▪ « Tout problème humain est une opportunité d’investissement si vous pouvez anticiper la solution, » m’a dit le vieil homme. « S’il n’y avait pas de voleurs, qui achèterait des verrous ? »
Je viens de faire la connaissance de cet homme remarquable. Il donne beaucoup de conseils avisés sur l’investissement et pourtant il est peu connu du grand public, mis à part un petit groupe de fans. Il s’appelle Thomas Phelps et a eu une carrière éblouissante. D’abord directeur du bureau de Washington du Wall Street Journal, il fut ensuite rédacteur du Barron’s, puis associé dans une maison de courtage, chef du département de recherche à Fortune 500 et, enfin, « partner » chez Scudder, Stevens & Clark (depuis leur rachat par la Deutsche Bank). Phelps a pris sa retraite à Nantuck après une longue et riche carrière de 42 ans sur les marchés.
Tout au long de sa carrière, Phelps a réfléchi à l’investissement. Il a mené une étude passionnante sur les actions qui ont rapporté 100 dollars par dollar investi. Oui, 100-pour-1. Phelps a trouvé une centaine d’actions de ce type, disponibles quelle que soit l’année, que vous auriez pu acheter et qui vous auraient donné un rendement de 100-pour-1 — si vous les aviez gardées.
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Cela fut notre principal sujet de conversation : la clé n’est pas seulement de trouver ces actions mais aussi de les garder. Sa conclusion peut être résumée par cette phrase : « Acheter à bon escient et garder. »
« Il ne faut pas se voiler la face, » dit-il, « une grande partie de l’investissement est comparable à l’instinct qui fait qu’un poisson mord à l’hameçon parce qu’il bouge. » Les investisseurs, eux aussi, mordent à tout ce qui bouge et ne peuvent rester accrochés à une action qui ne va nulle part. Ils perdent également patience avec une action qui va dans une direction qui ne leur convient pas. C’est pour cela qu’ils multiplient les trades… et ne profitent jamais des rendements réellement exceptionnels.
Les investisseurs sont accros à l’activité. C’est le fondement même de Wall Street. Les médias l’alimentent, en faisant croire que des événements importants ont lieu tous les jours. Des centaines de millions d’actions changent de main à chaque séance.
Mais les investisseurs ont besoin de faire la distinction entre activité et résultats. « Lorsque j’étais enfant, un charpentier qui travaillait pour mon père a fait cette sage observation : ‘Beaucoup de copeaux ne font pas un bon ouvrier.' » Comme vous pouvez le voir, Phelps est un homme imprégné de la sagesse populaire.
Il continue : « On a si profondément ancré dans la tête des investisseurs l’idée absurde de mesurer la performance trimestre par trimestre — voire même année par année — que beaucoup d’entre eux deviennent fous si un conseiller d’investissement ou un gestionnaire de portefeuille ne parvient pas à se débarrasser d’une action qui a mal performé pendant plus d’un an ou deux. »
Que devraient alors faire les investisseurs ? Se centrer sur l’entreprise, pas sur les cours du marché. Phelps cite les histoires financières de plusieurs entreprises — bénéfices par action, ROE, etc. Aucune valeur d’action. Après un exemple, il demande : « Est-ce qu’un businessman qui voit seulement ces chiffres entrerait ou sortirait de l’action ? J’en doute. » Mais si les investisseurs se contentent de ne rien faire, ils seront riches.
Et c’est cela l’essentiel. Phelps est contre l’idée de vendre les bonnes entreprises.
Il raconte comment son ami Karl Pettit — un industriel, inventeur et investisseur — a vendu ses parts d’IBM, il y a plusieurs années, pour lancer sa maison de courtage. La vente de ses actions lui a rapporté un million de dollars. Aujourd’hui, elles vaudraient deux milliards de dollars — plus que ce qu’il n’a jamais gagné avec son entreprise.
Phelps m’a également raconté comment il a vendu ses actions Polaroid pour payer à son médecin la note salée de 7 415 dollars en 1954. « Voici la confirmation de la vente, » me dit-il — il la garde en souvenir de sa bêtise. Moins de 20 années plus tard, ses actions Polaroid valaient 843 000 dollars. C’est cher la visite du docteur.
Phelps s’élève également contre le timing de marché. Il explique qu’il a prédit plusieurs marchés baissiers tout au long de sa carrière. « Pourtant, je serais beaucoup plus riche si au lieu de prévoir correctement un marché baissier, j’avais profité du déclin pour essayer de trouver des actions qui transformeraient 100 00 dollars en un million de dollars. »
Du fait de son entêtement, il a raté des opportunités qui ont offert un rendement de 100-pour-1. « La fumée des marchés baissiers altère notre vision, » dit-il ; elle nous aveugle pour acheter des opportunités si nous sommes trop attentifs au timing de marché.
« Quiconque se sert de l’épée périra par l’épée » ajoute-t-il. « Lorsque les investisseurs expérimentés désapprouvent de jouer avec les variations de prix sur les marchés, ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas l’argent mais parce qu’à la fois l’expérience et l’histoire les ont convaincus que les fortunes qui durent ne se construisent pas de cette façon. »
La suite mardi…
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[…] Vendredi, j’avais commencé à vous exposer les idées de Thomas Phelps, voici la suite. […]