▪ Un Cygne noir à l’horizon, cher lecteur — et il n’est pas loin. Il ne s’agit ni de la Russie ni du Proche-Orient, pas même de la Chine ou de la Corée du Nord…
… mais de la Suisse.
Oui oui, notre paisible voisin détient l’avenir de l’Union européenne entre ses mains. Une situation paradoxale considérant que la Suisse ne fait pas partie de ladite Union… qu’elle a préféré rester en dehors de la Zone euro… et que la neutralité reste l’un de ses principes fondateurs.
Et pourtant, comme l’explique Simone dans le dernier numéro de La Stratégie de Simone Wapler, la prochaine fois que les Suisses iront aux urnes, cela pourrait avoir des répercussions considérables sur notre avenir :
"Le 30 novembre prochain, en Suisse, se dérouleront trois votations. L’une d’elle porte sur la politique monétaire de la Banque nationale suisse, la BNS. S’il passait, le projet de loi imposerait à la BNS de 1) rapatrier l’or en réserve détenu à l’étranger (Etats-Unis), 2) avoir 20% de ses réserves monétaires en or et 3) abandonner le principe de parité fixe du franc suisse par rapport à l’euro".
"Cette votation pourrait donc avoir des conséquences très importantes sur le marché de l’or et sur les taux d’intérêt auxquels emprunte la France. En effet, si les Suisses se prononcent pour ce projet, notre pays perdra un gros acheteur de sa dette publique (je vous rappelle que près des deux tiers de la dette publique de la France sont aux mains de l’étranger). Les conséquences, vous les connaissez déjà : hausse des taux d’emprunt, explosion du budget, mise en difficulté des banques et des assureurs, déstabilisation de l’euro".
▪ La question que vous vous posez à ce stade est sans doute : "quelles sont les chances que cela se produise ?"
Elles sont limitées, certes… mais réelles. Et comme toujours lorsqu’on envisage un risque, il faut tenir compte des probabilités qu’il se produise mais aussi de ses conséquences potentielles. Or dans le cas présent, les conséquences seraient dévastatrices :
"Bank of America estime que la BNS possède 130 milliards d’euros de dettes souveraines de pays européens", continue Simone. "Il est très probable que les titres allemands et français soient majoritaires : ce sont les grandes signatures de l’Eurozone ; la Belgique, l’Autriche, la Hollande sont par comparaison de petits émetteurs".
"[…] Vu du côté français, 64,5% de notre dette est détenue par des non-résidents. Il est probable que la Suisse a été récemment un gros acquéreur de dette publique made in France et que nous lui devons en grande partie la faiblesse actuelle de nos taux d’emprunt. Notre déficit supérieur à 4% du PIB (qui est voisin de 2 000 milliards d’euros) nous conduit à être le plus gros émetteur de dette de l’Eurozone, avec 80 milliards d’euros à trouver annuellement. Ces 25 milliards représentent une proportion importante de 80 milliards. Qui va financer nos déficits ? Ni les Américains, ni les Japonais. Les Allemands ? Les pays qui nous vendent du pétrole ?"
Le spécialiste du risque financier Jim Rickards — dont vous allez beaucoup entendre parler dans les jours qui viennent ; restez à l’écoute… parce qu’à la rédaction, nous travaillons d’arrache-pied à un projet exceptionnel — classe la Suisse parmi les 30 facteurs qui pourraient déclencher une avalanche économique sans précédent.
Alors si je peux vous laisser sur un conseil, cher lecteur, ce serait celui-ci : surveillez la Suisse… suivez les recommandations de Simone… et gardez un peu d’or. On ne sait jamais…
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora