorsqu’ils ont besoin de faire passer un ordre très gros ».
Jonas prend pour exemple SPY — l’ETF du S&P 500. « C’est le plus grand ETF au monde. Il atteint près de 109 milliards de dollars en actions. S’il a besoin de vendre une position (par exemple, si un titre est sorti de l’indice), il pourrait réellement influer sur les volumes de trading de la journée et détériorer le niveau des prix qu’il obtient pour ses actionnaires. C’est pourquoi les gestionnaires chez SPY utilisent des algorithmes de trading haute fréquence pour s’assurer qu’aucune liquidation pouvant leur nuire ne puisse se produire ».
Considérez également que le mystérieux algorithme n’a exécuté aucun trade. « Cela signifie que par définition », explique Jonas, « cela n’a pas eu d’impact sur le marché — il n’a jamais eu d’effet concret sur aucun de ces 500 titres ».
« En fait, il semble qu’il était peut-être présent pour duper d’autres bots de trading haute fréquence et leur faire passer des trades pourris. Si c’est le cas, alors cela signifie que les investisseurs individuels auront sans doute eu un meilleur comptant que les bots ».
« Je pense que pour mon costume d’Halloween cette année, je vais me déguiser en algorithme de trading. Parmi mes amis, ceux qui regardent CNBC seront terrifiés ! »
▪ Les bonnes heures pour placer votre ordre
Toutefois, le dernier épisode de trading haute fréquence met en lumière un conseil de bon sens.
Les spécialistes du trading de haute fréquence disent que lorsqu’il s’agit de vos propres ordres de vente et d’achat, il vaut mieux éviter les 15 premières minutes de la journée de trading, c’est-à-dire de 9h30 à 9h45, heure des Etats-Unis, et à nouveau entre 9h55 et 10h15, où sont publiés beaucoup de chiffres économiques.
« C’est vrai », reconnaît l’autre membre de notre équipe technique et trading, Greg Guenthner : « de l’ouverture de la séance jusqu’à 10h30, on appelle cette période ‘l’heure des amateurs’ — tout le monde manœuvre pour se placer avantageusement et essaie de deviner quelle est l’humeur du jour. Les données ou les informations qui semblent ‘bonnes’ à 8h du matin peuvent ne pas sembler aussi bonnes par l’ensemble du marché une fois que le trading commence. Les variations des humeurs du début de matinée sont très fréquentes — ce qui est une raison suffisante pour éviter d’acheter à moins d’être un day trader ».
« J’attends toujours jusqu’à 10h pour exécuter un trade », ajoute Jonas, « même si quelque chose bouge contre moi. Parmi les exceptions : les grands noms comme Apple ou GE qui ont un trading très actif en pré-marché, avec des écarts entre offres et demandes très étroits de toute façon ».
Et évitez les ordres de marché. « Il n’y a aucune raison de les utiliser », affirme Jonas.