"Papa, il faut que je fasse quelque chose". C’est ainsi que commençait une lettre paniquée provenant de l’un de nos enfants.
"Lorsque j’ai changé de statut, j’ai perdu mon assurance santé. Le meilleur contrat que je puisse trouver est à 550 $ par mois. Que faire ?"
"N’achète pas d’assurance", avons-nous suggéré. "C’est une perte d’argent. Simplement, ne tombe pas malade", avons-nous ajouté avec beaucoup de sollicitude.
Un gouvernement a à sa disposition deux manières d’escroquer ses citoyens : la force et/ou la fraude. En ce qui concerne la santé, aux Etats-Unis, il utilise les deux.
A l’époque de Gengis Khan, Attila, César et Napoléon, les choses étaient plus simples. Les peuples étaient conquis. Ils se soumettaient. Les "insurgés" étaient matés. Les maisons étaient pillées. Les jeunes filles étaient déflorées. Ah, c’était le bon temps, avant l’assurance-santé !
Mais même au temps jadis, un homme seul ne pouvait pas maintenir à sa botte toute une population. Il avait besoin d’aide. C’est ainsi que sont nées les élites régnantes, répartissant le pouvoir parmi assez de personnes pour contrôler les forces armées. Il y a des gouverneurs de toutes sortes, mais s’ils ne contrôlent pas l’armée et la police, ils ne tardent pas à être gouvernés par elles.
Le plus beau, avec la démocratie, c’est qu’elle fait croire à l’individu moyen qu’il a été admis parmi les élites régnantes. Il pense qu’en fin de compte, c’est lui qui décide de ce que fait le gouvernement. Naturellement, il mérite une part du butin.
Tout gouvernement est un exercice de vol. Tous les gouvernements prennent à certains — le pouvoir, l’argent, la dignité, la liberté — afin d’attribuer des faveurs à l’élite régnante et à ses clients. Les masses suivent le mouvement sans se faire prier, si elles pensent pouvoir en retirer quelque chose — c’est-à-dire la propriété de quelqu’un d’autre.
▪ Qu’est-ce que tout ça a à voir avec le shutdown ?
Le débat qui a provoqué tout ce cirque au Congrès US concerne la manière dont les soins de santé "gratuits" sont administrés. Approximativement 2 200 milliards de dollars sont dépensés tous les ans aux Etats-Unis — soit plus, per capita, que dans tout autre pays — pour la consommation liée à la santé. On se dispute pour savoir qui obtient l’argent et qui obtient les soins. C’est une guerre zombie, en d’autres termes… dont certains combattants, peut-être, sont moins zombifiés que d’autres. Et pour autant que nous en sachions, personne ne suggère la solution évidente — laisser les gens décider pour eux-mêmes.
Pour gagner les élections, les autorités doivent donner en plus de prendre. Par conséquent, outre la sécurité publique et nationale, elles offrent des soins de santé gratuits, une éducation gratuite, des autoroutes gratuites et des élections libres pour déterminer qui aura quoi.
Pour autant que nous puissions en juger, la majeure partie des sommes dépensées pour les soins de santé aux Etats-Unis est du gaspillage pur et simple. Il suffit de comparer les espérances de vie. La France a un système nationalisé. Il coûte considérablement moins cher par personne que le système américain. La Suisse, la Grande-Bretagne, la Hollande, l’Allemagne — tous les pays développés ont des programmes de santé partiellement ou entièrement gérés par les autorités. Tous dépensent substantiellement moins que les Etats-Unis et tous ont environ la même espérance de vie, voire une meilleure espérance de vie.
Pour prendre un exemple plus extrême, Cuba dépense seulement une fraction de ce que dépensent les Etats-Unis… et pourtant, les Cubains ont une espérance de vie qui n’est guère différente.
▪ Echec… ou réussite éclatante ?
Là encore, vous pourriez être tenté de dire que les autorités ont échoué à créer un système de santé efficace aux Etats-Unis. Vous auriez certainement raison sur ce point, mais vous passeriez à côté de l’idée plus importante : les autorités américaines ont mieux réussi que toutes les autres à transférer la richesse du public vers leurs protégés dans les secteurs de l’assurance et de la santé.
Le but ultime, c’est ce transfert de richesse — pas aider les gens à être en meilleure santé. Si les autorités voulaient vraiment une population saine et un système de santé efficace, elles arrêteraient d’offrir des soins à quiconque est obèse par exemple, ou ne pourrait faire au moins 10 pompes d’affilée.
Vous voyez ? Elles encourageraient les gens à ne pas avoir besoin de soins.
Tel que le système fonctionne actuellement, peu de gens choisiront l’exercice plutôt que les médicaments. Lorsqu’on fait de l’exercice, on paie soi-même les "coûts". Il faut y passer du temps… il faut faire tout le travail. Quand on reçoit des médicaments "gratuits" grâce à Medicaid, en revanche, c’est quelqu’un d’autre qui paie.
Il faut s’y faire : toujours plus de médicaments… plus de drones… et plus de sottises de la Fed pour favoriser le crédit.
1 commentaire
Je lis toujours avec beaucoup d’intérêt les articles de Bill Bonner, mais là je ne peux m’empêcher de trouver que l’exemple des obèses est mal choisi. Il obtiendra sans doute l’assentiment d’une grande majorité de lecteurs (en particulier ceux qui n’ont pas de problème d’obésité) mais il est faux et injuste. Ce n’est pas en faisant des pompes qu’un obèse guérira. Mis à part une petite minorité dont l’obésité est due à une alimentation excessive et l’absence d’activité sportive, le reste des obèses doit son surpoids à des causes bien différentes. Aux Etats-Unis l’alimentation surdosée en sucres est à l’origine d’une bonne partie de ces obésités. Et ce n’est pas la seule cause : malbouffe, pilules inadaptées (cause de la culotte de cheval chez les femmes), … Mais l’image du gros qui est gros parce qu’il ne fait pas assez d’exercice a la vie dure. Ça me rappelle tristement l’intervention d’un professeur de médecine français dans une émission de télé il y a plus de 30 ans qui, ayant filmé un groupe d’adolescents pendant un cours d’EPS, avait constaté que les gros faisaient moins de mouvements que les autres ce qui suffisait à expliquer, selon lui, leur surpoids. Il ne lui était pas venu à l’esprit que ces ados faisaient moins de mouvements parce que leur surpoids rendait ces mouvements plus fatigants. Essayez de faire 10 pompes d’affilée avec une surcharge pondérale de 20 ou 30 kilos.
Quand on parle de santé que ce soit aux Etats-Unis ou dans le reste du monde on ne traite souvent que la partie curative de la santé et c’est malheureux. La partie préventive (identifier et réduire les causes des maladies) est oubliée et c’est dommage. Un exemple simple : tout le monde sait les méfaits de la malbouffe. On ne peut plus prétendre que l’absorption de pesticides dans nos fruits et légumes, ou d’autres produits chimiques dans nos aliments n’ait aucun impact sur notre santé. Mais aucun gouvernement ne semble avoir l’idée de favoriser le développement des cultures bio. Au contraire, notre bonne vieille PAC ne cesse de profiter aux grosses exploitations, à l’agriculture intensive qui appauvrit nos sols et mine notre santé.
Voilà un sujet qu’il faudrait aborder quand on parle du coût de la santé. Si la France avait commencé à soutenir son agriculture bio il y a 20 ans, parlerait-on encore du « trou de la Sécu » ? A ce titre, tous les systèmes de santé ne sont-ils pas des échecs ?