Au fur et à mesure que les banquiers centraux perdent pied, l’or et surtout l’idée subversive d’étalon-or se fraient un passage dans les grands médias.
Du côté des banquiers centraux un vol de colombes s’est formé. Pour ceux qui ne sont pas familiers du jargon technocratique monétaire, une « colombe » est un bureaucrate prônant le laxisme monétaire par opposition à un « faucon » favorable à la rigueur monétaire.
Inutile d’être un aigle en matière monétaire pour comprendre que les faucons sont une espèce en voie de disparition.
Les colombes roucoulent en zone dollar depuis un moment, tandis que la popularité de la Théorie monétaire moderne selon laquelle les déficits publics n’ont aucune importance gagne du terrain.
En Zone euro, les colombes roucoulaient aussi : la normalisation monétaire est non seulement à l’arrêt mais la création de crédit gratuit pour les banques – les TLTRO – revient à l’ordre du jour.
Puis, il y a eu un petit couac…
De façon en apparence anodine, Mario Draghi a récemment indiqué ceci :
« La Banque centrale européenne doit approuver à la fois les opérations sur les réserves de change [nota : devises étrangères sous diverses formes, droits de tirage spéciaux du FMI ou DTS, apports dans les réserves du FMI et or monétaire] détenues par les banques centrales nationales… et les opérations courantes en devises des États membres supérieures à un certain seuil. Cette compétence a pour objectif d’assurer la cohérence entre le taux de change et la politique monétaire de l’Union. »
Le genre de phrase qui lue après le déjeuner incite plutôt à la sieste. Mais
The Wall Street Journal nous l’explicite et lui donne une tournure nettement moins soporifique. La BCE s’adressait à l’Italie.
Il est revenu aux oreilles de Mario Draghi que les clowns au pouvoir en Italie seraient tentés par des ventes d’or pour boucler des fins de mois difficiles.
Et ça, ce n’est pas bien car ce qui crédibilise encore un peu l’euro après tout le travail de sape effectué depuis 2008, ce sont les réserves d’or de la BCE et des banques nationales.
Pour les banquiers centraux hors Eurozone, conserver une devise dont le taux d’intérêt est négatif est une perspective peu réjouissante.
Justement, en parlant de ces banquiers centraux étrangers, l’accumulation d’or par la Russie commence à faire jaser : un plus haut de cinq ans et moins de dollars en « devises de réserve », …
Enfin, signe supplémentaire du retour de l’or, Bâle 3 permet aux banques commerciales de ne plus immobiliser de fonds propres si elles se constituent une réserve d’or.
Ne rêvons pas, le retour à l’étalon or est totalement incompatible avec le laxisme de la social-démocratie, des États-providence et des politiciens professionnels désireux d’acheter leurs électeurs avec des promesses intenables. Ce retour sera férocement combattu en Zone euro ou dollar.
Mais le retour de l’étalon or – une monnaie physique sans nationalité – tente les pays qui se sentent sous le joug du dollar et ne veulent plus payer ce tribut (regardez vers l’est).
Alors « Théorie monétaire moderne contre étalon-or » : la lutte commence plus rapidement que ce que je pensais.
Lorsque vous contemplez ce graphique à long terme du cours de l’or en euro, avez-vous vraiment l’impression que tout baigne dans le beurre en matière monétaire et financière et que la crise de 2008 est effacée ?
Source Or.fr
Si les colombes se font déchirer par les faucons de l’est et si les peuples « votent mal » aux élections européennes, il est probable que l’or retrouve son niveau de 2012.